Le groupe Adonis met la main sur la Sedrap

Samuel Cette et Loetitia Boëche, à la tête d'Adonis qui vient de racheter la Sedrap. (Droits réservés)

Le groupe toulousain d’établissements d’enseignement supérieur privés a racheté la maison d’édition spécialisée dans les outils pédagogiques destinés aux enseignants du primaire.

Si elle est peu connue du grand public, la Sedrap, PME installée route de Seysses à Toulouse, est une institution dans le monde éducatif. Maison d’édition atypique, elle publie en effet depuis près de 35 ans des ouvrages pédagogiques destinés aux enseignants de la maternelle au primaire. Passée en 2009 dans le giron d’un éditeur belge, elle a été rachetée récemment par Adonis, un groupe toulousain d’établissements d’enseignement supérieur privés déployés dans une dizaine de villes en France, qui forme près de 5 000 étudiants par an, également éditeur de manuels et supports de cours en lien avec les formations dispensées dans ses établissements. Pour Loetitia Boëche, qui avec son mari Samuel Cette, dirige le groupe Adonis, ce rachat est un peu un retour aux sources, puisque c’est son père, Serge Boëche, conseiller pédagogique au sein de l’Éducation nationale, qui, en 1985, avec Patrick Beyria, un enseignant spécialisé, a fondé l’entreprise. Les deux hommes sont à l’origine du lancement de plusieurs outils pédagogiques dont le fameux Coffre à outils, Le guide pédagogique. Pour apprendre et réapprendre à lire… et à écrire, au développement duquel ont participé des inspecteurs, conseillers et chercheurs de l’ex Institut national de recherche pédagogique (INRP), et le Coin écoute, « qui fait encore partie des outils que l’on vend le mieux aujourd’hui », s’amuse Loetitia Boëche. La petite maison d’édition a, depuis, bien grossi et étoffé son catalogue d’outils pédagogiques. Il compte aujourd’hui plusieurs centaines de références. Elle a surtout développé ses ventes grâce au déploiement sur le territoire national d’un vaste réseau d’une soixantaine de délégués d’édition qui ont porté la bonne parole auprès des enseignants. « Cela a permis à l’entreprise, en s’entourant de chercheurs, de continuer à innover », résume la nouvelle dirigeante.

450 RÉFÉRENCES

L’histoire de la Sedrap n’a pourtant rien d’un long fleuve tranquille. Son fondateur Serge Boëche a vendu une première fois l’entreprise à Albin Michel, pour la racheter quelques années plus tard et la céder une seconde fois, après l’avoir redressée, au groupe belge Averbode. Mais sous le contrôle de ce dernier, les ventes périclitent.

L’entreprise, qui enregistre des pertes depuis cinq ans, est mise en redressement judiciaire. Alors qu’un seul candidat s’est manifesté pour reprendre l’affaire, Samuel Cette et Loetitia Boëche font alors une offre, proposant de reprendre 25 salariés au total contre huit seulement pour le concurrent, et remportent la mise.

Les nouveaux propriétaires, qui ont tous deux travaillé cinq ans au sein de la Sedrap à des moments différents, peuvent s’appuyer sur un effectif certes réduit – après un premier plan social, une dizaine de commerciaux a quitté l’entreprise –, mais très attaché à la maison comme Sandra Boëche, l’autre fille du fondateur, passée par différents postes avant d’assumer aujourd’hui les responsabilités de directrice éditoriale – « la mémoire de l’entreprise ».

Le couple, qui a mis en place un comité de directeurs, veut pallier certains dysfonctionnements en réinternalisant plusieurs services. Alors que le groupe a largement pris le virage du numérique avec des manuels interactifs, Loetitia Boëche souhaite aller plus loin en développant de nouvelles offres qui intègrent plus de technologies comme l’utilisation d’écrans tactiles. Elle entend aussi surfer sur le succès de son best-seller en produisant de nouveaux contenus audio.

« Nous allons aussi développer des supports en rapport avec le codage informatique, ajoute la dirigeante de manière à rendre cette activité plus concrète et ludique, avec notamment des outils de manipulation, de robotisation, etc. », ajoute-t-elle.

À moyen terme, la dirigeante veut s’appuyer sur « la légitimité » de la Sedrap dans le domaine pédagogique pour accroître ses ventes sur le marché du grand public. L’entre- prise, qui est déjà présente sur ce marché à travers ses cahiers de vacances, entend en effet développer des cahiers de révision. L’autre secteur, dans lequel elle souhaite mettre un pied, c’est celui des manuels pour les collèges et les lycées. « C’est plus simple sur le plan éditorial, mais en revanche nous sommes là sur des volumes bien supérieurs. Les enjeux seront donc plus économiques que pédagogiques ».

En attendant, la dirigeante, qui veut avant tout stabiliser l’entreprise – elle réalisait en 2018 près de 5 M€ de chiffre d’affaires –, entend recruter pour développer la gamme et relancer les ventes.