En matière d’urbanisme commercial, les nouveaux modes de consommation entraînent une adaptation – si ce n’est une anticipation – qui constitue tout l’enjeu des schémas de cohérence territoriale (SCoT).
Dans le cadre du cycle de conférences « Les lundis du SCoT », organisé par le Grand Reims et l’Agence d’urbanisme de Reims pour animer la mise en œuvre du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) de la région de Reims, David Lestoux, spécialiste en aménagement des territoires et urbanisme commercial, est dernièrement intervenu sur le thème « Imaginer aujourd’hui le commerce de demain ».
Pour imaginer, autant que faire se peut, « le commerce de demain », David Lestoux part du constat que les années 2008-2018 ont signé la fin du modèle commercial traditionnel hérité des années 70. Un constat qui s’appuie sur des éléments tangibles comme une baisse de la consommation dans les commerces qui se construisent : à la fois parce qu’ils ne sont plus en adéquation avec l’évolution de la population, mais également en raison de la place que prend le commerce digital (16 % de parts de marché en 2018).
D’autres causes se font également jour : l’émergence d’un marché des biens d’occasion (49 % des Français ont acheté du matériel d’occasion en 2018) ; de nouveaux temps sociaux (seuls 30 % des horaires d’ouverture des commerces correspondent au temps disponible des actifs… quand 70 % de la part des achats de proximité est réalisée entre 17h et 20h). Si rien ne changeait, il y aurait près de 25 millions de mètres carrés de trop dans les centres commerciaux à l’horizon 2025 !
RÉ-ENCHANTER LES ESPACES COMMERCIAUX
Pour le groupe Auchan, l’hypermarché n’existera plus demain (voir le retour des supermarchés en centre-ville, ou encore l’annonce quasi révolutionnaire faite par Ikéa d’une politique d’installation de magasins de centre-ville, avec une forte notion de service, comme le montage des meubles, par exemple…). Selon David Lestoux, l’univers commercial doit faire face à un double changement de paradigme : le passage d’un commerce territorial à un commerce digital, d’une part ; un nouveau contexte concurrentiel avec une offre supérieure à la demande, d’autre part.
Pour le spécialiste, la question fondamentale est de ré-enchanter les espaces commerciaux, dans des dimensions de confort, de loisirs, de services, d’expériences… Cela passe notamment par la revitalisation des centre-ville et centre-bourg, via des fonctions économiques (commerces et emplois), d’habitat, de services (médicaux, par exemple) et d’identité (aménagement urbain), ces quatre fonctions étant indissociables.
Mais il faut s’adapter aussi à une nouvelle sociologie, portée par la « génération Z » de ceux qui sont nés après 1996, c’est-à-dire avec Internet et les technologies qui en dérivent, et qui n’iront pas pousser un caddy dans une grande surface le samedi… Sans oublier de prendre en compte l’économie des seniors, dont la population ne fait que croître.
S’adapter : voilà tout l’enjeu des SCoT ! Une adaptation qui, pour le conférencier, passe par quatre mots-clés : prospective, transversalité, attractivité, et agilité.