Le bâtiment va devoir valoriser tous ses déchets

Veka recyclage

Brune Poirson a visité l’usine Veka Recyclage dans l’Aube qui transforme de vieilles fenêtres PVC en granulés pour la fabrication de nouveaux profilés PVC.

La Secrétaire d’État à la Transition écologique, Brune Poirson, dans l’Aube pour annoncer le lancement d’une filière de collecte et valorisation.

La loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire », votée récemment, aura des conséquences effectives pour la filière du bâtiment à compter de 2022. Concrètement une écotaxe sur le principe pollueur-payeur, à l’image de celle existant déjà sur les produits électro-ménagers, va s’appliquer sur les matériaux du bâtiment fabriqués en France ou importés. L’écotaxe financera un organisme chargé de mettre en place un système de collecte et de recyclage à l’échelle du pays. « En France, la filière bâtiment est très en retard dans le recyclage par rapport à d’autres pays alors que c’est le secteur qui génère le plus de déchets en volume », analyse Brune Poirson, la secrétaire d’État à la Transition écologique. Pour illustrer cette situation, elle a visité Veka Recyclage, une entreprise auboise basée à Vendeuvre-sur-Barse et qui recycle les anciennes fenêtres et volets en PVC. « Pour alimenter notre usine, nous sommes malheureusement obligés d’importer des pays voisins pratiquement la moitié de nos volumes », regrette son directeur, François Aublé. L’an passé, cette PME de 45 personnes a recyclé 22 000 tonnes de vieilles fenêtres transformées en granulés de plastiques pour fabriquer de nouveaux profilés PVC. En France, plus de la moitié des déchets issus de l’activité du bâtiment ne sont pas recyclés et finissent directement dans les centres d’enfouissement. Le gouvernement a choisi la voie réglementaire pour faire évoluer la situation. « Dans le secteur du bâtiment, il y a une mine d’or, et je pèse mes mots, de matières à recycler d’autant que les déchets du bâtiment et des travaux publics représentent près de 70 % de la totalité des déchets en France », explique Brune Poirson. Citant l’exemple de Veka Recyclage, elle estime aussi que « l’environnement peut être un moteur pour l’innovation, l’économie et l’emploi de la région ».

UN APPEL À PROJET DE 20 MILLIONS D’EUROS

Dans l’Aube, elle a également visité une autre PME, à Fontaine- les-Grès. Spécialiste de l’agencement et du mobilier pour les jardineries et les primeurs, cette entreprise de 150 salariés s’est diversifiée en lançant une éco-box capable de trier et de broyer des bouteilles plastiques, réduisant ainsi les volumes à transporter. Brune Poirson a profité de son passage dans l’Aube pour annoncer le lancement d’un appel à projet national sur la gestion des déchets du bâtiment doté de 20 millions d’euros. Son objectif est d’inciter les entreprises à aller plus loin dans la voie de l’éco-conception et des process de recyclage de déchets issus de l’activité du bâtiment.

La profession n’est pas forcément opposée à ces nouvelles mesures. Pour Jean-Luc Lamblin, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) de l’Aube « il faut toutefois que le coût de l’écotaxe reste maîtrisé pour les entreprises et que la FFB soit partie prenante dans l’organisation de la filière de collecte et de recyclage qui sera mise en place ».

Pour François Aublé et l’usine Veka de Vendeuvre c’est l’opportunité de récupérer une partie des quelque 40 000 tonnes de vieilles fenêtres PVC enterrées chaque année en France dans les centres d’enfouissement sans aucune valorisation.