Le club des Mécènes de la Marne à la recherche de nouveaux projets

Le club des Mécènes de la Marne a participé à la rénovation de la façade de l’ancienne boucherie Saint-Vincent, à Cormicy.

Le club des Mécènes de la Fondation du Patrimoine de la Marne a repris ses activités après une période de veille due à l’épidémie de Covid-19. Chaque année, le club sélectionne et soutient financièrement trois ou quatre dossiers de restauration de patrimoine.

Rendez-vous était donné à Cormicy, petit village de la Marne, à proximité immédiate de la vallée de l’Aisne, où un de ses bâtiments remarquables a trouvé une nouvelle jeunesse et une nouvelle utilité, notamment grâce au soutien du club des Mécènes de la Marne de la Fondation du Patrimoine. Lors de cette visite, les mécènes ont pu prendre conscience de l’ampleur des travaux effectués. Passionné de son village et de patrimoine, le maire, Dominique Décaudin expliquait : « Le village a été entièrement détruit durant la Première Guerre mondiale. Il a été reconstruit grâce à un seul architecte, Roger Bouvard, qui lui a conféré sa particularité : celle d’avoir des maisons construites en briques silico-calcaires, très difficiles à retrouver, avec chacune des frises différentes. »

TROIS CELLULES COMMERCIALES CRÉÉES À L’INTÉRIEUR

Et si le plan médiéval a été maintenu dans ses grandes lignes, l’architecture choisie était typiquement urbaine et non rurale. C’est donc une des façades qui a fait l’objet de restauration. Ayant pignon sur la rue principale, à quelques mètres de l’imposante église en ossature béton, il s’agit de l’ancienne boucherie Saint-Vincent. « La boucherie a vu le jour en 1926 dans ce bâtiment de 577 m2. À l’époque, elle s’occupait non seulement de la vente de la viande, mais aussi de l’abattage des bêtes, dans la cour intérieure. » Le commerce de bouche a perduré jusqu’au début des années 2000, mais depuis une quinzaine d’années, il était à l’abandon. L’objectif était de restaurer entièrement le bâtiment pour en faire un nouvel usage, ce qui n’a pas été chose aisée. « Il fallait que le bâtiment garde son caractère », livre Dominique Décaudin. Au total, trois cellules commerciales ont été créées à l’intérieur avec un futur commerce de bouche, une entreprise de service à la personne ainsi qu’une annexe de l’office notariale SAS 1543 située avenue de Laon, à Reims. « Deux logements sont également prévus à l’étage ainsi que dans l’autre partie du bâtiment, un espace de co-working. »

Sur les 674 000 euros de travaux, comprenant l’intégralité du bâtiment, intérieur et extérieur, le club des Mécènes est uniquement intervenu sur ceux concernant la façade. 15 000 euros de dons ont ainsi été accordés sur une enveloppe de 95 000 euros. « Ce qui est important pour nous, c’est d’œuvrer pour un mécénat de proximité », insiste François Henrion, président du club. « Outre apporter une aide financière pour restaurer notre patrimoine, c’est aussi apparaître comme un levier, un gage de sérieux pour pousser des projets qui le méritent auprès d’autres instances comme la Région ou l’État qui est important. » Concernant la boucherie Saint-Vincent, la mairie de Cormicy a ainsi bénéficié d’aides de la Région au titre de la réhabilitation des friches artisanales et commerciales.

Le club des Mécènes apporte également une expertise de la part de ses membres dont, la plupart, font partie du secteur du bâtiment ou de l’artisanat. « La compétence technique est importante pour faire les bons choix de qualité de restauration », précise Pierre Possémé, président de la Fondation du Patrimoine de la Marne. « Les personnes qui composent ce club, outre le fait d’être de bons techniciens ont aussi un amour et une curiosité pour tout ce qui touche à l’histoire du patrimoine. C’est pourquoi nous accueillons aussi bien de grands groupes comme Eiffage, qu’une petite entreprise de deux salariés », poursuit-il.

Le club des Mécènes de la Marne, créé en 2015, est aussi le plus important de France fort de ses 19 membres. Il a accompagné 13 projets de restauration depuis sa création à hauteur de près de 200 000 euros.Toujours à la recherche de nouveaux dossiers à aider, la volonté actuelle est de lancer un appel pour restaurer des bâtiments hors de Reims. « Voilà cinq ans que nous existons. Nous souhaitons aller chercher des projets pour mailler le territoire, mais aussi de nouvelles entreprises mécènes, qui viendraient de tout le département », souligne François Henrion. Lors de la dernière assemblée générale, c’est un ainsi le projet de restauration d’une église à pans de bois du XVIIe siècle, située à Drosnay, à la frontière de la Haute-Marne qui a été étudié.

La Fondation du Patrimoine poursuit ses actions

La fondation du patrimoine, dont dépend le club des Mécènes, est très active en Champagne Ardenne, grâce au patrimoine exceptionnel dont est composé la région. Les Champardennais sont traditionnellement très attachés à leurs bâtiments, aussi bien ceux qui ont résisté à la Première Guerre mondiale – car ils sont peu nombreux – que ceux issus de la reconstruction, édifiés par des architectes du mouvement art déco.

Ainsi, la Fondation du Patrimoine de Champagne-Ardenne a collecté 1 044 334 euros en 2019 pour 1 636 dons et 248 600 euros en 2020 pour 364 dons. « L’année 2019 aura été excellente pour la Fondation, nous avons pu constater une hausse de 19 % du montant des dons par rapport à 2018. Cependant, nous avons vécu un vrai coup d’arrêt des dons dans les mois d’avril et mai pour diverses raisons », indique Bernard de Lauriston, chargé de mission auprès de la Fondation. Cela a obligé la Fondation à revoir son budget et ainsi, à estimer une diminution de 50 % du montant des dons, par rapport à ce qui était prévu.

Néanmoins, des chantiers assez emblématiques sont en cours et à venir. Les deux chantiers les plus importants de ces deux dernières années sont le château Perrier à Epernay et les anciens pressoirs Pommery à Aÿ.

PRÈS DE 780 PROJETS PUBLICS ET PRIVÉS DEPUIS 2000

« Ce sont deux dossiers avec un potentiel de mécénat très important puisque les maisons de champagne sont associées et prouvent à nouveau leur générosité », poursuit Bernard de Lauriston. Toutefois, le contexte économique actuel peut changer la donne.

Les trois chantiers importants en prévision concernent la restauration de la basilique Saint-Remi à Reims, la cathédrale de Troyes et la basilique de Chaumont. Ces trois dossiers ont également un très grand potentiel de mécénat. Depuis 2000, année de sa création, la Fondation du Patrimoine en Champagne-Ardenne a accompagné près de 780 projets publics et privés pour un montant de travaux de 107 213 422 euros permettant ainsi de maintenir ou générer plus de 3 200 emplois. « Cela montre bien que la Fondation du Patrimoine a un vrai rôle social », souligne Pierre Possémé, son président en Champagne-Ardenne.

Pierre Possémé et François Henrion accompagnent Benoît Ecrepont (à droite) de la société Cheyere, entreprise de métallerie / serrurerie qui signe une convention pour intégrer le club des Mécènes.