Le CESER propose au Conseil régional d’aller encore plus loin dans l’affirmation de l’égalité femmes/hommes

Le CESER rappelle que la cohésion sociale est un véritable enjeu pour les pouvoirs publics.

Parmi les dossiers abordés par le CESER lors de sa dernière séance plénière, celui de la défense et du développement de l’égalité femmes/hommes vient étoffer les dispositifs en cours et notamment le Plan pluriannuel 2019-2022.

Parmi les cinq dossiers abordés par le CESER, Conseil Economique, Social et Environnemental Régional, deux sont des saisines du Conseil Régional : « L’égalité entre les femmes et les hommes et son lien avec la cohésion sociale » et « Comment organiser la société civile transfrontalière du Grand Est ». Les trois autres sont des rapports initiés par le CESER : « Le vieillissement de la population dans le Grand Est, comment répondre à la pluralité des parcours de vie »« La Région chef de file pour une coordination nécessaire des politiques de jeunesse » et une vision prospective autour du thème « Impulser une citoyenneté active et responsable pour se réapproprier le développement humain et durable de nos territoires ». Dans les deux premiers rapports, le CESER répond à une demande du Conseil Régional, dans les trois suivants, il propose des pistes de réflexion à l’Assemblée exécutive.

La question sur l’égalité femmes/hommes en lien avec la recherche de cohésion sociale, s’inscrit dans le cadre de la Charte européenne signés par la Région, voici trois ans et la volonté du Président de la République de faire de ce thème une grande cause nationale. Si l’Etat français accumule sur le sujet de nombreuses lois, depuis le vote des femmes en 1944 jusqu’à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles aujourd’hui, le CESER note : « Le compte n’y est pas » et souligne cette phase sordide de l’actualité : « Le confinement mis en place pour limiter la propagation de la pandémie a conduit à une forte hausse des violences aux femmes dans le cadre du foyer. Une hausse de 30% des plaintes selon le Ministère de l’Intérieur ».

PERSISTANCE DES FILIÈRES ET DES OPTIONS GENRÉES

Au lycée, dans l’enseignement supérieur, en apprentissage, en emploi ou dans les carrières professionnelles, le CESER insiste : « Une persistance des filières genrées ». S’appuyant sur le constat de l’INSEE, le rapport cite le salaire des femmes inférieur de 18,5% à celui des hommes et ne s’arrête pas là : « Les inégalités de salaires sont encore plus fortes chez les cadres supérieurs, échelon pour lequel la différence est de 21% ». Cette situation, en passant par le fameux plafond de verre des emplois supérieurs, est encore pire en fin de carrière : « La pension de base des femmes est inférieure de 42% à celle des hommes ».

Du côté de la politique, les progrès sont quasiment en trompe-l’œil. Même si la part des députées est passée de 6% à la fin des années quarante à près de 40% en 2017, et celle des sénatrices de 2% dans les années soixante-dix à 30% en 2017, la parité à la tête des exécutifs reste un mirage : 10 présidentes de conseil départemental pour 101 départements et 3 présidentes à la tête d’une Région sur 13 Régions en Métropole et 5 en Outre-Mer.

UN GRAND EST MAUVAIS ÉLÈVE POUR LES SALAIRES DES FEMMES

En région, les femmes représentent 51% de la population contre 51,5% au niveau national. Le CESER dresse dans ce rapport un tableau comparatif Grand Est France des deux sexes face à 16 indicateurs. Le différentiel des écarts filles/garçons ou femmes/hommes est spectaculaire lorsque les écarts régionaux son supérieurs à la moyenne nationale.

C’est le cas pour la part des lycéens inscrits dans la voie professionnelle (38% pour les garçons et 32,6% pour les filles) un écart de 1% supérieur à la moyenne métropolitaine. Idem pour la part des 15 à 64 ans travaillant à temps complet et ayant des enfants (45,3% pour les femmes et 77,6% pour les hommes) avec un écart supérieur de 3,8% à la moyenne.

Le tableau du CESER vise également deux autres indicateurs : le salaire net moyen annuel, avec un écart de 1,3% ou la part des jeunes qui vivent chez leurs parents, avec un écart 1,8%. Sur ces quatre critères, la situation des filles et des femmes est plus désavantageuse dans le Grand Est qu’en moyenne métropolitaine.

Comparant l’écart salarial entre les femmes et les hommes, le CESER pointe le mauvais classement de la région : 11e sur 13, avec un écart de 20,3% juste devant la Provence-Alpes-Côte d’Azur (20,5%) et Auvergne-Rhône-Alpes (20,7%). Au rang des bons élèves, l’INSEE mentionne la Corse, avec un écart de 15,9% et la Nouvelle-Aquitaine (17,8%).

L’ÉGALITÉ DES SEXES, UN OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Le CESER rappelle que la cohésion sociale est un véritable enjeu pour les pouvoirs publics, il la définit ainsi : « La cohésion sociale est étroitement liée aux droits humains … Ce concept universaliste et égalitaire est incompatible avec les systèmes et régimes fondés sur la supériorité d’une caste, d’une race, d’un peuple, d’une classe ou d’un quelconque groupe social par rapport à un autre et, par conséquences, des hommes sur les femmes… Une société bâtie sur la domination d’une moitié de ses membres sur l’autre moitié, dans un pays démocratique, est, sur le long terme, destructrice de cette cohésion ». La référence suprême du rapport vient de l’Organisation des Nations Unies, présentant l’égalité des sexes comme le cinquième des 17 objectifs du développement durable de son Agenda 2030, derrière la fin de la pauvreté, de la famine, l’avènement de la bonne santé, du bien-être et celui d’une éducation de qualité.

AGIR POUR L’ÉGALITÉ FEMMES HOMMES, LES PRÉCONISATIONS DU CESER

Le CESER propose d’agir sur huit thématiques essentielles. Il cite ainsi l’éducation (limiter la propagation des stéréotypes genrés et appliquer une tolérance zéro envers les discours et les actes sexistes), la formation professionnelle (intégrer un indicateur égalité dans les dispositifs régionaux), l’entrepreneuriat (favoriser la création d’entreprise par les femmes), le soutien aux associations sportives et culturelles, l’espace public (féminiser les noms de rues, de places, d’écoles …), le partage des initiatives des collectivités ou des entreprises en matière d’égalité, la lutte contre le sexisme et le harcèlement sexuel.

Le CESER suggère des actions complémentaires au Plan pluriannuel 2019-2022 en faveur de l’égalité, au sein de l’administration régionale et des politiques d’intervention de la Région. Ces actions visent notamment les ressources humaines, l’orientation des jeunes, le sport et le développement économique, la culture, la santé, la vie associative, l’emploi et l’éducation populaire.

Les préconisations du CESER viennent étoffer les cinq axes du Plan pour l’égalité femmes/hommes, voté par le Conseil régional en Octobre 2019 : promouvoir l’égalité femmes hommes dans la gestion et le pilotage des ressources humaines, sensibiliser le public jeune, développer les politiques régionales en faveur de l’égalité, promouvoir la Charte de l’égalité et soutenir les acteurs et les initiatives en la matière.