Le meltblown bientôt fabriqué dans le Nord Franche-Comté

Le meltblown reste à ce jour le meilleur élément filtrant dans le cadre de la lutte contre des virus comme la Covid-19. Son niveau de filtration pourrait toutefois être amené à servir dans d’autres domaines pour des liquides ou encore des gaz.

Face à la crise sanitaire et pour répondre à une volonté de relocalisation, un industriel régional a choisi de se lancer dans la production de meltblown, la matière filtrante indispensable aux masques chirurgicaux, FFP2 et FFP3. La société Meltblo France en produira dès 2021 depuis Montbéliard.

Alors que la crise sanitaire persiste et que le port du masque s’est démocratisé dans les lieux publics et les entreprises du territoire, Nicolas Burny s’est lancé dans la production de meltblown en créant sa société à Montbéliard (Doubs). « Meltblo France a été créée en juin et sera, au démarrage, entièrement dédiée à la production du média filtrant présent dans les masques chirurgicaux et de type FFP2 et FFP3, explique-t-il. Dans un masque, il y a les couches apparentes (comme le montre l’illustration ci-dessous, Ndlr). La couche bleue à l’extérieur et la couche blanche en contact avec notre visage, et entre ces deux couches, il y a un filtre, le meltblown ». Conçu à partir d’extrudat de polypropylène, un dérivé du pétrole, extrêmement fin (un à deux microns), le meltblown est produit sous la forme d’un voile de 20 à 25 grammes au mètre carré. « Ce sont ces bobines que nous commercialiserons et qui seront retravaillées ensuite chez nos clients pour en faire des masques, notamment, capables de stopper des virus comme la Covid-19. »

CINQ CENTS TONNES DE MELTBLOWN PAR AN

Au total, Meltblo France sera en capacité, dès le printemps 2021, de produire jusqu’à 500 tonnes de meltblown par an, soit l’équivalent de 500 millions de masques chirurgicaux ou de 200 millions de masques FFP2. « Aujourd’hui, nous avons bien avancé les discussions avec un certain nombre de clients afin de sécuriser presque deux années de commande », confie Nicolas Burny. L’entreprise qui devrait prendre place dans le Technoland II, entre Belfort et Montbéliard, compte recruter une vingtaine de collaborateurs. « Aujourd’hui, nous sommes sur des bases de polypropylène, mais nous travaillons déjà avec un certain nombre de nos clients sur des développements afin de produire des produits à termes biodégradables. Nous anticipons le futur et travaillerons aussi, avec notre ingénieur R&D, au développement de nouvelles applications du meltblown, comme la filtration de liquides ou de gaz », détaille-t-il.

TRENTE ANNÉES D’EXPÉRIENCE DANS LES NON-TISSÉS

À l’origine de ce projet, Nicolas Burny n’imaginait pas créer sa propre ligne de production. « Quand j’ai vu arriver la crise, je me suis rapproché de l’agence de développement économique du Nord Franche-Comté (ADN FC) pour trouver un investisseur, en vain. » Fort d’une trentaine d’années d’expérience dans le domaine des non-tissés, l’industriel s’est spécialisé, il y a huit ans dans le conseil aux entreprises du domaine, avant de créer, en 2018, une plateforme B to B de mise en relation des acteurs, producteurs et utilisateurs de
non-tissés à travers le monde (e-nispe.com). Après avoir travaillé trois mois avec la direction générale des entreprises pour fournir en meltblown les fabricants français de masques, Nicolas Burny a pris la décision de monter son dossier pour répondre à l’appel à manifestation du gouvernement. « Au total, le projet représente un investissement de 4,5 millions d’euros dont 30 % proviendront de subventions directes de l’État. La région Bourgogne Franche-Comté a décidé de nous octroyer 1,1 million d’euros (sur la base du régime d’aide temporaire relatif aux investissements liés à la lutte contre la Covid-19, Ndlr) et le reste sera financé par mon épouse et moi-même, co-actionnaires, avec l’accompagnement des banques régionales partenaires », développe l’industriel. Avec le soutien d’ADN FC et de l’Agence économique régionale (AER), Meltblo France participe
ainsi à la relocalisation d’une activité stratégique.