Le nettoyage d’automobiles devient ultra écolo

1,2 M€ont été nécéssaires pour construire cette station de lavage. (Droits réservés)

Implantée à Saint-Alban, CocoonAuto a développé un concept écologique autour du lavage d’automobiles. Une première en France.

L ’entreprise, spécialisée dans le nettoyage d’automobiles pour particuliers et entreprises, sortie de terre en janvier dernier à Saint-Alban, a fait le pari fou de créer un concept écologique, et de mettre l’humain au cœur de sa démarche, avec la réinsertion de personnes en situation de handicap. « Vers mes 45 ans, je voulais donner du sens à mon métier, à ma vie. Deux valeurs me sont alors apparues fondamentales, l’aspect social et écologique. Je me suis testé pendant cinq ans, dans des pays en voie de développement, auprès des Restos du Cœur, pour savoir si c’était une démarche qui me faisait vibrer ou juste une belle aspiration sans lendemain. Finalement, je me suis lancé », explique Claude Paris, le PDG de CocoonAuto, qui a opté pour le modèle de l’économie sociale et solidaire.
Ce quinquagénaire, qui n’en est pas à sa première aventure entrepreneuriale, dirige en parallèle une entreprise spécialisée dans l’informatique et a racheté en 2010, Sineo, une licence de marque spécialisée dans le lavage automobile à destination des concessionnaires, avec pour objectif la réinsertion de personnes en difficulté. « Avec CocoonAuto, je souhaitais pousser le concept beaucoup plus loin et montrer que dans n’importe quel secteur économique, il est possible d’avoir une approche qui inclut le respect de l’homme et de la nature. Aussi, l’économie sociale et solidaire devrait être une alternative crédible à l’économie traditionnelle. La maximisation de la productivité, c’est important, mais il existe aussi d’autres priorités ».

LA PHYTOÉPURATION : SOLUTION INÉDITE

Trois ans et demi et 1,2 M€ de financements auront été nécessaires à cette entreprise pour démontrer que le nettoyage d’automobile peut aller de pair avec l’écologie : les produits de lavage utilisés sont biodégradables et l’eau est au cœur de sa démarche environnementale. Aujourd’hui, si le marché français privilégie les rouleaux et les nettoyeurs à haute pression, l’entreprise a misé sur l’installation d’un tunnel de lavage long de 15 mètres. « 70 % des stations allemandes en sont équipées contre moins de 3 % en France. Cependant, cette technologie provenant d’outre-Rhin consomme 300 litres d’eau par véhicule. L’objectif sera prochainement d’atteindre 300 véhicules par jour ce qui représente une capacité de 30 m3 d’eau ». Au vu d’une consommation d’eau colossale, l’entreprise s’est donc dotée d’un bassin de phytoépuration de 200 m2 pour tenir ses promesses. « Il s’agit d’un retraitement d’eau par les plantes. L’eau est même potable à sa sortie. Nous sommes la seule station de lavage en France à bénéficier de cette installation en circuit fermé », explique le dirigeant avant de poursuivre. « Il était impensable de rejeter tous ces litres d’eau dans la Garonne alors que l’écologie est notre cheval de bataille. En effet, la législation impose un débourbeur mais tout le reste va dans le fleuve et nous avons l’interdiction de nous connecter aux eaux usées. Ainsi, j’ai trouvé une étude, menée par une université espagnole et soutenue par le gouvernement, afin d’utiliser la phytoépuration fermée pour le lavage de camion. Je l’ai récupéré et l’industriel Phytoserpe (basé à Maugio, dans l’Hérault, NDLR) a adhéré à mon idée, une première en France ».

L’entreprise a également poussé sa stratégie en concevant un jardin en permaculture, un verger et des ateliers
« Les clients sont sensibles aux valeurs que nous promouvons. L’idée n’est pas juste de venir faire nettoyer sa voiture mais de partager d’autres expériences, d’où notre nom ». L’entreprise, qui emploie cinq collaborateurs dont trois en situation de handicap, espère accueillir 25 salariés d’ici cinq ans et atteindre un CA de 2 M€. Pour l’heure son objectif est de consolider son modèle, qui inclut un management participatif « Nous avons fait appel à une société extérieure pour établir des formations et des entretiens individuels pour nos managers. La prochaine étape est d’impliquer tous les salariés dans la codécision ». L’entreprise souhaiterait à l’avenir étendre son savoir-faire. « Le modèle est duplicable concernant la technique, le principe, l’organisation. Nous sommes prêts à accompagner des porteurs de projet pour exporter ce modèle, mais nous ne parlons pas de franchise », conclut le PDG.