Le Meett reste (désespérément) vide

Les 300 exposants de la Foire de Toulouse ont dû plier boutique.

La pandémie fait une nouvelle victime: le nouveau parc des expositions et centre de conventions de Toulouse.

Au terme de quatre ans de travaux et 310 M€ d’investissements, le Meett, nouveau parc des expositions et centre de convention de Toulouse, après seulement trois semaines d’exploitation, reste désespérément vide. Pour freiner la propagation jugée trop rapide de la pandémie de Covid-19, le préfet a en effet pris la décision le 14 septembre d’abaisser la jauge des rassemblements autorisés en Haute-Garonne, réduite de 5 000 à 1 000 personnes. Un coup dur pour la foire internationale de Toulouse qui devait s’ouvrir cinq jours plus tard le 26 septembre au Meett. Premier grand rendez-vous accueilli par le nouvel outil d’attractivité de la métropole, la foire a été annulée et d’autres événements prévus au Meett risquent de subir le même sort. Pour Patrice Vassal, le directeur de Toulouse Événements, filiale toulousaine de GL Events, gestionnaire du Meett, c’est « l’incompréhension ». L’entreprise, qui exploitait déjà l’ancien parc des expositions sur l’ile du Ramier, gère également le centre de congrès Pierre Baudis et les Espaces Vanel à Toulouse, soit quelque 250 événements par an. L’entreprise, qui réalise près de 17 M€ de chiffre d’affaires (11 M€ pour l’exploitation de l’ancien parc des expositions, 4,5 M€ pour le centre de congrès Pierre Baudis et 1,2 M€ pour les espaces Vanel), connaît, comme l’ensemble des entreprises du secteur de l’événementiel, de grosses difficultés depuis le début du confinement. L’activité, à l’arrêt depuis le 17 mars, n’a pu redémarrer que très récemment.

Mis en service le 3 septembre, le Meett a déjà accueilli trois salons, soit au total quelque 20 000 personnes. Des événements qui ont permis de mettre en évidence la « modularité exceptionnelle du lieu » et de mesurer « le confort d’exploitation énorme apporté aux exposants ».

La décision prise par le préfet est d’autant plus incompréhensible pour Patrice Vassal, que son groupe a élaboré son propre protocole sanitaire, permettant selon lui, compte tenu de la taille du nouveau parc des expositions – 40 000 m2 –, d’assurer la sécurité  de 5 000 visiteurs. « Le caractère professionnel de nos métiers n’a pas été pris en compte. Nous avons été écoutés mais pas entendus », souffle-t-il, amer. La décision du préfet remet également en cause la vingtaine d’événements qui devaient se dérouler au Meett d’ici la fin de l’année. Et fait planer de sérieux doutes sur l’organisation de manifestations en début d’année prochaine. « Nous avons une visibilité quasi-nulle. Nous travaillons à deux semaines, reconnaît Patrice Vassal. C’est un cap difficile à passer que nous allons payer pendant de longues années. »

Du reste, au-delà de Toulouse Événements, qui emploie 66 salariés, « c’est tout un écosystème qui souffre, explique Patrice Vassal : monteurs, prestataires, service de sécurité, de nettoyage, etc., qui est en train de mourir. Combien d’acteurs existeront encore dans six mois ? », s’alarme-t-il. S’il n’a pas chiffré le préjudice que représente pour son entreprise l’annulation de la foire et d’autres événements prévus d’ici fin 2020, le directeur de Toulouse Evénements s’inquiète surtout « pour les 300 exposants qui comptaient sur la foire pour se redresser. Certains sont dans une situation désespérée. »

Pour autant, si le regard se porte au-delà de la pandémie de Covid-19, « les perspectives sont très bonnes », assure le délégataire qui voit « le futur du Meett en rose ». L’infrastructure, qui a mobilisé pour sa construction 250 entreprises dont 85 % sont des PME locales, « nous positionne à la dimension d’une grande métropole. Nous travaillons sur des dossiers d’événements jusqu’en 2028 », ajoute-t-il.

Le projet de nouveau parc des expositions et de centre de conventions approuvé par la collectivité en 2007 a vu le jour grâce à la contribution financière de Toulouse Métropole pour 199 M€, de la région Occitanie à hauteur de 45 M€, du Département de la Haute- Garonne, 45 M€ et de Tisséo SMTC, 22 M€. Porté aux nues par les élus, le nouvel outil « place Toulouse dans la géographie des centres de congrès » observe de son côté Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, la Ville rose pointant désormais en troisième position dans le classement national des villes de convention établi par l’International congress and convention association (ICCA), derrière Lyon et Nice. De fait, le lancement du Meett « ouvre un nouveau marché, celui des grands événements nationaux et internationaux, car faute d’équipement, nous n’étions pas sur la carte », ajoute Patrice Vassal. Lequel table sur un doublement du chiffre d’affaires annuel généré par l’exploitation du nouveau parc des expositions soit 20 M€ en « année normale », dégageant pour Toulouse Métropole une redevance d’1,1 M€ à laquelle s’ajoute une redevance variable basée sur le résultat.

REPÈRES

Le Meett, c’est :

– un centre de conventions de 15 000 m2 pouvant accueillir jusqu’à 10 000 personnes,

– une rue centrale de 14 000 m2, zone d’accueil, d’animation et d’exposition,

– un hall d’exposition de 40 000 m2,

– une aire d’exposition extérieure de 25 000 m2,

– 4 500 places de parking

– 220 M€par an de retombées pour l’économie locale