Le président aubois, Philippe Pichery, entend reprendre sa liberté d’initiative en dehors des limites fixées par contrat avec l’Etat.
« Les Aubois ne comprendraient pas que le Conseil départemental n’investisse pas pour répondre à leurs besoins alors même qu’il a les moyens financiers de le faire », estime Philippe Pichery bien décidé à donner un coup de canif dans le contrat liant le département de l’Aube à l’Etat. Ce principe de contractualisation avec les collectivités territoriales subordonne certaines dotations à une limitation des dépenses publiques, notamment des dépenses de fonctionnement. Dans le cadre de ces contrats, l’Etat promet aux collectivités signataires de ne pas baisser la DGF (dotation globale de fonctionnement).
Celle-ci avait baissé, pour l’Aube, de 11 millions d’euros, passant de 97 à 86 millions d’euros avant que le contrat ne soit conclu. « Dans la maîtrise des dépenses de fonctionnement nous avons fait énormément d’efforts, beaucoup plus qu’ailleurs, ce qui explique aujourd’hui la très bonne santé financière du Département ainsi que l’importance de ses capacités de financement », ajoute le président du Conseil départemental de l’Aube. Lorsque l’instance départementale avait signé ce contrat de modération il y a deux ans, elle n’imaginait pas qu’elle pouvait se transformer en un cadre aussi rigide. « C’est vraiment une mauvaise habitude dans ce pays que de vouloir placer dans un même cadre des collectivités dont la situation financière est aussi différente », ajoute Philippe Pichery.
En substance, si 80 % des départements français y trouvent leur compte, pour les 20 % restants possédant une santé financière plus solide, le carcan se révèle trop inadapté.
100 MILLIONS PENDANT TROIS ANS
Le président aubois prépare le terrain en prévision d’un budget primitif qui sera plus ambitieux. Notamment, ce sont 100 millions d’euros d’investissements qui sont prévus annuellement, et ce pendant trois années de suite. De quoi financer les grands projets aubois à venir, grâce à la bonne santé des finances du Département, de son faible endettement et de ses capacités d’autofinancement.
Philippe Pichery estime que le Département a les moyens de mener de front un programme d’investissement ambitieux tout en assumant les dépenses sociales engendrées notamment par la présence de 9 000 bénéficiaires du RSA dans l’Aube. En sortant du cadre, l’Aube s’expose à des pénalités. « Nous en avons tenu compte dans nos prévisions », explique le président départemental, « mais si c’est le prix à payer pour répondre aux besoins prioritaires des Aubois et au développement de l’attractivité de notre territoire, je suis prêt à le faire ». Parmi les besoins prioritaires, le soutien au développement de l’enseignement supérieur figure en bonne place. Si le solde migratoire est positif dans l’Aube, qui est le seul département dans ce cas dans le Grand Est, Philippe Pichery l’attribue à la présence de plus de 12 000 étudiants sur le territoire départemental.