Sapeur pompier professionnel, le musher aubois qui s’entraîne dans la campagne près de Piney, est vice-champion du monde de course de chiens de traîneau.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est bien l’Aubois Nicolas Menerat qui, en février dernier, a été sacré vice-champion du monde de course de chiens de traîneau, le département n’étant guère réputé pour ses pentes enneigées et ses hivers rigoureux…
« J’ai toujours aimé les animaux, les chiens notamment. Je réalise en quelque sorte un rêve d’enfant. Je me souviens que j’étais alors fan du film Croc-Blanc », relate-il. De là à imaginer qu’il aurait un jour une meute de chiens (il en a neuf aujourd’hui), il y avait cependant un grand pas à franchir. Il aura d’ailleurs fallu le hasard d’une rencontre avec un passionné aubois de course de chiens de traîneau pour que germe dans son esprit l’idée de devenir musher. Et le fait de pouvoir s’entraîner sur les grandes distances en parcourant les chemins de la plaine auboise sera finalement un atout que n’offre pas forcément la montagne.
SPORTIF DANS L’ÂME
Né à Troyes en 1985, le jeune champion n’avait que quatre ans lorsqu’il s’est mis au hockey sur glace. Un sport qu’il pratiquera pendant une quinzaine d’an- nées. À quelques mois de passer son BAC d’électrotechnicien, il décide de s’engager chez les Pompiers de Paris. Il y restera cinq ans, jusqu’en 2008, avant de revenir dans l’Aube et travailler dans un site de déchets nucléaires comme pompier industriel.
À cette même période, il est également pompier volontaire et bénévole à la SPA. « C’est en 2009 qu’est arrivée Tornade, une petite chienne berger allemand croisée husky. Nous l’avions récupérée amaigrie. Après l’avoir soignée, j’ai décidé de l’adopter. C’était ma première chienne. Elle va avoir 11 ans », explique le passionné.
« J’ai alors appris par un copain – propriétaire d’un chien husky – l’existence dans l’Aube du club Tamassé, le club des chiens nordiques de l’Aube. J’ai tout d’abord été étonné qu’il existe ici un club de chiens de traîneau. Et après cette première réaction, j’ai accepté de le suivre quand il m’a proposé d’essayer le cani-VTT avec ma chienne. Cela m’a plu énormément. Et j’ai aussi pu observer que la chienne s’épanouissait vraiment », se souvient Nicolas Menerat. Après mûre réflexion – il a laissé passer une bonne année –, il finira par se décider en 2011 à acheter un chien de race Malamute d’Alaska, puis un deuxième six mois plus tard. « J’avais attrapé le virus, observe-t-il. J’ai commencé alors à les atteler avec un kart, ici en plaine, ainsi qu’avec un vieux traîneau en bois lorsque j’allais à la montagne ».
UN QUAD POUR TRAÎNEAU
Ce sport requiert une bonne condition physique de tout l’équipage, à savoir le musher, d’une part et les chiens, d’autre part. Lorsqu’il s’entraîne avec ses chiens, sur les longs chemins de plaine aux abords de Piney, dans l’Aube, Nicolas Menerat utilise un kart ou un quad. Ou plus exactement deux quads, un avec moteur et l’autre sans. « Je varie les entraînements. Pour le renforcement musculaire des chiens, j’utilise un quad à moteur, dont je n’utilise pas le moteur. Le fractionné consiste à courir avec le moteur pendant un à deux kilomètres et à leur imposer une vitesse donnée, plusieurs fois. Je travaille l’endurance avec le quad sans moteur. Celui-ci me sert aussi pour la récupération après l’effort. Les chiens tractent et courent alors comme ils veulent », explique-t-il.
Dans le lotissement où il habite, il dispose également d’un enclos de 8000 m2 : « Ils y ont de la place pour jouer. Je m’en occupe matin et soir. Les nettoyer, les nourrir, c’est du boulot. Je réalise également les soins courants. Ce qui me permet de ne faire appel au vétérinaire que lorsque je suis dépassé… Tout cela a un coût mais c’est une vraie passion », ajoute le dynamique Aubois.
DÉBUT DE LA COMPÉTITION EN 2014
Devançant onze autres équipages avec deux de ses chiens, Nicolas a décroché au début de l’année 2014, à Cuvery dans l’Ain, le titre de champion de France en Sprint neige malamutes.
Cette année-là également, il décide de prendre son premier chien Samoyède, ou Esquimau de Groenland. Il participera à la première édition de la Vercors Quest, une épreuve par étapes de 150 km sur quatre jours, réunissant près de 80 mushers. « Je voulais à l’origine courir les longues distances. En 2018, je suis parti à l’aventure en République Tchèque pour le Sedivakuu Long, une course de 224 km en 4 jours, avec 7 000 mètres de dénivelé positif ».
POMPIER PROFESSIONNEL DEPUIS 2016
Parallèlement à sa passion, Nicolas exerce depuis 2016 le métier de pompier professionnel au centre de secours de Troyes. Un métier également très prenant…
Dans le courant de l’année 2018, des changements dans sa vie personnelle ont également amené le musher aubois à s’organiser différemment : « C’est devenu plus compliqué de s’entraîner pour des courses longues distances. J’ai alors opté pour le sprint, car un entraînement de deux heures, c’est plus facile à gérer dans une journée. C’est un autre plaisir. C’est un peu comme si un coureur à pied passait du trail au sprint. Cela m’a réussi », se félicite le sportif aubois qui, pour sa première compétition internationale, est monté sur la deuxième marche du podium. « C’était un peu étrange d’être confronté à des gens qui ont l’habitude des compétions internationales. Ils ont des sponsors et arrivent avec un staff complet », observe le sportif aubois.
Il ne lui reste plus qu’à continuer de s’entraîner sur les 60 kilomètres de chemins que lui offre la plaine des environs de Piney. Et, pourquoi pas, gravir une marche supplémentaire lors des prochains championnats du monde de chiens de traîneau, programmés en Autriche en 2020. Il s’attelle d’ailleurs actuellement au dressage d’un nouveau chien de tête. Histoire d’être encore plus rapide.