L’ASN va procéder à une inspection renforcée de Golfech

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L’autorité administrative indépendante a procédé à 124 inspections en Occitanie. Si le niveau de sûreté nucléaire et de radioprotection est globalement satisfaisant, des progrès restent à faire.

Peut mieux faire ! L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui, en France, assure le contrôle de la sûreté nucléaire, de la radioprotection et du transport de substances radioactives, juge globalement satisfaisant le niveau de sûreté nucléaire en Occitanie, mais pointe une multiplication d’événements à Golfech notamment.

Les équipes de l’ASN ont connu « une activité plutôt soutenue » l’an dernier en Occitanie, a reconnu Alice-Anne Médard, déléguée territoriale de l’ASN, le 25 septembre à Toulouse, à l’occasion de la présentation du bilan des contrôles effectués par l’autorité administrative indépendante en 2018. Ses équipes ont en effet mené pas moins de 124 inspections en région (contre 116 un an auparavant) dont une quarantaine dans les installations nucléaires de base (la centrale de Golfech en Tarn-et-Garonne, la plateforme de Marcoule dans le Gard et sur le site de Malvesi dans l’Aude) et 68 autres dans le domaine du nucléaire de proximité (services de radiothérapie, de curiethérapie, de médecine nucléaire, établissements pratiquant des interventions radioguidées, scanners et appareils de radiologie).

Au fil de l’année passée, une dizaine d’événements significatifs de niveau 1 sur l’échelle Ines – qui comprend sept niveaux – ont été relevés dont huit dans les installations nucléaires de base, et un procès-verbal d’infraction dressé à l’encontre d’un établissement médical.

ÉVÉNEMENTS SIGNIFICATIFS

Si l’ASN juge « satisfaisant » le niveau de sûreté des centrales nucléaires en France, s’agissant de celle de Golfech, elle estime que « ses performances en matière de sûreté nucléaire sont en retrait par rapport à l’appréciation générale. Sur ce seul site, quatre événements significatifs pour la sûreté nucléaire ont été déclarés cette année démontrant « une détérioration de la qualité des opérations d’exploitation ». Selon Bertrand Fremaux adjoint au chef de la division de Bordeaux de l’ASN, ses équipes ont constaté « une dégradation dans la conduite des réacteurs » et « un défaut de surveillance en salle de commande conduisant à des actions inappropriées », phénomènes qui pourraient s’expliquer par « un renouvellement de la moitié des effectifs de la centrale en cinq ans ». En réponse, l’ASN a décidé de conduire cette année sur le site « une inspection renforcée » programmée entre le 14 et le 18 octobre. Une vingtaine d’inspecteurs devraient ainsi plus particulièrement s’intéresser aux
« facteurs organisationnels et humains ».

Sur le plan de la radioprotection, Aubert Le Brozec, chef de la division de Marseille de l’ASN, pointe également une « analyse des risques insuffisante » et « un défaut de culture de radioprotection », les opérateurs ne portant pas leur dosimètre ou ne prenant pas en compte les alarmes lorsqu’elles se déclenchent.

DES PRATIQUES PERFECTIBLES

Si dans son rapport annuel, l’ASN juge globalement satisfaisant l’état de la radioprotection dans le domaine médical notamment en médecine nucléaire et en radiothérapie, elle note cependant une augmentation du nombre d’événements significatifs déclarés au cours de l’année 2018, même si, précise-t-elle, ces événements sont
« sans conséquence clinique attendue ». De fait les pratiques interventionnelles radioguidées, et notamment les actes de chirurgie pratiqués en blocs opératoires, ne font pas l’objet de mesures de radioprotection suffisantes, malgré les préconisations répétées de l’ASN qui soulève la nécessité d’un travail de sensibilisation des professionnels.

L’ASN pointe également dans son rapport la présence sur le site de l’université Paul Sabatier (UPS) de plusieurs centaines de déchets et sources radioactifs dont elle requiert l’évacuation depuis plusieurs années. Faute de réaction, l’autorité administrative a adressé en avril dernier une mise en demeure à l’UPS. Depuis lors, le nombre de produits radioactifs évacués a fortement progressé passant de quatre en 2018 à 76 cette année. Mais 295 sources radioactives demeurent encore dans les soutes de l’université.

FIOLES DE PEINTURE RADIOACTIVES

Dans le domaine industriel, l’année 2018 a été marqué par la découverte en février sur un chantier de démolition à Colomiers de fioles de peinture hautement radioactives. C’est une lettre anonyme adressée à l’industriel Airbus qui a permis de mettre à jour ces sources contenant du radium 226. Les quatre fioles étaient dissimulées dans un bidon rempli de billes de plomb coulé dans un pilier en béton de cet ancien atelier de peinture d’Airbus Operations. L’événement classé au niveau 1 de l’échelle Ines n’a cependant eu aucune incidence sur la santé des personnes ni sur l’environnement, assure l’ASN.