Le courant passe bien avec Leroy Biotech

La PME de Saint-Orens-de-Gameville développe avec succès plusieurs applications d’électrochimiothérapie, depuis la médecine vétérinaire jusqu’au traitement des vendanges.

Du 3 au 6 septembre, le centre de congrès Pierre Baudis accueillera le congrès mondial de l’électroporation. Autrement dit, de la communauté scientifique et des industriels qui utilisent des impulsions électriques pour, au choix : traiter des cancers, extraire des sucres, stériliser des aliments ou encore améliorer le goût du vin. Un rendez-vous auquel ne manquera pas de participer Leroy Biotech, une PME de Saint-Orens-de-Gameville, qui en l’espace seulement de quatre ans, est devenue l’un des leaders mondiaux du marché dans la fabrication de générateurs destinés au traitement des tumeurs par électrochimiothérapie en clinique vétérinaire.

Face à son concurrent italien, le succès de la petite société de sept personnes s’explique, selon son directeur général Loïc Royant, par le fait qu’« aujourd’hui, quand un vétérinaire traite une tumeur sur un animal, il va devoir par exemple facturer la consultation autour de 100-150 € pour un chat. Si vous lui fournissez une machine qui coûte ordinairement 25 K€, vous imaginez le temps qu’il va mettre pour rentabiliser sa machine ! » Aussi, quand Leroy Biotech s’est lancée sur ce marché, « nous nous sommes fixés comme objectif de vendre une machine au prix maximal de 5000€, de sorte que le vétérinaire puisse la rentabiliser au maximum en un an et demi. Du coup, notre machine, qui est extrêmement simple d’utilisation, a rencontré un franc succès, puisqu’elle est cinq fois moins chère que celle de notre concurrent italien », se félicite Loïc Royant, qui estime à 200 le nombre d’exemplaires de l’Electrovet EZ vendus à ce jour dans le monde.

DESTINATION L’INDE

Mais si les générateurs à usage vétérinaire représentent encore 80 % de son chiffre d’affaires – 460 K€ en 2018, 550 K€ visés cette année — « nous avons depuis dépassé le seul cadre de l’oncologie vétérinaire », poursuit le dirigeant, « car nous nous sommes aperçus que des laboratoires avaient d’autres besoins, pour leurs travaux de recherche ». Marché plus prometteur encore, celui de la médecine humaine, pour lequel Leroy Biotech est en train de faire certifier sa technologie pour le traitement d’un type particulier de tumeur, le carcinome basocellulaire : un grain de beauté qui a mal évolué, et qui ne peut pas être simplement ôté par chirurgie. Certes, des soins par électro- chimiothérapie existent déjà, reconnaît Loïc Royant, « mais leurs machines coûtent horriblement cher : plus de 130 K€ ! » Un prix prohibitif, en particulier dans les pays en voie de développement comme l’Inde où, en visite avec le président de Leroy Biotech, Jean-Baptiste Leroy, Loïc Royant s’est rendu compte que « comme il n’est pas possible de traiter les gens dans les hôpitaux à cause de ce prix élevé », il faudrait développer une machine « au prix de vente entre 10 et 20 K€, qui correspond à la capacité d’investissement des Indiens ». Mais comment réduire d’autant le prix ? « Il suffit de produire un peu plus en série, et de simplifier l’appareil au maximum », notamment en remplaçant l’écran de contrôle – que le praticien ne regarde pas de toute façon, concentré qu’il est sur son geste – par des bips sonores, qui l’informent de la réussite ou non de l’impulsion électrique.

Les essais cliniques sur l’homme pour l’obtention du marquage CE commenceront en 2020 pour trois mois, suivis de six mois de délai pour confirmer les résultats des études menées sur une vingtaine de patients ; avant une commercialisation envisagée début 2021, avec l’Inde et l’Afrique du nord comme marchés prioritaires. Dans le même temps, Leroy Biotech continue de développer une autre solution, Electrowine, destinée comme son nom l’indique au traitement des vendanges et du vin pour en améliorer la qualité, et diminuer l’usage de sulfites. Une activité financée par des fonds européens Feder et de la région Occitanie à hauteur de 20 % de son chiffre d’affaires.

L’électrochimiothérapie, késako ?

L’électrochimiothérapie est une technique qui combine l’injection de produits chimiothérapiques dans une cellule cancéreuse et l’application d’impulsions électriques. « Ces impulsions perméabilisent la paroi des cellules cancéreuses, permettant au produit de pénétrer à l’intérieur et de les détruire. En Europe, cette technique d’électroperméabilisation ou électroporation a été utilisée sur plus de 5 000 patients, donnant de bons résultats. D’ailleurs, les recherches se poursuivent pour appliquer cette technique à des tumeurs internes, au foie et au poumon ».

REPÈRES

Leroy Biotech est une filiale du groupe Axseam, qui comprend également Leroy Automotion, une PME installée depuis une trentaine d’années à Saint-Orens de Gameville. Elle est spécialisée dans les composants d’automatisme pour les marchés ferroviaires, militaires et industriels. Elle emploie 49 salariés et réalise de l’ordre de 10 M€de chiffre d’affaires.