Le bureau post-confinement se redéfinit

Contrairement aux idées reçues et malgré le fait que la majorité des répondants souhaitent poursuivre l’expérience du télétravail, le travail au bureau ou en entreprise n’a donc pas dit son dernier mot.

Une étude réalisée par la Chaire Workplace Management de l’ESSEC Business School sous la direction du Professeur Ingrid NAPPI, révèle la manière dont les employés de bureau appréhendent leurs espaces de travail quatre mois après le déconfinement en temps de crise sanitaire du Covid-19 : quelles sont leurs attentes concernant les types d’espace de travail souhaités, quels impacts sur le bureau post-confinement, mais également quels modes de travail idéal dans l’espace tertiaire.

Réalisée sur la base d’une enquête menée en ligne du 7 au 20 septembre 2020[1], l’originalité de l’étude menée par les chercheurs universitaires de la chaire de recherche est d’identifier les associations statistiquement significatives entre certaines catégories d’appartenance des répondants et leur choix d’espaces de travail les plus adaptés à leurs besoins, tant en termes de mode de travail que d’espace physique (Test Chi-deux et Test Z pour des proportions).

Cette enquête étudie également pour la première fois et de manière rigoureuse la répartition idéale du temps de travail entre le travail d’une part en entreprise, à la maison et dans les tiers-lieux. Enfin, l’étude s’intéresse également au lien statistiquement significatif entre l’envie ou non de déménager suite au confinement et la possibilité de travailler à distance.

Les enseignements majeurs qui ressortent de notre enquête :

UNE PRÉFÉRENCE POUR LES ESPACES DE TRAVAIL À FAIBLE DENSITÉ DE PERSONNES

Déjà lors de la première édition de l’enquête en avril 2020, cette tendance s’était faite ressentir avec 68 % de préférence exprimée pour ce types d’espaces : ainsi, nous avions comptabilisé 33 % de préférence pour le bureau individuel, 10 % pour le bureau partagé et 25 % pour le télétravail.

En septembre 2020, cette tendance se confirme clairement puisque nous retrouvons 40 % de préférence pour le bureau individuel, 21 % pour le bureau partagé et 19 % pour le télétravail. Nous passons donc désormais à 80 % de préférence pour les espaces à faible densité de personnes.

Post-confinement et en temps de crise sanitaire, les employés de bureau préfèrent donc travailler dans un espace avec peu de personnes.

LE LIEU DE TRAVAIL POST-CONFINEMENT…

Idéalement, les répondants souhaitent passer 55 % de leur temps de travail en entreprise, 37 % du temps de travail à la maison, 6 % du temps de travail dans des tiers-lieux et les 2 % restants du temps dans d’autres lieux.

Contrairement aux idées reçues et malgré le fait que la majorité des répondants souhaitent poursuivre l’expérience du télétravail, le travail au bureau ou en entreprise n’a donc pas dit son dernier mot. De plus, il s’avère que les tiers-lieux semblent désormais très peu plébiscités par les employés de bureau.

…EN ENTREPRISE, À LA MAISON OU DANS LES TIERS-LIEUX : LA PRÉFÉRENCE DÉPEND DE LA CATÉGORIE D’APPARTENANCE DES RÉPONDANTS

• En entreprise

En effet, on constate par exemple que le statut professionnel des répondants influence le choix de la proportion du temps travail qu’ils souhaitent passer en entreprise.

Ainsi, les fonctionnaires sont ceux qui souhaitent passer le plus de temps en entreprise (64 % de leur temps de travail).

La catégorie socio-professionnelle a également une incidence : les cadres dirigeants sont ceux qui souhaitent travailler le moins de leurs temps de travail en entreprise : en moyenne, 45 % de leur temps de travail contre 56 % pour les employés et 52 % pour les cadres (différence significative).

Le type d’espace de travail habituel a aussi son rôle à jouer : on observe effectivement que ceux qui travaillent dans des bureaux individuels ou partagés (moins de 6 personnes) sont ceux qui veulent passer le plus de leur temps de travail en entreprise (différence significative). Respectivement, dans la répartition idéale 61% et 58 % de leur temps de travail.

• A la maison

Ici, ce sont les travailleurs indépendants qui souhaitent passer la majeure partie de leur temps de travail à la maison (45 % du temps) alors que les salariés d’entreprise ne s’y voient que pour 40 % de leur temps et les fonctionnaires 29 %.

Par ailleurs, ce sont ceux habitués à travailler majoritairement en flex-office et open space qui travailleraient le plus depuis leur domicile (42 % du temps de travail) alors que ceux qui travaillent dans des bureaux individuels et bureaux partagés souhaitent respectivement y travailler pour 32 % et 35 % de leur temps.

• Dans des tiers-lieux

Les tiers-lieux bien que peu plébiscités emportent, quant à eux, les préférences des travailleurs indépendants puisqu’ils y passeraient 14 % de leur temps (contrairement aux salariés d’entreprise [6 % du temps] et aux fonctionnaires [4 % du temps]) ; des cadres dirigeants qui y consacreraient 10 % de leur temps contre 6 % du temps pour les cadres et employés ; et des usagers de flex-office qui souhaitent y travailler 10 % de leur temps contre environ 5 % pour ceux qui travaillent dans des bureaux fermés (individuels et partagés) et open space.

En somme, quatre mois après le déconfinement, les employés de bureau sont retournés travailler au bureau tout en alternant avec quelques jours de télétravail par semaine.

Les tiers-lieux, qui étaient en pleine croissance avant le confinement, ont perdu leur attrait, probablement en lien avec le fait que les employés de bureau souhaitent désormais majoritairement travailler dans des espaces à faible densité de personnes (bureau individuel, bureau partagé ou télétravail).

Ils emportent toutefois la faveur de certaines catégories de répondants qui expriment le fait de souhaiter y passer la majeure partie de leur temps de travail.

D’ailleurs, on constate que le souhait de travailler principalement en entreprise, à la maison ou dans des tiers-lieux dépend de la catégorie d’appartenance des répondants.

Par la Chaire Workplace Management de l’ESSEC Business School