Clément LeroyLe fou du vélo

Clément Leroy

Psychologue cogniticien, Clément Leroy est cinq fois champion du monde des coursiers à vélo et va tenter de remporter un nouveau titre à Bogota cette année.

Cinq fois champion du monde, le double recordman du monde n’utilise pas son vélo comme tout le monde. Entre deux championnats, celui qui a déjà visité 21 pays donne des conférences en entreprises sur les clés de la motivation et de la réussite, le tout en restant en équilibre sur son vélo.

À l’aube de fêter son 32e anniversaire, Clément Leroy fait partie de ces personnes qui, parce qu’elles ne savaient pas que c’était impossible, l’ont fait, pour paraphraser Mark Twain. Cinq fois champion du monde des coursiers à vélo, Clément Leroy apparaît depuis l’été dernier deux fois dans le Guinness book des records. Aujourd’hui psychologue cogniticien, il vit et travaille sur son vélo. Une passion de jeunesse qu’il n’a jamais abandonnée. « Tout part d’un rêve… Lorsque j’avais huit ans, j’ai rêvé que je savais faire du vélo en marche arrière. Je me suis accroché à cette image, j’étais persuadé que c’était possible. Et donc le lendemain matin, naïvement, je monte sur mon vélo, je m’assois sur le guidon comme dans le rêve, j’essaie de partir et là je tombe en découvrant que le rêve n’était pas réalité, confie- t-il, non sans un soupçon de sourire dans la voix. Mais je vais m’accrocher à cette image. Je vais me relever, je vais persévérer puisque j’ai “vu” que c’était possible et six mois plus tard, je vais y arriver. » Clément Leroy est originaire d’Eure-et-Loir. Né à Châteaudun, il a grandi à Crépainville où, comme pour beaucoup d’enfants, le vélo était son moyen de locomotion favori. « J’habitais un tout petit village et mes copains habitaient à l’extérieur. Donc le vélo était un moyen de transport presque obligatoire, si on ne voulait pas être dépendant de nos parents. » De ce rêve « sorti de nulle part » et auquel il va s’accrocher, tout va « très vite » s’enchaîner. « Je voyais, avant ce rêve, le vélo comme un simple moyen de locomotion. Je n’avais jusqu’alors jamais imaginé faire la moindre course », confie-t-il.

UN PREMIER RECORD DU MONDE À 13 ANS

Nouvel adepte du vélo en marche arrière, Clément Leroy s’intéresse de près à cette discipline. « Dans la foulée, j’apprends qu’un Canadien, Matthew Poynter, a fait 50 kilomètres en marche arrière. À ce moment-là, je me dis que je ne suis finalement pas le seul à faire du vélo assis sur le guidon. Je vais donc essayer de me mesurer à lui. » Après d’innombrables tours autour de chez lui, le jeune collégien se rend compte qu’il est en capacité de battre le record du monde et essaie officiellement en 2001, à l’occasion du Téléthon. « Je vais atteindre les 50 kilomètres en marche arrière et je vais mettre quatre minutes de moins que lui », complète-t-il. À seulement 13 ans, Clément Leroy devient recordman du monde de vélo en marche arrière et intègre, pour la première fois, le Guinness book des records.

Quelques années plus tôt, Clément Leroy, encore à l’école élémentaire, cède une roue pour se mettre au monocycle. « J’avais dix ans. Mes parents voyant que je me débrouillais en équilibre sur mon vélo m’offrent un monocycle en 1998 et je vais me mettre à jongler en équilibre. » Une activité circassienne qu’il mettra de côté à l’adolescence avant de ressortir son monocycle plus de dix ans plus tard. « En septembre 2009, alors que je travaille auprès d’enfants grâce à mon BAFA, je vais m’acheter sur un coup de tête un monocycle de 1,80 mètre et un dimanche matin, alors que je rentre chez moi avec mon monocycle géant, un artiste de rue me repère et m’interpelle pour me demander d’essayer ma girafe. Il va tomber, on va sympathiser et je vais lui apprendre à en faire en échange de quoi il va m’apprendre à en vivre », explique-t-il. De cette rencontre, Clément Leroy va ensuite parcourir le monde dès 2012, du sud de la France en Australie, en passant par Hawaï, la Nouvelle-Zélande et le Cambodge. Au total, il partira pendant six mois pour vivre de l’art de la rue.

DES CONFÉRENCES INESPÉRÉES

Diplômé de psychologie à la fin des années 2000 et après avoir validé son master en didactique professionnelle à la faculté de psychologie de Dijon, Clément Leroy prend le parti de voyager pendant six mois pour travailler son anglais avant de revenir en France chercher du travail en vain. « J’envoie 42 CV accompagnés de leur lettre de motivation sur-mesure et je reçois une seule réponse, négative. » Rien ne prédestinait donc celui qui était entre-temps devenu artiste de rue à revenir un jour dans le domaine de la psychologie. « Un an plus tard, j’ai un accident de la circulation, je me fais renverser par une voiture et je vais avoir une jambe immobilisée. » Amoureux inconditionnel du vélo, il n’arrêtera pas et préfèrera trouver un moyen de continuer avec une seule jambe. À force de s’arrêter sur place, statique, aux feux rouges, Clément Leroy développe une nouvelle aptitude qui le conduit, la même année au championnat du monde des coursiers à vélo. « Il se trouve qu’à cette compétition, il y a une épreuve où il faut faire de l’équilibre sur un seul pied… Ça ne sert strictement à rien, sauf que grâce à cet accident, je vais apprendre cette figure et devenir pour la première fois champion du monde de trackstand, trois mois plus tard à Lausanne. »

Après ce premier titre, Clément Leroy décide de ne plus quitter la route, entre les voyages, les championnats et les conférences. « Tout est parti d’une phrase que m’a un jour dit mon ami d’enfance, Pierre-Marie Albala : “Clément, tout ce que tu entreprends réussi”. J’en ai fait un des enseignements de ma conférence, à savoir qu’à partir du moment où on y croit, le plus dur est fait. Vous n’arriverez pas à convaincre quelqu’un d’acheter votre produit si vous-même vous n’y croyez pas. Et je le démontre par l’exemple ne serait-ce qu’en donnant ma conférence en équilibre sans bouger sur mon vélo pour expliquer que dans la vie, il y a toujours deux situations possibles : soit on sait où on va et là, il faut penser à retirer la tête du guidon de temps en temps, au risque d’oublier de voir des choses évidentes, et à l’inverse, quand on est un peu perdu, là il faut foncer et prendre une direction au lieu d’attendre pour se lancer », explique-t-il. Aujourd’hui, Clément Leroy se sert de ses expériences et de ses voyages pour, en les mêlant à ses connaissances, aiguiller les entreprises et leur donner les clés de la motivation et de la réussite. De retour d’un voyage de quatre mois au Cap Nord, en 2014, il va se lancer un nouveau challenge, faire le tour de France des communes aux noms insolites et passera 70 nuits chez l’habitant et pas une seule à la belle étoile. Par la suite, il renouvellera son titre de champion du monde quatre fois, titre qu’il remettra en jeu cette année à Bogota. L’été dernier, il a même signé un nouveau record du monde en tenant en équilibre sur son vélo pendant 24 heures et 26 secondes. Au total, Clément Leroy a déjà parcouru 21 pays sur les quatre continents, dormi dans plus de 350 maisons et donné quelque 150 conférences.

Parcours

1988 Naissance, le 6 juillet à Châteaudun (Eure-et-Loir).
1996 Il fait un rêve dans lequel il fait du vélo à l’envers.
2001 Premier record du monde, il parcourt 50 kilomètres en marche arrière à vélo.
2013 Il devient champion du monde de surplace à vélo, pour la première fois, à Lausanne, avant d’imaginer un voyage au Cap Nord.
2015 Il réalise sa première conférence dans le cadre du programme TedX et obtient son deuxième titre de champion du monde en Australie.
2018 Il est sacré pour la troisième fois champion du monde à Riga, en parcourant 46 tours dans un cercle de sept mètres de diamètre en marche arrière, avant d’obtenir, en 2019, deux nouveaux titres à Jakarta.
2019 Il signe un nouveau record du monde en tenant cette fois 24 heures et 26 secondes en équilibre sur son vélo.