L’Autorité de la concurrence interdit la cession de Casino à Leclerc

Implanté à Barberey, au nord de l’agglomération troyenne, l’hypermarché Casino devra se trouver un nouveau repreneur.

Le « gendarme des concentrations » s’oppose, dans l’Aube, pour la première fois à une opération de ce genre en France.

C’est une première en France. Depuis qu’elle dispose de la compétence de contrôle des concentrations qui lui a été dévolue en 2009, c’est en effet la première fois que l’Autorité de la concurrence interdit purement et simplement une opération de concentration. C’est la cession de l’hypermarché Géant Casino de Barberey qui est visée, alors même que le dossier de reprise par la société Soditroy et l’Association des Centres Distributeurs E. Leclerc semblait bien engagée depuis plusieurs mois. Cependant, l’Autorité de la concurrence ne semblait pas très emballée. Pour ce projet, elle avait lancé une phase d’examen approfondi du dossier en octobre dernier. L’instance qui contrôle, au niveau national toutes les opérations de concentrations, s’est penchée sur le cas particulier de la situation de la grande distribution de l’agglomération troyenne.

Les opérateurs du secteur tels que les hypermarchés, mais aussi des supermarchés et des responsables de hard-discount ont été interrogés sur cette situation, et des sondages réalisés auprès des clients du Géant Casino et de l’hypermarché E.Leclerc de Saint-Parres-aux-Tertres. Suite à cette analyse, l’Autorité de la concurrence a estimé que le fait de voir le Géant Casino passer sous pavillon Leclerc « entraînait la constitution d’un duopole entre les enseignes Carrefour et E. Leclerc et présentait des risques élevés d’atteinte à la concurrence sur le marché de la distribution au détail de produits à dominante alimentaire en hyper-marchés dans l’agglomération troyenne ».

Il convient de rappeler que quatre hypermarchés sont actuellement implantés dans l’agglomération : deux de l’enseigne Carrefour à Saint-André-les-Vergers (10 800 m2) et à la Chapelle-Saint-Luc (6 800 m2) distants de trois kilomètres seulement, un Leclerc à Saint-Parres-aux-Tertres (10 800 m2) et un Géant Casino à Barberey (de 8 200 m2).

CASINO DOIT REVOIR SA COPIE

Lorsque le groupe Casino avait décidé de se délester d’un certain nombre de magasins en France, dont celui de Barberey, Leclerc avait fait une offre pour l’implantation troyenne qui avait été retenue par le groupe stéphanois. Face à l’évolution actuelle de la grande distribution avec la multiplication d’opérations de cessions entre grandes enseignes, l’Autorité de la concurrence a décidé de veiller au grain et a voulu sans doute faire un exemple avec le dossier troyen. D’autant que de plus en plus d’agglomération, et c’est le cas de Troyes, évoquent ouvertement des moratoires de mètres carrés commerciaux en périphérie afin de limiter l’impact sur le commerce de centre ville. D’ailleurs, l’Autorité note que son analyse « est renforcée par la présence de barrières réglementaires à l’entrée rendant très improbable l’arrivée d’un nouveau concurrent de type hypermarché dans l’agglomération troyenne ». En clair, deux enseignes seulement pour quatre hypermarchés serait une situation entraînant une perte de diversité de l’offre pour les consommateurs et de débouchés pour les fournisseurs. Casino et Leclerc ont bien proposé de revoir leur copie en ramenant la surface du magasin de Barberey de 8 210 m2 à 6 000 m2, sans succès. La balle est de nouveau dans le camp de Casino qui devra proposer un autre repreneur.