David ButetLe gène de l’entrepreneuriat

Le président du Medef de Côte-d’Or est de ces chefs d’entreprise qui donnent le sentiment de vivre plusieurs vies en une.

Issu d’un milieu populaire, cet entrepreneur dijonnais aux multiples réussites a été nommé président du Medef 21, en mai 2018. Retour sur son parcours et sa vision.

Et si l’on remettait l’entreprise au cœur du système politique ? Inverser la dynamique en devenant acteur de son propre territoire. Telle est la vision du patron des patrons côte-d’oriens. Président du Medef 21 depuis un an, David Butet a repensé le plan d’action du syndicat patronal. « Avant, nous étions dans la réaction ou en réceptacle des demandes de la communauté entrepreneuriale. Aujourd’hui, l’idée est de devenir maître de notre territoire et de participer de manière active à son développement et à son rayonnement national, voire international », précise-t-il. Penser mais surtout agir pour demain. L’entrepreneur hyperactif qui préfère d’ailleurs le qualificatif «super-actif », a développé cinq commissions sur des thèmes variés : les mandats, le juridique, le recrutement, l’égalité et le développement du territoire. C’est donc un Medef 21 proactif qui se dessine avec des propositions de conventions à signer dans diverses domaines (formation, recrutement) en partenariat avec Dijon Métropole. « Nous proposerons des conventions que nous aurons nous-mêmes rédigées afin d’être moteur dans certains domaines », assure David Butet.

ENTREPRENEUR FOU ?

« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ». Cette citation de Mark Twain pourrait bien être ce qui caractérise le mieux l’entrepreneur aux milles idées à la minute. Une anecdote l’illustre : en 2008, alors qu’il vient de créer sa société spécialisée dans l’évènementiel, Strategic Event, il réussit à convaincre les responsables de l’Université du Medef national de le laisser organiser cet évènement qui représente l’un des plus grands rassemblements économiques français. « À l’époque, nous étions juste deux dans l’équipe. Comme j’étais un bon négociateur, j’ai réussi à les convaincre. C’est seulement après coup que nous avons réalisé ce que nous avions fait ! », confie David Butet. Une folie récompensée puisque Strategic Event a continué à coordonner l’évènement plusieurs années de suite. Mais David Butet n’est pas un entrepreneur fou. Toutes les sociétés qu’il a créées ont un lien entre elles. « Lors de l’organisation d’un évènement, chacune peut apporter sa contribution », souligne ce dernier. Si aujourd’hui, le président du Medef 21 est aussi à la tête d’une holding comprenant six PME et dégageant un chiffre d’affaires de huit millions d’euros, c’est grâce à une force intérieure qui le pousse à se projeter sur de nouveaux projets. « Ce qui m’anime, c’est que je suis convaincu que tout est éphémère, aussi bien dans ma vie personnelle que professionnelle. Alors je me demande en permanence comment rendre mes actions plus durables pour laisser une trace ? », avoue David Butet.

Il faut dire que c’est un battant. Par trois fois, le destin a voulu lui prendre la vie.
À la naissance, il ne respirait plus ; à deux ans, il a arrêté de respirer suite au phénomène de « spasmes des sanglots » ; à 15 ans il s’est entaillé les veines suite à un accident domestique. Complètement vidé de son sang, il a été transfusé d’urgence. « J’ai vécu le phénomène de mort avancée. Je suis sorti de mon corps et une fois que je suis revenu je n’étais plus le même », confie-t-il. L’adolescent de l’époque est passé d’introverti à extraverti. « Je sais que suis en mode «bonus», alors j’ose tout. Si on me dit qu’il faut contacter Macron, je mettrais tout en œuvre pour y arriver et j’y arriverais ! ». Issu d’un milieu populaire, David Butet revendique ses origines. Il a grandi dans les cités dijonnaises de la Fontaine-d ’Ouche et de Longvic. C’est aussi de là que provient son énergie insatiable. « Je voulais à tout prix m’en sortir. J’ai fait la prépa du lycée Carnot. Ce qui m’a permis ensuite d’être reçu dans plusieurs grandes écoles de commerce. Le budget de mes parents ne me permettant pas d’habiter dans une autre ville, je suis entré à l’école de commerce de Dijon pour un master en marketing et vente», se souvient-il. Il se distingue vite en obtenant le premier contrat d’apprentissage dans une Business school.

En parallèle de ses études, il travaille chez Darty en tant que chef de rayon. Une fois son diplôme en poche, l’envie d’entreprendre bouillonne en lui. Mais alors qu’il reçoit des offres de postes chez Coca Cola ou Dyson, le jeune diplômé refuse tout car il ne veut « surtout pas rentrer dans un grand groupe », convaincu que l’apprentissage du chef d’entreprise se fait au sein d’une ou plusieurs PME. En 2000, il intègre Aegis Media – devenu Densu Media – à Paris, en tant que « chef de pub ». Cette PME développait le « Street Marketing » (distribution d’échantillons dans les rues) en France. Hasard du destin ou coup de poker, en 2001, le jeune développeur gagne un appel d’offre exceptionnel : la distribution du journal gratuit 20 minutes, en France. « Cela nous a fait passer de 35 à 600 salariés en six mois. J’étais jeune, je trouvais cela génial mais les associés de la boîte transpiraient et ont décidé de revendre. Je me suis alors retrouvé dans le paquet vendu, en 2002, à un grand groupe anglo-saxon. Ces derniers ont une vision différente du business. Ils se posent d’abord la question : qui maîtrise le client et la marge ? C’était moi ! Ils m’ont donc convoqué. Je ne pensais pas rester dans ce grand groupe car c’est ce que fuyais le plus », raconte le manager. Un détail qui le marque : pour son premier jour, il reçoit un badge avec un code. « Je n’avais même pas de nom, j’étais un numéro ! ». Finalement, David Butet y restera huit ans… grâce à de belles rencontres humaines. « J’ai rencontré un des membres du board en charge des croissances externes, c’est-à-dire de tous les rachats. Il a tout de suite compris que j’étais un entrepreneur dans l’âme, que j’aimais faire bouger les lignes, et créer de nouveaux éléments », se souvient- il. Son « mentor » lui proposera de faire partie du programme Hauts Potentiels, synonyme de formations accélérées. En 2004, il devient directeur du développement commercial du pôle hors média du groupe France, le seul département en pleine croissance. En 2005, il passe directeur général de la filiale avec 1.500 collaborateurs à gérer.

Jusqu’en 2007, tout se passe bien. Il est ensuite nommé mandataire social et là tout bascule… « Ma vie n’a plus de sens, je suis sans cesse en réunions. Je ne vois plus les clients. Et je dois faire un reporting tous les vendredis à la City de Londres pour mes actionnaires », raconte-t-il. Il pose un mois de vacances avec sa femme pour se poser les bonnes questions. Il se trouve qu’à ce moment sa femme est « chassée » par les laboratoires Vendôme à Dijon. Il décide de déménager avec l’objectif de démissionner de son poste de directeur général et de reprendre une entreprise dans un domaine qu’il maîtrise : l’évènementiel. Son temps de travail est réaménagé. Il peut ainsi se concentrer à sa création/reprise d’entreprise et satisfaire son goût pour l’entreprenariat. En 2007, il crée CDVA Conseils, à Dijon. Début 2008, il rachète Strategic Event qui n’a alors que deux salariés. En 2009, il crée une régie pub dans la presse gratuite, DB Régie. En 2011, il rachète le premier réseau d’affichage dans les campings en France. En 2013, c’est la création de Strat design, une agence de design global spécialisée dans la création d’espaces éphémères. En 2014, il rachète Atelier Panel, une menuiserie d’agencement spécialisée dans la création de stands d’exposition et d’agencement. Il l’installe en 2017 à Longvic. En 2015, il transforme l’usage de DB Régie devenue une régie de lieu évènementiel, récupérant ainsi le Palais de la Bourse de Lyon. En 2015, il devient associé co-fondateur de Vintage Bel Air, site touristique de loisirs sur les années 50 et 70. Il lui aura fallu 12 ans pour créer sa holding. L’homme est aussi grand collectionneur de Street Art, il met en relation SOS Racisme et les artistes qu’il connaît bien pour organiser les premières ventes aux enchères avec Pierre Berger. Petit clin d’œil à ses origines et au temps où lui-même faisait des graffitis sur les murs… Aujourd’hui, il possède une collection impressionnante d’œuvres disséminées entre son bureau et sa maison.

Parcours

1977 Naissance le 19 mai à Chenôve.
2000 Obtient son Master grande école spécialité Marketing et Vente à la BSB de Dijon.
2000-2010 Salarié d'Aegis Media, devenu Densu Media, à Paris.
2008 Création CDVA Conseil et rachat de Strategic Event.
2018 Élu président du Medef 21.