Le Haut-Doubs tente l’alliance du guidon et du gourmet

Faire le pari d’une alliance entre les richesses gastronomiques du Haut-Doubs et les modes de déplacement qui offrent un autre rapport à l’environnement et au temps, c’est ce que permet le label «Vélo & Fromages ».

Le Haut-Doubs a obtenu le premier label « Vélo & Fromages » consacrant son offre de tourisme et de loisir basée sur l’itinérance. Une offre alternative aux activités touristiques traditionnelles, misant sur l’alliance des mollets et des papilles.

Fromage emblématique de la région, le comté constitue un élément essentiel du patrimoine culturel franc-comtois, ancré dans un terroir qui lui a valu d’obtenir une appellation d’origine contrôlée en 1958. Mais le Haut-Doubs est aussi une région productrice d’autres Appellations d’origine protégée (AOP). On y trouve le morbier, le bleu de Gex ou le Mont d’Or particulièrement prisé en hiver. Cette diversité de fromages portait naturellement le massif du Jura à répondre à l’appel à projet lancé par l’Assemblée des départements de France (ADF) et ses partenaires. L’initiative faisait suite au Tour des fromages, lancé en 2018 par l’ADF en partenariat avec le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) et la radio France Bleu dans le but de mettre à l’honneur les départements parcourus par le Tour de France. Ce dernier est considéré par le Conseil national du tourisme comme « l’une des plus belles vitrines touristiques de notre pays : 15 millions de spectateurs au bord des routes (dont 30 % d’étrangers) et troisième évènement télévisuel avec 80 chaînes de télévision, 2 milliards de téléspectateurs ». Le label « Vélo & Fromages », décerné à certains itinéraires cyclables, offre la possibilité de découvrir la richesse du patrimoine crémier et fromager exceptionnel que compte la France rurale.

UN ARGUMENT CONVAINCANT

Le projet de l’ADF, porté par différents organismes touristiques de promotion des territoires et de la pratique cycliste, a trouvé dans le fromage un argument convaincant pour des cyclistes du dimanche, plus mus par les coups de fourchette que de pédale. Le label offre une alternative touristique écologique pour qui se laisse séduire par ce mode de déplacement doux, permettant un accès privilégié au charme des villages tranquilles, sans perturber sur son passage la faune et la flore. Au plus près du savoir-faire artisanal, nous avons ainsi pu découvrir dans le Haut-Doubs une autre façon de promouvoir les territoires pour leurs habitants ainsi qu’une autre façon de visiter pour les touristes. « Made in chez nous », un réseau d’entreprises ouvertes à la visite initié par Doubs Tourisme, a permis d’identifier parmi ses adhérents des sites de production ayant un intérêt culturel, « ceci, afin de proposer une offre touristique de découverte économique pour laquelle il existe une vraie appétence », souligne Philippe Lebugle, directeur de Doubs Tourisme.

Si l’intérêt marketing revient surtout au département qui, ainsi, valorise son image, tout le monde semble y trouver son compte, à commencer par les visiteurs. En investissant sur l’itinérance, la région Bourgogne Franche-Comté mise à la fois sur les attentes communes à de plus en plus de touristes qui désirent éviter de se bousculer sur des sites ou des circuits connus de tous pour mieux s’immerger dans les lieux qu’ils parcourent, et sur celles des habitants des hauts sites touristiques qui veulent que l’activité se fasse moins invasive et moins massive. Les activités de loisir développées autour des clientèles touristiques traditionnelles peuvent aussi servir d’offre d’appel pour séduire les visiteurs sur ces pratiques itinérantes. Au départ de Labergement-Sainte-Marie, près de Pontarlier, dans la réserve naturelle du lac de Remoray, nous avons pu échapper au tumulte des voitures qui arrivent ou quittent le lac de Saint-Point, très prisé des touristes en été. Entre Métabief et Pontarlier, j’ai enfourché mon VTT pour faire l’expérience de ce que peut offrir la région en matière de tourisme doux ou lent.

CONCENTRATION D’ATOUTS

Entre autres pistes, le Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs élaboré par la BFC pour 2017-2022 relevait certains atouts de la région que concentre particulièrement le Haut-Doubs : le patrimoine gastronomique avec une offre considérable en produits AOP, un réseau de pistes cyclables et pédestres, développées pour les balades itinérantes, ainsi que des massifs offrants des activités de loisir variées en hiver comme en été et abritant un patrimoine naturel et protégé, à l’instar des réserves naturelles du lac de Remoray ou des tourbières de Frasne. Ces arguments prédestinaient les contreforts du massif du Jura pour bénéficier du label promotionnel «Vélo & fromages ». LeVTT permet de prolonger la balade jusqu’aux portes des fruitières, mais aussi vers d’autres activités artisanales comme la fonderie artisanale de cloches ou encore des boîtes de Mont d’Or. On trouvera également dans les vestiges de l’abbaye de Labergement-Sainte-Marie ou le passage antique de Chalamont des endroits où faire étape. Avec l’essor actuel des mobilités urbaines douces, souvent associées à des systèmes d’assistance électrique, le vélo peut s’imposer comme un moyen convaincant pour attirer dans les territoires ruraux des visiteurs et – qui sait – de potentiels résidents, tombés amoureux d’un Haut-Doubs qu’ils viennent dynamiser. Pour juger du succès de l’initiative de l’ADF, il faudra être un peu patient car, comme cet itinéraire qui reste encore à baliser, des jalons devront être posés pour disposer d’indications à l’avenir. Pour l’instant, le circuit « Liaisons douces Vélo & fromages » du Haut-Doubs est le seul itinéraire à avoir été développé pour ce label mais d’autres devraient suivre. Reste aussi que, pour évaluer ce projet, il faudra recueillir auprès des premiers cyclistes mordus de fromage, leur expérience, plus précieuse – on l’aura compris – que leur afflux.

À présent que le label est obtenu, il va falloir l'enrichir de nouveaux itinéraires.