« Le Medef doit se remettre en mouvement »

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, son président, le Medef doit être force de proposition.

Invité du Medef Marne à l’occasion de son assemblée générale, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, est intervenu sur le thème général d’ « Une rentrée dans les starting-blocks » qui lui a permis de faire un tour d’horizon général, tant sur le plan économique que sociétal. Morceaux choisis.

Geoffroy Roux de Bézieux ne manque pas d’humour et c’est donc en citant Pierre Dac – puisque le célèbre humoriste est né à Châlons – qu’il a introduit son propos devant les membres du Medef marnais, réunis dans l’amphithéâtre de Sciences Po, à Reims : « Ce n’est pas en tournant le dos aux choses qu’on leur fait face ». Sorte de credo qui résume aussi bien l’état d’esprit du président du Medef que celui des chefs d’entreprise.

SUR LA SITUATION GÉOPOLITIQUE

« C’est l’opposition, pour ne pas dire le conflit, entre les USA et la Chine qui s’impose aujourd’hui sur la scène internationale. C’est sans doute lié au caractère des deux dirigeants. Mais je pense que nous entrons dans une phase nouvelle et que plus rien ne sera comme avant. » Et Geoffroy Roux de Bézieux d’évoquer « Le Piège de Thucidyde », expression employée par Graham Allison dans son récent ouvrage intitulé « La Chine et l’Amérique dans le Piège de Thucydide ? » (éditions Odile Jacob). Selon Graham Allison ce « piège » est, en matière de relations internationales, une situation historique qui voit une puissance dominante entrer en guerre avec une puissance émergente sous la contrainte de la peur que suscite chez la première le surgissement de la seconde, comme ce fut le cas lors de la Guerre du Péloponèse. « Or, nous assistons aujourd’hui à un déclin de l’Amérique et à une montée en puissance de la Chine… L’Europe doit sortir d’une certaine forme de naïveté, symbolisée par le refus de la fusion Alstom/Siemens au nom de la protection du consommateur, et qui tend à démontrer que l’on n’a pas compris ce qui se passe dans le monde ».

SUR LE CHOC CLIMATIQUE

« Il faut que le Medef prenne les devants. Par nature, toute production humaine crée du CO2. Mais les entre- prises ont des solutions pour agir et se sont déjà engagées à produire avec moins de CO2. Les cimentiers, par exemple, ont réduit de 20 % par tonne l’émission de CO2. Mais il faut que l’État soutienne la production nationale : le ciment turc que l’on importe est moins cher que le nôtre, mais beaucoup plus gourmand en CO2. » C’est pourquoi Geoffroy Roux de Bézieux est favorable à une « taxe carbone aux frontières » pour mettre à égalité les entreprises du monde entier. « Il ne faut pas que les efforts réalisés en France se fassent au détriment de la compétitivité. »

SUR LE CHOC TECHNOLOGIQUE

« S’adapter, c’est l’essence même de l’entreprise. Mais ce qui me surprend, c’est la vitesse à laquelle les choses se passent aujourd’hui. Le business ne sera plus le même dans 5 ans ! Que sera-t-il ? Je ne sais pas. Mais nous devons faire preuve d’optimisme, avoir confiance, aller de l’avant, et convaincre tout le monde que le changement est indispensable. »

SUR LA MUE « PROFONDE » DU MEDEF

« En termes de financement, les ‘versements’ de systèmes paritaires ne sont pas clairs. Il faut y renoncer pour ne vivre que des cotisations des entreprises. C’est l’exemplarité. Sur 82 fédérations adhérentes au Medef, seules 3 sont présidées par des femmes. Or, il y a 30 % de femmes chefs d’entreprise. Il faut que le Medef soit au même niveau. Il doit s’engager sur la voie de l’égalité, et notamment de l’égalité salariale. Nous allons lancer en janvier 2020 une plateforme de dialogue avec les ONG. Ce ‘corps social’ parle aux jeunes, aux salariés, aux clients, aux actionnaires, mais n’est pas connu des chefs d’entreprise. Il faut que le Medef – Mouvement des entreprises de France – se remette… en mouvement ! »

SUR L’ACTUALITÉ SOCIALE DE LA RENTRÉE

« Le volet indemnisation de la réforme de l’assurance-chômage est la plus grande réforme réalisée en la matière depuis 30 ans. Elle remet le système à l’endroit, et elle nous remet au niveau par rapport aux pays qui nous entourent. Sur la réforme du système de retraite, le Medef s’en tient à la philosophie du rapport Delevoye, et à la réduction de l’inégalité public/privé que résout le régime universel proposé. Il va certes falloir le financer. On ne peut pas baisser les pensions ni augmenter les cotisations, donc il faut une mesure d’âge et travailler plus longtemps. Le Medef a déjà fait des efforts sur la tranche d’âge 55/60 ans, il faut désormais en faire sur la tranche 60/65 ans, comme cela existe partout en Europe. Entre 2015 et 2019, le CICE a représenté 30 Md€ de baisse de charges pour les entreprises… qui ont créé 924 000 emplois sur la période. En 2019, les salaires ont augmenté de 1,8 %. Quand les entreprises réalisent de bonnes années, elles redistribuent de l’argent. Le pouvoir d’achat est plus sain quand il vient de gens qui travaillent que lorsque c’est l’État qui distribue de l’argent. »

SUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES DE 2020

« J’entends que l’une des promesses à la mode est la gratuité des transports. Mais la gratuité, ça n’existe pas. La gratuité c’est… nous ! La campagne des municipales doit s’attacher à l’écosystème local et les Medef territoriaux ont un énorme rôle à jouer, notamment pour éviter la démagogie de la gratuité à tout va… »

SUR LE BREXIT

« 30 000 entreprises françaises exportent en Grande-Bretagne, et il y a sans doute un peu de lassitude de la part des chefs d’entreprise dans la mesure où l’on ne sait pas comment cela va se passer. On parle de -0,2 % de PIB pour la France, de -3,5 % de PIB pour les Britanniques. Mais je ne sais pas trop qu’en dire… » Plus généralement, ce que Geoffroy Roux de Bézieux souhaitait notamment dire, c’est que pour remettre le Medef au centre du jeu, il faut montrer qu’il contribue à la prospérité générale. Il doit être à l’écoute des problèmes de la société, des salariés, bref, être force de proposition.

Medef Marne : entre renouvellement et cooptations au conseil d’administration

Sans doute l’assemblée générale ordinaire du Medef Marne s’annonçait-elle tardivement ce 4 octobre. Mais c’était pour la bonne cause : la date à laquelle Geoffroy Roux de Bézieux, le président national, était disponible pour se rendre à Reims et échanger avec les membres marnais. « Réseau de réseaux (d’ailleurs, il vient de faire son entrée sur LinkedIn), selon l’expression de Christian Brethon, le président marnais, le Medef Marne détient 300 mandats locaux (au cœur de sa capacité à agir) et se trouve présent dans plus de 80 instances. Avec 250 adhérents, il ne vit que des cotisations de ses membres ». Bonne nouvelle pour 2019, les cotisation restent stables.
Pour l’exercice 2018, le bilan au 31/12/2018 s’élevait à 1 181 417,15 € tandis que le résultat financier était de 25 247,21 €. L’association enregistrait un bénéfice exceptionnel (dû à un événement interne imprévisible) de 51 486,27 €, que l’assemblée a affecté au fonds de réserve avant de donner quitus au président et au trésorier (Fabien Petit) de leurs rapports moral et financier. L’assemblée générale a renouvelé pour les trois prochaines années le tiers sortant des membres du conseil d’administration, à savoir Bruno Arcadipane, Stéphane Charre, Didier Fages, François Gomariz, Samir Kazziha, Fabien Petit, Laurent Malolepsza, Antoine Renardias, Pascal Rodrigues, Guillaume Chevron.

L’assemblée générale a également ratifié, pour la durée du mandat restant à courir, la cooptation au sein du conseil d’administration de : Manuel Reman (Union des Maisons de Champagne) en remplacement d’Eric Bastard, jusqu’en 2021 ; Philippe Forteguerre (banques), en remplacement de Christophe Richard, jusqu’en 2020 ; Frédéric Gaillot (chimie), en remplacement de Claude Lauer, jusqu’en 2020 ; Audrey Marlé (interprofession), en remplacement de Jean-Louis Le Nue, jusqu’en 2021 ; Sylvain Mary (inter- profession), jusqu’en 2021 ; Jérôme Mat (interprofession), en remplacement de Michel Gobillot, jusqu’en 2021 ; Maryse Malicet (Union des Maisons de Champagne), en remplacement de Patrick Mollien, jusqu’en 2020.

Christian Brethon, président du Medef Marne.