Le CNPE de Chooz a produit 12,7 TWh malgré les aléas sanitaires

Laurent Berthier, directeur du centre nucléaire de production d’électricité de Chooz.

Directeur du centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) de Chooz, Laurent Berthier revient sur une année 2020 délicate et évoque les enjeux à venir.

«Éprouvante », tel est le qualificatif choisi par Laurent Berthier, le directeur de la centrale nucléaire de Chooz pour qualifier une année 2020 « complètement inédite à cause d’une crise sanitaire qui a bouleversé nos vies familiales et professionnelles ».

Le centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) a toutefois été en capacité d’adapter son organisation à ce contexte particulier en trouvant les solutions pour dérouler son programme industriel et assurer la sécurité et la santé de ses salariés et prestataires. L’exercice 2020, particulièrement dense, aura ainsi été marqué par une visite décennale de l’unité de production numéro un, une opération extrêmement importante qui a mobilisé les équipes pendant six mois. Ces 180 jours ont permis de réaliser de gros travaux de contrôle et de maintenance et d’améliorer de façon notable le niveau de sûreté. 

Cette opération qui a mené EDF à investir 100 millions d’euros pour réaliser 20 000 activités et a impliqué 2 000 prestataires, était une étape importante pour le site de la Pointe des Ardennes, d’autant qu’elle avait été précédée quelques mois plus tôt d’une action identique sur l’unité de production numéro deux. Au terme de ces deux actions, la centrale a obtenu une validation d’exploitation pour dix années supplémentaires avec une installation rénovée et du matériel encore plus fiable. 

« Ces chantiers étant maintenant derrière nous, on peut maintenant regarder devant en s’inscrivant dans un nouveau cycle de production avec, en ligne de mire des projets et les troisièmes visites décennales programmées en 2029 et 2030. Car nous avons l’ambition de mener la centrale à 60 ans »

22 EMBAUCHES 

Contraint à un arrêt intégral de production en raison d’un accord transfrontalier entre la France et la Belgique, à un arrêt de plusieurs semaines en raison de son impact potentiel sur le débit de la Meuse déjà limité du fait de la météo, ralenti aussi par l’arrêt le 13 décembre du réacteur numéro un en raison d’un problème technique et obligée de composer avec la crise du corona virus, la centrale, a tout de même produit 12,7 TWh pour le réseau électrique français en 2020. Soit l’équivalent de 30 % de la consommation électrique de la région Grand Est et 3,8 % de la production nucléaire nationale. 

Dans le domaine de la sûreté, elle a déclaré seulement 23 évènements significatifs et n’a connu aucun départ de feu marquant, ce qui représente un vrai marqueur de qualité d’exploitation. « Il n’y a pas eu d’arrêt automatique pendant 26 mois », précise le directeur. 

« ON TIRE L’ÉCONOMIE LOCALE » 

Concernant, les ressources humaines, la centrale emploie 764 agents en plus des 200 prestataires permanents œuvrant dans des activités comme le montage, des échafaudages, le gardiennage, la documentation et la frappe des documents. Elle a procédé en 2020 à l’embauche de 22 salariés dont 15 Ardennais. 

Elle a, par ailleurs, finalisé un conséquent programme de formation de 51 000 heures qui montre que l’équipement nucléaire exige un développement des compétences pour assurer son bon fonctionnement. Laurent Berthier se plait par ailleurs à souligner que si la centrale nucléaire de Chooz fait travailler 1 000 familles et tout le commerce de la Pointe des Ardennes, elle reverse aussi, au travers des taxes et impôts, 80 millions d’euros par an dont 43 millions aux territoires. Que ce soit, au Grand Est, au Département, à la Communauté de communes Ardennes Rives de Meuse et aux communes situées à proximité du site. Elle assure aussi 20 millions d’euros de prestations à diverses PME ardennaises impliquées dans ses commandes. « C’est la preuve qu’on contribue aussi à l’économie locale. » En 2021, un second arrêt simple rechargement (ASR) destiné à un renouvellement de combustible et à des travaux de maintenance est d’ores et déjà prévu. Il aura lieu le 16 octobre, concernera l’unité de production numéro un, s’étalera sur 80 jours et nécessitera un investissement d’une quarantaine de millions d’euros de la part d’EDF. « Nous avons pour objectif, cette année de produire 18 TWh », annonce Laurent Berthier qui espére déjà retrouver un rythme de fonctionnement normal.