Nicolas VillenetLe « Monsieur Santé » des Ardennes

Nicolas Villenet.

Délégué territorial de l’ARS dans les Ardennes depuis 2016, Nicolas Villenet, 43 ans, a vécu durant près de trois mois la période la plus intense de sa carrière professionnelle.

Né à Reims, Nicolas Villenet a passé sa scolarité dans le quartier Maison Blanche avant de préparer son baccalauréat au Lycée Jean XXIII. « Passer par ce lycée fut un élément déterminant car j’y ai acquis une bonne méthode de travail pour ma vie future ».

Doté d’un bac C, Nicolas Villenet entre en septembre 1994 à la faculté de médecine de Reims pour un bail de neuf ans : six ans en premier et deuxième cycle et trois ans d’internat. Tout en cumulant, les huit premières années, différents petits emplois pour se nourrir et subvenir à ses dépenses. « Etant issu d’un milieu modeste, j’ai dû travailler parallèlement à mes études. Comme animateur de colonie de vacances par exemple, en compagnie de mon père, directeur, ma mère, infirmière et ma grand-mère, cuisinière. C’est là que j’ai appris le vivre ensemble et les valeurs du travail d’équipe.

J’ai aussi fait les vendanges, une mission de magasinier chez Leclerc, agent d’entretien à la clinique Saint-André de Reims, du soutien scolaire à des collégiens ou de répétiteur pour victimes de traumatismes crâniens au centre de recherche d’étude et de formation ».

UN SOLIDE BAGAGE

Côté études, Nicolas s’attelle à engranger le plus grand nombre de connaissances en multipliant les diplômes. En médecine d’urgence et générale, en urgence pédiatrique, biostatistique, échographie, pédagogie médicale. Il passe aussi sa capacité en médecine d’urgence et de catastrophe et un Executive Master en Gestion et Politiques de Santé à Sciences Po Paris et enfin, une formation de médecin inspecteur en Agence Régionale de Santé, à Rennes. Il est par ailleurs directeur de cinq thèses.

Durant cette période, il effectue aussi un stage de trois mois en Angleterre en qualité de « non resident medical student » au sein du service de maladies infectieuses de Leeds. Ce qui lui permet de parfaire l’acquisition de la langue anglaise et ainsi, de pouvoir lire sans traduction les études scientifiques internationales.

« Ce parcours fut une course d’enrichissements extraordinaire. J’ai toujours voulu suivre des formations complémentaires pour maîtriser au mieux mon métier et me sentir ainsi en capacité de m’occuper pleinement des patients qui me confiaient leur santé et parfois leur vie. Cela m’a permis d’être performant lors de mes premières interventions professionnelles ».

Et cela dès 2005, lorsqu’il devient urgentiste travaillant alors sur les accidents de la route ou au centre 15 comme médecin régulateur. « Dès mon entrée dans la vie active tant à l’hôpital d’Epernay que de Troyes, j’ai tout de suite été dans le feu de l’action : de la prise en charge dans l’Aube d’un adolescent de 16 ans qui avait arrêté de respirer (ce qui nécessita des gestes techniques avant son transport en hélicoptère à Reims) à un accouchement au petit matin dans une ambulance ».

Après avoir été responsable du Centre d’Enseignement des soins d’urgence de l’Aube, Nicolas Villenet devient, en septembre 2011, conseiller médical à la direction de l’offre sanitaire de l’Agence Régionale de Santé de Champagne-Ardenne puis du Grand Est.

DOUZE NOUVELLES MAISONS DE SANTÉ ET LA FUSION DE QUATRE HÔPITAUX

Après avoir exercé cinq ans comme conseiller du directeur, ce père d’un enfant devient en juin 2016 délégué territorial des Ardennes de l’ARS Grand Est, à la tête d’une équipe d’une vingtaine de personnes.

« Mon rôle est de mettre en œuvre la politique du gouvernement dans le domaine de la santé, d’observer les besoins du territoire, d’écouter la population et de répondre aux besoins émanant du terrain en donnant les outils nécessaires à la meilleure stratégie ».

Sous son impulsion, les Ardennes sont ainsi passées de quatre à seize maisons pluri-professionnelles de santé. Par ailleurs, Nicolas Villenet a été à l’origine de la fusion des hôpitaux de Charleville-Mézières, Sedan, Nouzonville et Fumay en une entité unique baptisée Centre Hospitalier Intercommunal du Nord Ardennes, qui sous l’acronyme CHINA, regroupe près de 3 000 employés.

« Cette union permet de répartir plus harmonieusement les rôles entre les différents sites tout en attirant plus facilement des médecins ». Le « Monsieur santé » des Ardennes a aussi développé quatre contrats locaux de santé et facilité l’accueil d’internes de médecines belge.

« LE COVID : UN ÉVÉNEMENT TRÈS MARQUANT »

En mars 2020, Nicolas Villenet a dû faire face à l’imprévu avec la propagation du coronavirus. « Ma formation en médecine de catastrophe et de gestion de crise et aussi d’urgentiste m’avait préparé à cela. Dès le mois de février, j’ai envoyé un message d’alerte et des consignes aux établissements de santé et médico-sociaux pour les aviser des mesures particulières à prendre et la façon d’utiliser les équipements ».

Lors de cette crise sanitaire sans précédent, le délégué territorial de l’ARS fait des points d’échange avec le Préfet, les élus locaux et les parlementaires mais aussi les directeurs d’établissements sanitaires publics et privés, afin de répercuter les consignes nationales et répondre aux questions posées par les professionnels de santé et les 449 maires lors de live chat ou audioconférences. Il constitue surtout un stock vital de matériels spécifiques de protection pour les professionnels des Ehpad, mais aussi pour les médecins, dentistes et infirmiers ainsi que les salariés des soins à domicile non ciblés par le niveau national.

« Il y a eu des moments de tension parfois très intenses, quand nous avons vu le stock de masques s’amoindrir et le ravitaillement ne pas arriver. Mais, au final, nous n’avons jamais été en rupture d’approvisionnement. L’excellente coordination entre les acteurs du territoire et des prises de décisions rapides ont assuré le succès de la gestion de crise. Tout s’est fait en bonne intelligence. Par ailleurs, mes agents ont su se reconfigurer en se projetant sur le terrain pour répondre efficacement aux besoins. Dans l’intensité de l’action, j’ai vu une administration très polyvalente et agile. Des femmes et des hommes entièrement centrés sur leur mission pour répondre efficacement à l’angoisse de la population. Cette dynamique de groupe m’a permis de me sentir fort et capable de faire face à la situation. Ici, seuls 6 Ehpad sur 30 ont été touchés par le COVID 19 tout en donnant accès aux tests au plus près des territoires ».

« Le sentiment d’accomplissement ne vaut que s’il est partagé. Il y a eu un véritable élan de générosité ». Nicolas Villenet s’est senti bien à sa place tout en constatant que la solidarité ardennaise n’était pas un vain mot.

Parcours

1977 Naissance le 7 mai à Reims.
2005 Le 20 mai, jour de la soutenance de sa thèse de médecine portant sur la recherche de l’insuffisance rénale liées aux produits de contraste (latrogénie).
2011 Entrée, le 1er septembre, à l’Agence Régionale de Santé.
2016 Nommé délégué territorial de l’ARS, dans les Ardennes.
2020 Le 7 février, envoi du premier message avec alerte et consignes aux établissements médicaux et sociaux ardennais à propos du coronavirus.