Le chômage toujours élevé des entrepreneurs

L’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, réalisé annuellement par la société Altares et l’association GSC, montre qu’ils sont plus de 50000 à avoir perdu leur emploi en 2018. En Bourgogne Franche-Comté, entre 2017 et 2018, on est toutefois sur une situation quasi-stable.

Est-ce un trou d’air passager ou l’amorce d’une tendance défavorable ? Toujours est-il que, selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, réalisé pour la troisième année par la société Altares et l’association GSC (*) la baisse du nombre d’entrepreneurs ayant perdu leur emploi a marqué le pas en 2018. À l’échelle française, ils sont 50185 à avoir été confrontés à une liquidation judiciaire (+0,3 % par rapport à 2017). À titre de comparaison, en 2016, ils étaient 55000. Plus du tiers (35,8 %) des dirigeants touchés par la perte de leur emploi en 2018 a plus de 50 ans. On pourrait s’attendre à ce que les entrepreneurs plus expérimentés soient mieux préparés aux aléas. Mais aujourd’hui, le modèle économique doit être sans cesse repensé sous peine de fragiliser l’entreprise. Cette nécessaire agilité n’est pas toujours aussi bien ancrée chez les quinquagénaires qui pilotent leur entreprise depuis longtemps que chez les jeunes. Pour autant, les plus jeunes ne sont pas épargnés : 10 % des dirigeants français qui ont perdu leur emploi en 2018 ont moins de 30 ans. Les chiffres montrent même une progression de 6,7 % du chômage chez les entrepreneurs de moins de 26 ans.

LA BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ EN MILIEU DE CLASSEMENT

Une augmentation qui s’explique en partie par une dynamique forte de création d’entreprises depuis deux ans chez les jeunes. Une majorité de régions en France (9 sur 13) est touchée par la hausse du nombre d’entrepreneurs en situation de perte d’emploi. C’est notamment le cas de la Bourgogne Franche-Comté même si c’est une quasi-stabilité qui s’observe dans notre région (hausse de 0,5 % des pertes d’emploi entre 2017 et 2018). Très loin des +7,3 % observés en Île-de-France mais aussi très au-dessus des -7 % de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). En fait près de la moitié des pertes d’emploi est concentrée sur l’Île-de-France (23 %), la région Auvergne Rhône Alpes (12 %) et PACA (10 %). Notre région figure en milieu de classement, avec une situation meilleure que dans la région Grand Est, (+0,8 %) ou Centre-Val de Loire, (+0,9%). En revanche, Auvergne Rhône-Alpes voit son nombre d’entrepreneurs confrontés à une liquidation judiciaire en forte baisse (-4,2 %). Sur la structuration de ces pertes d’emploi ce sont les artisans, les commerçants, les gérants de TPE qui sont les plus impactés. Ainsi, 6650 artisans-commerçants ont perdu leur emploi en 2018. Ce nombre est certes en baisse mais reste à un niveau élevé; tout comme celui des professions libérales, avec 1050 entrepreneurs au chômage (en hausse de 1,6 %). Les gérants de SARL, avec 27919 sans emploi, forment l’essentiel des pertes nationales (en baisse de -5,7 %). Par ailleurs, 11958 autres dirigeants étaient à la tête d’une SAS. Cette hausse de 28,1 % par rapport à l’an passé s’explique notamment par l’augmentation des créations d’entreprise sous ce statut juridique depuis trois ans. Ainsi, 17359 des entrepreneurs concernés se trouvaient à la tête d’une société dont le chiffre d’affaires était inférieur à 500000 euros (78%), confirmant ainsi que les petites structures sont les plus vulnérables. Et 74,8 % des entreprises touchées emploient moins de trois salariés. Les entrepreneurs du bâtiment (25 %) et du commerce (23 %) représentent toujours la moitié des pertes d’emploi malgré une légère baisse (-1,6 % et -2,1 %). À noter que dans ces catégories, le nombre de pertes d’emplois est néanmoins en baisse continue depuis 2014.

DIFFICILE POUR LES ACTIVITÉS PEU TRANSFORMABLES

Les dirigeants exerçant dans les professions en contact direct avec les consommateurs et dont l’activité n’est pas aisément transformable sont les plus exposés. En particulier, 1051 boulangers et pâtissiers, 5253 restaurateurs, et 879 coiffeurs ont perdu leur emploi. Les entrepreneurs du secteur du transport routier de voyageurs connaissent un niveau très élevé de perte d’emploi et en particulier les taxis et VTC avec 472 entrepreneurs sans emploi (+66,8 %). Les secteurs juridiques et comptables subissent également une augmentation significative de 30,3 % avec une hausse marquée pour les structures spécialisées dans le domaine juridique. À l’inverse, le commerce de l’habillement a vu le nombre de ses pertes d’emplois pour les entrepreneurs en forte baisse de 6,7 % en 2018.

(*) Altares est un groupe expert de l’information sur les entreprises. L’association GSC est la réponse qu’ont élaborées les organisations patronales face au besoin de protection chômage des indépendants. Elle a souscrit le contrat d’assurance de groupe GSC auprès d’un pool d’assureurs (Groupama, Allianz, Générali, SMABTP). Elle est administrée par le Medef, la CPME et l’U2P qui l’ont conçue en 1979.

Sur cette carte, la situation en Bourgogne Franche-Comté n’apparaît pas comme la pire de France en 2018. Toutefois, une forte hausse des pertes d’emplois chez les entrepreneurs peut aussi être la conséquence d’un fort dynamisme en termes de création d’entreprises et dans ce domaine, la BFC n’est pas non plus dans le peloton de tête.

La forte proportion d’entrepreneurs de plus de 50 ans ayant perdu leur emploi en 2018 trouve peut-être ses racines dans une moindre capacité à s’adapter à des contextes toujours plus mouvants.