Le bilan de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne

Ursula von der Leyen, Angela Merkel et Charles Michel lors du dernier Conseil de l’Europe des 10 et 11 décembre 2020.

La présidence tournante de l’UE a porté aux affaires le Portugal après six mois de leadership allemand.

Depuis le 1er janvier 2021, le Portugal a pris la succession de l’Allemagne à la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Les États membres qui assurent la présidence travaillent en étroite collaboration par groupe de trois, appelés « trios ». Le trio fixe les objectifs à long terme et élabore un programme commun définissant les thèmes et les grandes questions qui seront traités par le Conseil au cours d’une période de dix-huit mois. Le trio actuel est composé des présidences allemandes, portugaises et slovènes.

Les six mois de la présidence tournante, entre juillet et décembre 2020, assurés par Berlin, ont été marqués par de nombreux événements au niveau européen, tels que la mise en place du Pacte vert, la gestion de la crise du corona- virus, ou encore le vote du budget européen et du plan de relance Next Génération EU. 

« Beaucoup de choses n’ont pas pu être réalisées – et c’est dommage. » Tel est le bilan mitigé dressé par la chancelière allemande Angela Merkel de la présidence du Conseil de l’Union européenne. L’Allemagne s’était préparée longuement et intensément à cette présidence dans l’objectif de nombreux projets et sujets lorsque la pandémie du Covid-19 est arrivée. 

La présidence allemande a effectivement été placée sous le signe de la lutte contre la pandémie de coronavirus, la dégradation de la situation économique et les difficiles négociations entre les Vingt-sept pour tenter d’y apporter une réponse commune. Elle s’est attachée à la négociation de mesures d’urgence et à la coordination entre les États pour tenter de limiter autant que possible les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la crise pour les citoyens européens. Cette première difficulté a fait prendre conscience qu’il fallait confier à l’UE des compétences en matière de santé. 

À l’issue de longues négociations, l’Union européenne a adopté un paquet destiné à renforcer l’UE après la pandémie de coronavirus. Il est composé du cadre financier pluriannuel d’un montant de 1 070 Mds € pour la période 2021-2027 et de ressources financières destinées à appuyer la relance. 

Le fonds de relance « Next Generation EU », doté de 750 Mds € est un nouvel instrument d’aide à très court terme. Il s’adresse surtout aux pays les plus touchés par les conséquences de la Covid-19. Ces ressources supplémentaires bénéficieront en premier lieu à certains domaines prioritaires, comme la santé, la protection du climat, le développement du numérique et les programmes d’échanges de jeunes. 

Le succès le plus marquant, voire historique, de la présidence allemande a été l’acceptation et la mise en place de l’emprunt conjoint européen assorti d’une clause de solidarité entre les États membres pour l’endettement commun de 750 Mds € d’aides à l’ensemble des pays de l’Union européenne. Le nouveau budget innove aussi à un autre égard : pour la première fois, le versement des fonds de l’UE est subordonné au respect des normes de l’État de droit. L’Allemagne s’est investie, jusqu’au dernier moment, en faveur de cette condition. 

L’Europe conserve sa position de tête de file pour la protection du climat : elle entend réduire ses émissions de CO2 d’au moins 55 % d’ici 2030, et devenir le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici 2050. Pendant la présidence allemande du Conseil, le gouvernement fédéral s’est impliqué avec succès en faveur d’une loi européenne sur le climat formalisant ces objectifs dont les retombées économiques positives représentent au moins 30 % des dépenses de l’UE au cours des sept prochaines années. Il convient également de noter que c’est le 30 décembre 2020 que le premier ministre britannique Boris Johnson a signé l’accord de libre-échange conclu avec l’Union européenne pour encadrer leurs relations économiques après leur rupture historique.