La Communauté urbaine du Grand Reims a initié une démarche de projet de territoire en octobre 2020. Elle en présente aujourd’hui la feuille de route avant une mise en œuvre effective dès septembre 2021. Avec un slogan : “Ce qui nous lie nous grandit”.
Le 1er janvier 2017, le Grand Reims naissait à la faveur du regroupement de 143 communes en Communauté urbaine. Quatre ans plus tard, après avoir passé la période de rodage liée à la mise en place de son fonctionnement, est venu le temps de la projection pour cette jeune collectivité qui se lance désormais dans une nouvelle étape de sa construction : celle de la prospective et de la stratégie de développement territorial.
Pour Catherine Vautrin, il s’agit, avec un tel projet de territoire, de « donner un sens à la Communauté urbaine » et d’ores et déjà de « prévoir l’avenir » parallèlement à la gestion de son quotidien. Adepte du temps long, la présidente du Grand Reims souligne l’importance pour la collectivité de conserver sa « capacité à se projeter et d’être toujours en capacité à se transformer », elle rappelle d’ailleurs à quel point les projets structurants doivent être pensés en amont, à l’image du LGV, dont le tracé imaginé au début des années 90 a été acté en 1992 pour ouvrir sa première ligne en 2007 seulement.
UN PROJET DE TERRITOIRE, COMMENT ÇA MARCHE ?
Un diagnostic a donc été réalisé d’octobre 2020 à mars 2021 avec le concours de l’Agence d’urbanisme, d’un groupe de travail de dix élus et d’acteurs économiques locaux, animé par Jean-Pierre Fortuné, maire de Tinqueux et Vice-président du Grand Reims en charge du projet de territoire et des Finances. Destiné à définir précisément ce qu’est la Communauté urbaine, ce qui rassemble ses membres et les perspectives d’évolutions, ce diagnostic a permis de retenir quatre thématiques :
– Identité et positionnement,
– Un système économique efficient et différenciant,
– Territoire et proximités, un modèle équilibré, solidaire et durable,
– Un cadre de vie et un environnement favorables au «vivre ensemble». D’avril à juin 2021, une grande consultation a été organisée, au travers d’une douzaine de tables rondes thématiques et d’une grande enquête en ligne à laquelle près de 3600 habitants ont répondu. Enfin, le mois de juin 2021 a été consacré à la détermination des grandes orientations stratégiques et à la mise en place de la feuille de route, qui permettra de hiérarchiser les projets et les actions jusqu’en septembre, où seront établis un calendrier et des enveloppes budgétaires. À l’issue des différentes phases de concertation et de synthèse des orientations stratégiques, un cap a été défini : devenir « un territoire référent en matière de neutralité carbone et transitions écologiques ».
Il servira trois ambitions : se réinventer, se resituer et se rassembler. Se réinventer ? « La question se pose aujourd’hui d’aller chercher d’autres activités », lance Catherine Vautrin, qui refuse de voir le Grand Reims rester dans ses positions acquises. « Nous sommes une référence en matière de biomasse. Notre volonté c’est d’aller encore plus loin. Nous avons la chance d’avoir la matière, c’est aussi une responsabilité et un engagement à aller plus loin ».
Se resituer ? « Nous ne sommes pas à une heure de Paris, nous en sommes à 40 minutes », assène la présidente. « Nous sommes aussi le pendant Ouest de la région. Soit on est négatif et on considère que nous sommes au beau milieu de la diagonale du vide entre les Hauts de France et le Grand Est, soit on estime que nous sommes au cœur d’un triangle, d’un territoire de choix, avec une qualité de vie méconnue, qu’il est de notre responsabilité de faire connaître ».
Se rassembler ? Fort de ses 143 communes, le Grand Reims compte surtout 111 communes de moins de 1000 habitants et une des villes les plus denses de France. Une cohabitation qui sonne comme un défi mais qui a aussi un fort impact sur l’économie locale, basée sur la campagne. « L’idée c’est aussi de voir comment on peut avancer sur des sujets tels que la neutralité carbone et la transition écologique », souligne Catherine Vautrin, qui rappelle la nécessité de préserver « l’énorme potentiel » du territoire en la matière.
Trois axes stratégiques ont été établis par le Grand Reims pour définir son projet de territoire, qui tient en un document synthétique de 60 pages.
PREMIER AXE : UNE AMBITION ÉCONOMIQUE
Il s’agit pour le Grand Reims de « se réinventer pour devenir un grand territoire de référence notamment avec pour fer de lance la bioéconomie ». Pour Jean-Pierre Fortuné, le Grand Reims doit clairement se positionner comme la Capitale Européenne de la bioéconomie. « Le site de Pomacle dispose d’une capacité de développement que l’on souhaite voir se développer encore davantage. C’est pour nous une richesse fondamentale », insiste-t-il. « Sans production de richesse, pas de projet de territoire », prévient le Vice-président, qui rappelle l’importance de la mise en place « d’un outil de développement économique puissant », pour permettre au territoire de se positionner dans la compétition face à d’autres territoires.
AXE2 : UNE STRATÉGIE D’ATTRACTIVITÉ
Pour Jean-Pierre Fortuné, l’attractivité passe en premier lieu par la conservation des jeunes diplômés sur le territoire. En matière de tourisme aussi, le Grand Reims doit prendre toute sa place dans la carte touristique de France, porté par « un marketing territorial, une stratégie de marque forte et puissante ». « L’idée est de mettre en place une stratégie touristique ambitieuse, au travers d’un projet pertinent », assure-t-il, avec en ligne de mire le dépassement des deux nuitées moyennes par touriste. Du côté des grands chantiers, c’est vers la rénovation des bourgs centre que le projet de territoire se tournera, parallèlement à la définition d’une stratégie d’attractivité résidentielle.
AXE3 : UNE MOBILISATION TERRITORIALE
Constatant l’existence de « déserts de mobilité par rapport à d’autres territoires », le Vice-président souligne la volonté du projet de territoire d’« imaginer des solutions de mobilité durable et de mettre en place des stratégies de neutralité carbone à l’échelle du Grand Reims ». Un Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI) sera également défini. « Un travail à trois ou quatre ans qui sera engagé dès la rentrée pour prendre en compte les ambitions régionales du SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) ».
UN CALENDRIER 2021-2030
Concrètement, la Communauté urbaine du Grand Reims se donne le temps nécessaire – et l’assume pleinement – pour mener à bien l’ensemble de ces actions. Si certaines d’entre elles sont déjà mises en œuvre ou prêtes à l’être, dans le cadre des compétences actuelles de la collectivité, d’autres nécessiteront plus de temps et de moyens financiers. « Des fiches action seront déclinées pour chacun des chantiers à partir de septembre 2021, comprenant les actions envisagées, les outils mis en place et leur financement », souligne Catherine Vautrin, qui a fixé un calendrier 2021-2030 pour mettre en œuvre son projet de territoire.
La Communauté urbaine consacre déjà à l’heure actuelle quelque 120 millions d’euros à ses investissements sur le territoire. La question du financement ne devrait donc pas être un frein, laissant à l’appréciation des élus celle du fléchage et des arbitrages prioritaires. « Nous irons chercher du côté de l’Etat ou de l’Europe les financements possibles correspondant à nos actions », précise néanmoins la Présidente, qui a renforcé, au cours des derniers mois, la Direction de l’Economie de la collectivité pour donner au projet de territoire du Grand Reims les moyens de ses ambitions.