Larbaletier s’ouvre au marché russe

Philippe Verbert et Olivier Choiselat dans la nouvelle unité de production dédiée aux Ecobox.

La PME auboise s’adapte pour faire face à la crise sanitaire en multipliant les produits et les marchés.

La PME auboise Larbaletier est un bel exemple de réactivité et de capacité d’adaptation face aux conséquences de la crise sanitaire et des deux confinements. « Certains de nos clients habituels, les fleuristes et les jardineries par exemple, sont restés fermés et d’autres, comme les grandes surfaces, ont reporté leurs projets d’agencement et d’équipements », fait remarquer Olivier Choiselat, dirigeant de l’entreprise familiale de Fontaine-les-Grès. Malgré ces difficultés, l’entreprise de 145 salariés a su trouver les ressources en interne pour compenser dans la mesure du possible la perte de ses marchés habituels. 

C’est ainsi que tirant profit de son savoir-faire en techniques de nébulisation pour les présentoirs de fruits et légumes, elle a su les adapter pour concevoir un portique de désinfection. À la demande des magasins, Larbaletier a aussi conçu des bornes de distribution de gel hydroalcoolique, des parois de protection transparentes ou encore des ouvre-portes. La PME, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 16,5 millions d’euros en 2019, a aussi actionné d’autres leviers, ceux de la diversification et de l’exportation. Côté diversification Larbaletier développe depuis plusieurs années une Ecobox pour le recyclage de bouteilles en plastique. Un équipement bourré d’automatismes et d’électronique, capable à lui seul de trier les bouteilles et de les broyer. Les déchets ainsi produits peuvent être directement réutilisés par les industriels pour fabriquer de nouvelles bouteilles d’eau à partir de plastique recyclé. 

« Par rapport au schéma classique de collecte, de triage et d’expédition, la machine permet de réduire très fortement les transports », rappelle Olivier Choiselat. À cet avantage environnemental s’ajoute aussi un modèle économique vertueux. En déposant ses bouteilles en plastique dans ces Ecobox installés sur les parkings ou à l’intérieur de grandes surfaces, le consommateur est récompensé par un bon d’achat. Et ça marche : depuis le lancement commercial en 2012, une centaine d’Ecobox ont été installées dans toute la France. « Elles ont permis de collecter 130 millions de bouteilles, de produire 3 900 tonnes de PET recyclé et d’économiser 8 900 tonnes d’équivalent CO2 », énumère-t-il. Un gisement de matière première pour le recyclage du plastique que les industriels français, dans l’obligation d’incorporer au moins 25 % de plastique recyclé dans les bouteilles, à partir de 2025, n’entendent pas laisser filer. « Nous avons déjà 135 commandes de machines Ecobox pour l’année prochaine », ajoute Olivier Choiselat. Larbaletier a même repris d’anciens locaux de Doré-Doré pour y installer une unité de production de 2 500 m2 dédiés à cette production.

DÈS CET ÉTÉ À MOSCOU 

Et ce n’est pas fini d’autant qu’un marché potentiellement énorme se profile à l’horizon. « Nous avons été retenus dans le cadre d’un appel à projets national Fasep, lancé par le ministère de l’économie et des finances, ce qui va nous permettre de tester le marché russe dès cet été en installant des Ecobox dans la région de Moscou », résume Philippe Verbert, fondateur de Business Bridge, cabinet aubois de consulting international. Ce spécialiste de la Russie, par ailleurs président Champagne-Ardenne des conseillers du commerce international, a préparé le terrain de longue date. « Nous avons constitué une équipe projet avec plusieurs partenaires à Moscou, parmi lesquels des distributeurs très présents en Russie comme Leroy-Merlin, des industriels comme le groupe Alma-Cristaline, Suez, Saint-Gobain, des ONG, tout cela en lien avec les autorités russes », poursuit Philippe Verbert. Pour l’occasion, Larbaletier va tester en Russie trois types différents d’Ecobox, capables de collecter et préparer le recyclage de bouteilles plastiques, de canettes d’aluminium et de bouteilles en verre. Dans un pays où le taux de recyclage n’atteint que 7 %, les autorités ont décidé d’avancer vite sur le dossier, notamment pour répondre aux objectifs des accords de Paris sur le climat. L’aide de 500 000 euros pour installer ce premier démonstrateur à Moscou pourrait ouvrir les portes d’un marché gigantesque. 

Des arches pour désinfecter les chariots

Pour aider les magasins à faire face à la crise sanitaire, la PME auboise s’est lancée dans la fabrication d’arches de désinfection, baptisées Clean Course. 

Le client glisse son chariot sous l’arche diffusant automatiquement une solution hydroalcoolique. L’équipement conçu par Larbaletier permet également au client de se désinfecter les mains. « Nous en avons vendu plus de 300 dans toute la France », glisse Olivier Choiselat, persuadé que ce type d’équipement, rassurant pour le consommateur, pourrait perdurer après la crise sanitaire. Larbaletier vient d’ailleurs d’ajouter une nouvelle option à son arche de désinfection avec une caméra de contrôle de la température du client intégrée à l’équipement, doublée d’un thermomètre manuel de vérification en cas de contrôle positif.