Les fibres de chanvre sont de plus en plus présentes dans les bio-plastiques et matériaux composites.
La culture du chanvre a bien failli disparaître, faute d’intérêt. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Bien au contraire : les industriels sont de plus en plus nombreux à ne jurer que par cette fibre végétale dont l’Aube est le premier producteur européen. « En 2016, l’édition précédente du colloque Fibres naturelles et polymères était en quelque sorte un moment fondateur ayant permis de constater l’intérêt porté par les industriels alors que 2019 marque le déploiement à grande échelle des utilisations des matériaux biosourcés à base de fibres comme le chanvre et le lin par exemple », note Pierre Bono, directeur général de FRD (Fibre Recherche Développement), la structure d’innovation dédiée à la valorisation des fibres végétales en matériaux et qui est basée à Troyes. Plus de 180 industriels, producteurs, chercheurs ou encore enseignants ont participé à ce cinquième colloque organisé à l’Université de Technologie de Troyes. Cette réunion a été l’occasion de faire un tour d’horizon de l’intégration de matériaux biosourcés dans le domaine de la plasturgie et des composites. Bonne nouvelle, tous les éléments convergent en faveur de l’intégration de fibres végétales dans les bio-plastiques dans des secteurs industriels de premier plan comme l’automobile par exemple. « L’enjeu des constructeurs automobiles est celui de l’allègement des véhicules pour réduire les consommations », précise Pierre Bono. À l’occasion de ce colloque, le représentant de l’équipement Faurecia annonçait l’objectif de porter de 20 % à 40 % la part des plastiques biosourcés dans leurs productions. Les fibres végétales offrent de par leur légèreté de nombreuses solutions pour des pièces thermocompressées utilisant des non-tissés de lin ou de chanvre, ou des pièces injectées renforcées en fibres végétales. Ces pièces élaborées avec du chanvre sont déjà bien présentes, par exemple dans les planches de tableaux de bord de 13 millions de véhicules en circulation ! Salomon pour sa part a recours à une association de fibres de carbone et de lin pour la fabrication de 35% de sa gamme de skis et snowboards.
NOUVELLE USINE DANS L’AUBE
Et c’est loin d’être terminé d’autant que la diversité des produits composites associant plusieurs matériaux ouvre un large champ d’applications aux fibres végétales. « Certains avions sont aujourd’hui construits avec 50 % d’éléments composites », rappelle Frédéric Reux, de JEC Group. Là aussi c’est la course à l’allègement des structures, et par conséquent de la consommation de carburant et d’émissions de gaz à effet de serre, qui donne des ailes aux matériaux composites dont la croissance annuelle va inévitablement se poursuivre. Et c’est loin d’être fini car d’autres secteurs importants s’ouvrent aux produits élaborés à partir de fibres végétales.
C’est par exemple le cas de l’emballage, à la recherche de nouveaux matériaux solides et biodégradables, des qualités que les fibres comme le chanvre servant à fabriquer autrefois les cordes, présentent bien évidemment. De quoi donner le sourire à Benoît Savourat, président de FRD et de la Chanvrière de l’Aube, la coopérative agricole auboise regroupant 400 producteurs de chanvre et qui construit actuellement une nouvelle usine à Saint-Lyé, aux portes de l’agglomération troyenne.