Le Crédit agricole de Haute-Garonne en mission séduction auprès de ses clients

Le nouveau siège social du Crédit agricole de Haute-Garonne devrait ouvrir en novembre prochain place Jeanne d’Arc.

L’établissement financier a présenté le 28 mars son bilan 2018, ainsi que ses projets pour l’avenir.

Sale temps pour les banques. Accusées de n’être que des prédateurs ou de jouer à la roulette russe avec l’argent des épargnants en Bourse, leurs agences vandalisées au cours des violences qui ont émaillé les manifestations des Gilets jaunes, c’est peu dire que les établissements financiers n’ont pas la cote en ce moment. « Dans le contexte actuel, on nous fait parfois des procès d’intention sur le rôle que nous jouons » dans l’économie du territoire, déplore ainsi Nicolas Langevin, le directeur général du Crédit agricole de Haute-Garonne : par exemple, « on nous accuse de financer les énergies carbonées. Alors bien sûr qu’on en finance une partie ! Si toutes les banques arrêtaient de les financer, je ne vois pas comment on s’éclairerait… »

Pour autant, le dirigeant souligne également « l’engagement de la banque dans la transition énergétique. On s’y investit beaucoup, même si je pense qu’il faut que cela s’inscrive dans la progressivité. Mais en tout cas, c’est un procès d’intention qui n’est absolument pas justifié ! » Une question d’image qui explique d’ailleurs pourquoi, dès le début de la présentation du bilan financier annuel à laquelle la banque avait convié la presse le 28 mars dans ses locaux du Village by CA, le président de l’établissement Robert Conti en a profité pour rappeler 15 minutes durant, « quelques exemples » des actions sociales et en soutien de l’économie menées par le Crédit agricole en Haute- Garonne.

Outre le revenu sur le gel des tarifs bancaires, décidé par l’ensemble des banques françaises à la fin de l’année sous le coup des mouvements sociaux et auquel participe le CA 31, « nous avons fait plus, pour nos 7000 clients fragiles, pour lesquels on a créé une offre spécifique. Pour l’instant, on en a contacté 2000, à qui on a offert la capacité, pour un euro par mois, d’avoir accès à des services bancaires, sans frais ». Une démarche propre au Crédit agricole de Haute-Garonne, et à laquelle seuls 20 % des personnes contactées ont répondu favorablement, une autre partie l’envisageant. Reste que le taux d’adhésion reste faible, «moinsde50%» ; ce que Nicolas Langevin explique par la réticence que les clients auraient à accepter une offre sans chéquier (mais avec une carte bancaire à autorisation systématique) « et le fait d’être dans un mode de fonctionnement un peu différent, ce qui leur fait un peu peur ». Pour autant, le dirigeant se montre optimiste : car « si on a du mal, souvent, à les contacter, une fois qu’on réussit à les joindre, les clients sont positivement surpris de ce qu’on leur propose ! »

Au total, l’effort consenti par la banque sur le gel des tarifs bancaires représentera un manque à gagner de 2,7 M€.

Mais rien qui n’inquiète l’équipe dirigeante, du moins devant les journalistes : car si le produit net bancaire du Crédit agricole de Haute-Garonne a accusé une légère baisse de 0,6 % pour atteindre 248 M€ – les taux bas la pénalisant, comme les autres banques – la baisse du coût du risque (par le recouvrement de créances risquées) à 4,3 M€ « nous a permis de faire un résultat net à 66,7 M€ ». Soit une baisse de 3,90 % par rapport à 2017 (69,2 M€), que Nicolas Langevin analyse pourtant comme un résultat « stable » ; et qui préfère mettre en avant la production « d’1,9 Md€ de nouveaux crédits » pour un total de 9 Mds€ d’encours (+9 %), tandis que la collecte de l’épargne a, elle, progressé de 4 % pour se monter, fin 2018, à 12,9 Mds€. Quoi qu’il en soit, « on n’a jamais autant distribué de crédits! 2017 était une année record, 2018 l’a été aussi, et peut-être que 2019 le sera aussi… », espère Nicolas Langevin. Preuve de cette confiance, la banque poursuit son plan d’investissement 2016-2020 de 102 M€, qui verra les agences rénovées – 60 % l’ont déjà été – et surtout l’ouverture, en novembre prochain, du nouveau siège social place Jeanne d’Arc, qui devrait rassembler 400 salariés.

NOUVEAU SIÈGE EN NOVEMBRE

De manière plus générale, le Crédit agricole de Haute-Garonne se veut engagé « dans un nouveau projet d’entreprise » qui devrait aboutir d’ici à 2024, et par lequel « nous voulons devenir un vrai créateur de liens, un facilitateur pour nos clients, comme pour les autres, sur ce territoire », professe Nicolas Langevin – par exemple en permettant, à partir de juin, aux clients de la banque d’utiliser les salles de réunion des agences comme espaces de co-working. Tout comme la création de nouveaux services obéira d’abord au besoin, et non à la seule rentabilité, « car le financier est la conséquence de l’utilité ». Surtout, la digitalisation engagée par la banque « nous a permis de dégager du temps, que nous allons mettre à profit pour augmenter nos relations. Ces contacts supplémentaires nourriront la satisfaction et augmenteront les ventes », espère-t-on au Crédit agricole. En particulier vis-à-vis des agriculteurs avec lesquels « il ne faut pas avoir qu’une relation bancaire, mais aussi humaine »… Reste à savoir si ces belles intentions se concrétiseront, et sauront convaincre.

Une mission à laquelle participera la nouvelle directrice générale adjointe du Crédit agricole de Haute-Garonne, Agnès Coulombe. Âgée de 53 ans, elle a fait toute sa carrière depuis 30 ans au sein du groupe, depuis ses premières responsabilités au sein de la Caisse de la Brie dans le marketing et les RH jusqu’à, dernièrement, son poste de directrice générale adjointe de la filiale Crédit du Maroc.