Avec Lucas Marmiesse, Rémi Peuraud a fondé iMean, une start-up capable d’imiter numériquement les micro-organismes pour la recherche industrielle.
Née en septembre 2018, la start-up iMean (pour In silico ModEls ANalyses, analyses de modèles sur ordinateur) a été fondée par deux anciens chercheurs du Laboratoire des interactions plantes-micro-organismes (LIPM) de l’Inra à Castanet-Tolosan, où Rémi Peyraud a travaillé pendant six ans comme post-doctorant. Avant de lancer avec Lucas Marmiesse, un collègue qui faisait son doctorat au LIPM, leur solution consistant à « réduire les coûts de R & D dans les biotechnologies en reproduisant numériquement les organismes vivants ».
Installée dans les locaux de ToulouseWhite Biotechnology (TWB), iMean est non seulement capable de mimer, grâce à une simulation informatique, les propriétés d’un micro-organisme, comme une bactérie, un champignon ou une levure, mais aussi de prédire « leur comportement dans des environnements assez divers », par exemple lorsqu’une bactérie pathogène infecte une plante. Plus précisément, « nous modélisons les réseaux moléculaires au sein d’une cellule, comment cela interagit et le résultat que cela donne » ; ce qui concerne autant les « réseaux métaboliques, qui permettent de calculer comment un pathogène va trouver des ressources exploitables au sein de la plante, et comment il va synthétiser les outils qui vont lui permettre de prendre le contrôle » de son hôte. À l’inverse, poursuit Rémi Peyraud, « nous allons pouvoir voir aussi dans la plante comment celle-ci est capable de détecter les molécules du pathogène, et mettre en place des mécanismes de défense ». Et ce, grâce à « ce que nous appelons “la ferme”, notre base de données d’organismes vivants qui nous sert pour nos simulations », explique le chercheur, qui a également lancé « des projets de recherche en interne pour développer notre bibliothèque de plantes, surtout celles d’intérêt agronomique » comme le blé, le colza ou le tournesol.
Une recherche qui intéresse la microbiologie industrielle, pour choisir des micro-organismes qui puissent croître facilement dans un milieu industriel, et remplacer les hydrocarbures. Mais aussi et surtout l’industrie agroalimentaire, iMean ayant signé deux contrats avec des semenciers, dont un de 45,7 K€, pour accélérer la sélection de semences résistantes au réchauffement climatique, processus qui prend normalement 10 ans et que Rémi Peyraud promet de ramener « à six ou sept ans, ainsi qu’un gain de rendement de 10 % ».
La jeune société, qui compte trois collaborateurs, va recruter un chercheur en R & D d’ici deux mois, et vise les 100 K€ de chiffre d’affaires à la fin de l’année.