L’artiste qui aime jouer avec la lumière

Léocadie Lehagre a fait ses classes chez un maître-verrier, Alain Winter, à Saint-Amandin dans le Cantal.

Léocadie Lehagre est vitrailliste. Dans son atelier installé à Toulouse, Léocadie restaure des œuvres. Elle est connectée à l’histoire, au patrimoine. L’artiste s’exprime aussi au travers de ses créations et souhaite apporter une nouvelle lecture des vitraux.

«Mon métier est connu sous l’appellation de maître-verrier ou de peintre-verier, explique Léocadie Lehagre. Je travaille sur la projection de la lumière ».

À 20 ans, la jeune femme sort de la faculté d’arts plastiques à Toulouse Jean-Jaurès avec une licence. En voyage d’études en Suisse, elle visite une église. « J’ai eu une révélation, subjuguée par la lumière qui traversait les vitraux. J’ai décidé de devenir vitrailliste ».

Léocadie Lehagre passe alors son CAP de verrier à la main et apprend la technique du vitrail. Elle parfait son apprentissage chez un maître-verrier, Alain Winter, à Saint-Amandin dans le Cantal, puis part faire un tour de France. Parmi les expériences les plus marquantes, la vitrailliste pourrait citer son apprentissage et sa rencontre avec Jean-Dominique Fleury à Conques, maître verrier qui a travaillé (entre autres) avec Pierre Soulages sur la réalisation des vitraux de l’Abbatiale de Conques. Elle ira aussi se perfectionner auprès de Pierre Rivière à Saint-Jean de Verges dans l’Ariège.

En 2010, forte de ses rencontres enrichissantes et de son expérience, l’artiste se lance en solo et ouvre son atelier.

« J’ai deux casquettes : la restauration et la création. 90 % de mon temps est consacré à la restauration des vitraux d’églises, détaille-t-elle. C’est fabuleux d’avoir des pièces de cette valeur entre les mains, certains vitraux ont plus de 300 ans. Je me nourris de ce que mes aïeux ont construit. »

Léocadie Lehagre travaille avec des collectivités qui lui confient la réfection des vitraux des églises construites avant 1905, date de la loi de séparation entre l’église et l’état. Des clients individuels ou des particuliers qui souhaitent protéger et restaurer leur château ou leur appartement font appel à l’entrepreneuse. C’est le cas à Toulouse, par exemple, dans le quartier des Chalets ou de nombreux propriétaires ont choisi de garder les vitraux. Au XIXe siècle, le célèbre verrier toulousain, Louis-Victor Gesta avait installé son atelier dans le secteur, il comptait parmi les plus grands maîtres verriers de France.

La restauration lui permet de développer son imaginaire, de créer « tout ce qui est contemporain part du patrimoine. Je m’efforce toujours de faire ressortir le lien. »

Le vitrail est un filtre de lumière et Léocadie Lehagre est en recherche permanente d’équilibre. « Je ne dessine pas un trait, sans réfléchir. Une forme a toujours sa place dans la création. Mon style s’est affiné avec les années, il est plus épuré et sobre. J’ai choisi de ne pas travailler le style Arlequin, trop coloré et trop vu. »

La vitrailliste reconnaît que sa formation artistique est un vrai fil conducteur. « Lorsque je dois reproduire un visage, par exemple, la tête doit être à l’identique. Il y a une importante recherche bibliographique. » Une technique qui ressemble à la restauration de tableau, avec la transparence et la lumière en complément.

S’OUVRIR AU MONDE

Le souhait de la vitrailliste ? Partager son activité entre ses créations personnelles et la restauration d’œuvres d’art.

Elle aimerait démocratiser le vitrail et exposer dans des lieux prestigieux, faire entrer les vitraux dans de grands hôtels, des restaurants… Son œuvre majeure, Psyché (150 x170) est une véritable carte de visite. Présentée lors de la Biennale internationale des métiers d’art, au salon Révélations à Paris, au Grand Palais, cette réalisation lui a donné des ailes.

Son chiffre d’affaires est en progression. Elle a d’ailleurs agrandi son atelier. Léocadie Lehagre souhaite séduire une clientèle d’esthètes tels que des cabinets d’architectes qui souhaitent remettre les vitraux sous les feux des projecteurs.