Cédric GiorgiLe digital à portée de doigts

Cedric Giorgi

Directeur général adjoint de Kaduceo depuis février, cet ex-entrepreneur baigne depuis plus de 15 ans dans le domaine du digital avec ses différentes problématiques. Il s’investit aussi depuis 2011 dans l’écosystème des start-up.

S’il n’est pas un natif du numérique, Cédric Giorgi est cependant tombé dans l’industrie du web très tôt. À 36 ans, cet ex-entrepreneur, qui a connu plusieurs rebondissements, est aujourd’hui directeur général adjoint de Kaduceo, une start-up toulousaine spécialisée dans le traitement de données de santé en vue d’analyser, d’optimiser et de prédire le parcours de soins. Sa mission : piloter les opérations et l’accélération stratégique de l’entreprise dans l’Hexagone et à l’international.

Curieux depuis l’enfance, ce Toulousain d’origine et allemand de cœur, a toujours apprécié la diversité. « J’aime faire plusieurs choses en même temps et ne pas être pleinement concentré sur une seule activité. C’est ce qui régit mon quotidien. Le jour, je suis pris dans le flux de ma vie professionnelle et familiale, très importante à mes yeux, et le soir, je plonge dans l’écosystème des start-up ».

Né d’un père responsable d’une maison de quartier et d’une mère assistante sociale, il a été éveillé très tôt au monde socioculturel et sportif, ses voyages à lui. « Ma famille était d’un milieu assez modeste, je n’ai pas couru le monde étant jeune. Les activités en plein air, dix ans de batterie, plusieurs années d’aïkido : c’était ma façon de m’évader », confie Cédric Giorgi. Sa scolarité au lycée Berthelot, à forte mixité sociale, lui a laissé des marques : « on comprend mieux les opportunités qui s’offrent à vous. » Après un bas S, première langue allemand – influencé par ses sœurs -, il est admis en prépa mais décide ne pas suivre cette voie qui ne correspond pas à sa « philosophie de vie ». « J’ai opté pour l’Insa (Institut national des sciences appliquées) et ses multiples possibilités, option automatisme, électronique et informatique et fait ma dernière année en Allemagne. L’avantage d’Erasmus, c’est que j’ai choisi mon propre programme. Je me suis rendu compte que la technique pure n’était pas mon dada », souligne-t-il.

Un stage chez Airbus à Hambourg détermine le cours de sa vie. « J’avais deux sujets possibles, j’ai opté pour la gestion des connaissances chez Airbus via le digital. J’ai alors vraiment appréhendé l’industrie du numérique. En parallèle, j’ai créé un blog sur les tendances du digital qui m’a ouvert des portes », confirme le trentenaire.

L’Allemagne au cœur, il rejoint cependant TBS afin d’obtenir un bagage en marketing et communication. De là, il poursuit son apprentissage au sein du site d’e-commerce ventedudiable.com, leader des ventes privées high-tech et spécialiste du reconditionné. À 23 ans, toujours étudiant, il anime des événements pour La Mêlée sur le thème du web 2.0, une collaboration vite avortée. Il y rencontre Ludovic Le Moan, qui, lance à cette époque, Goojet – un service BtoC de convergence web mobile, devenu Scoop.it – et qui créera Sigfox quelques années plus tard. « Je l’ai rejoint juste à la sortie de mes études, en CDI en tant que responsable marketing puis directeur marketing. Je me suis d’ailleurs installé à Paris pour me rapprocher de ma future femme et d’un associé de Goojet plus impliqué dans le business. J’ai ensuite participé au pivot en 2010, avant de décider de partir quelques mois plus tard. ».

Il fait un passage éclair chez Seesmic, spécialiste d’une application qui aide les entreprises à suivre leur activité sur les réseaux sociaux, et qui ferme ses portes neuf mois plus tard. Il est alors chargé de développer l’activité en Europe et en France. Plongé dans le giron du géant américain Salesforce, il se penche alors sur le développement d’un écosystème et découvre le BtoB.

Alors sans emploi, il en profite pour se lancer dans l’entrepreneuriat et crée la start-up Cookening, une idée qui lui trottait dans la tête. « Lors d’un voyage à San Francisco, alors que nous logions avec mon épouse dans un Airbnb, j’ai eu l’idée de développer le même concept pour les repas, un restaurant chez l’habitant. Les avis ont été encourageants », explique le cordon-bleu du couple qui a pu tester lui-même le principe de table d’hôte. La plateforme est lancée en 2013. Mais, malgré un concept prometteur, l’un des associés doit quitter la partie, l’activité stagne et les cofondateurs reprennent des activités salariées à plein-temps, lui étant devenu jeune père de famille. En 2015, la start-up, pionnière de ce secteur, trouve un repreneur, VizEat. « Ce qui importe, c’est la création de valeur, l’aventure qu’on vit. On souhaitait devenir le “Airbnb” de la table d’hôte au niveau mondial. Notre déception, c’est de ne pas avoir vécu une grande aventure internationale, ne pas avoir levé des fonds mais nous avions un engagement avec la communauté qui a pu perdurer grâce à ce rachat », se souvient l’entrepreneur.

Cédric Giorgi intègre entre-temps Sigfox où il a pour mission de créer un écosystème de start-up et de développeurs autour de l’entreprise. « Ludovic Le Moan m’a demandé conseil et m’a finalement suggéré de mettre en application mes idées. Une aubaine pour moi. En 2015, nous avions décidé de favoriser cet écosystème avec des outils et des plateformes, inspirés par Salesforce, et de fonder la marketplace de l’écosystème Sigfox ». Ayant carte blanche, il repose ses valises à Toulouse avec sa famille, met en place une équipe et développe le projet à la vitesse grand V. « Est venu le moment où il s’agissait plus de consolidation que de création. Il était temps pour moi de mettre les voiles, malgré une très bonne expérience ».

Il met à profit cette parenthèse pour rencontrer des entrepreneurs, nourrit sa curiosité entre Toulouse et Paris et s’imbibe plus encore de l’écosystème des start-up qu’il n’a jamais quitté, rejoignant en 2011 LeWeb, puis La French Touch Conference en 2014, pour laquelle il crée plusieurs événements. Entre-temps, il lance sur Facebook la communauté French Startupers Network qui regroupe aujourd’hui 8 000 fans et continue d’intervenir régulièrement dans ce groupe d’entraide.

Depuis 2019, aux côtés de Sandrine Jullien-Rouquié, il développe la French Tech Toulouse. « L’écosystème toulousain est cloisonné au détriment des entrepreneurs. Nous allons donc les chercher où qu’ils soient. Mon rôle est de faciliter les rencontres transverses entre fondateurs et responsables de start-up et de créer des cercles d’échange. On manque d’émulation collective par rapport à Paris et à l’international », affirme-t-il.

Se définissant comme « expert de rien », le trentenaire sait pourtant ce qu’il veut. « Un job pluridisciplinaire, un environnement international, une entreprise toulousaine dans un domaine qui ait de l’impact ». C’est désormais chose faite. Il a intégré en début d’année, la start-up autofinancée Kaduceo, en tant que directeur général adjoint. « Je suis très heureux d’avoir rejoint le secteur de l’e-santé où la France a un grand rôle à jouer pour montrer l’exemple d’un numérique éthique ». Pionnière dans l’utilisation des données de santé et forte de cinq années de R & D, Kaduceo développe des partenariats avec une cinquantaine d’hôpitaux dans l’analyse, la prédiction et l’optimisation de parcours de soins, sur des sujets tels que l’aide médicale à la procréation, l’obésité, l’oncologie ou les maladies respiratoires. « L’objectif est de devenir leader sur notre marché, détaille de directeur. Depuis trois semaines, 75 % de l’équipe est dédiée au Covid-19 pour aider les hôpitaux à prédire des flux d’arriver de patients et analyser ce qui se passe pour optimiser au mieux leur activité ». Pour l’heure, la crise « démontre aussi qu’il y a besoin de plus investir, de mieux organiser les hôpitaux et que l’e-santé est un secteur porteur », conclut celui qui est aussi business angel via le fonds Atomico Angel Programme et membre du Club Choiseul 200 depuis 2018 qui référence les leaders économiques français du monde de demain de moins de 40 ans.

Parcours

1983 Naissance à Toulouse
2006 Ingénieur diplômé de l’Insa Toulouse en automatisme, électronique et informatique
2007 Mastère spécialisé marketing management et communication de TBS. Nommé directeur marketing chez Goojet
2011 Directeur Europe chez Seesmic
2012 Crée Cookening rachetée par VizEat en 2015, et fonde le groupe French Startupers Network
2015 Rejoint Sigfox
2019 Devient membre du board de la French Tech Toulouse
2020 Intègre la start-up Kaduceo en tant que directeur général adjoint