L’apprentissage, levier majeur de la reprise

La Confédération des petites et moyennes entreprises de Côte-d’Or s’est rapprochée des établissements de formation pour imaginer un plan de relance qui favoriserait notamment la voie de l’apprentissage et l’alternance.

Après deux mois de confinement, l’heure est aujourd’hui au redémarrage. « La date du 11 mai était synonyme de reprise pour un certain nombre d’entreprises et nous attendions cette date avec impatience, confie Geoffroy Secula, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises de Côte-d’Or (CPME 21). Le constat que nous pouvons faire c’est que bon nombre d’entreprises ont redémarré et ont repris toute ou partie de leur activité – entre 70 et 75 % à l’heure qu’il est ». Alors que d’importantes craintes persistent, notamment quant aux perspectives de nouvelles commandes, la CPME travaille aujourd’hui sur un certain nombre de propositions dans le cadre du plan de relance. « Ce dernier sera basé sur un triptyque : l’ancrage territorial, la rénovation énergétique et les filières technologiques », complète-t- il. Pour l’organisation patronale, l’accent devra être mis sur la formation professionnelle et plus particulièrement sur l’apprentissage et l’alternance, comme « un levier majeur dans le cadre de cette reprise économique ».

Entre autres demandes formulées par la CPME 21, « nous souhaiterions que les contrats d’apprentissage puissent être prolongés d’un an et que l’aide forfaitaire dégressive soit maintenue au même niveau durant les deux années de formation ».

UNIFORMISER L’AIDE FORFAITAIRE

« Au sein de BSB, notre Bachelor et notre Master Grande école sont proposés en alternance. Historiquement, nous nous adressions plus spécifiquement aux grosses PME et aux ETI. Mais depuis la réforme menée l’année dernière par Édouard Philippe et la fin de la taxe d’apprentissage au profit de l’organisme France compétences, les TPE et PME peuvent maintenant se permettre de prendre un apprenti de notre école sans avoir à supporter le coût de la formation, détaille Stéphan Bourcieu, directeur général de BSB (Burgundy school of business). En uniformisant l’aide forfaitaire sur les deux années de formation, cela permettrait à davantage d’entreprises de s’offrir les services de nos étudiants ». C’est dans ce cadre que l’école de commerce dijonnaise a prévu, dès la rentrée prochaine, de doubler le nombre de place en apprentissage. « Aujourd’hui, entre 15 et 20 étudiants de Bachelor font leur dernière année en apprentissage et une centaine d’étudiants de Master choisissent cette voie. Dès la rentrée de septembre et jusqu’à celle de janvier, nous souhaiterions passer à près de 300 apprentis sur nos deux sites, Dijon et Lyon », complète-t-il.

FACILITER LE RECRUTEMENT

De son côté, l’École des Métiers Dijon métropole milite aussi pour un rééquilibrage de l’aide forfaitaire comme l’explique son directeur général, Alain Tomczak : « Aujourd’hui, l’indemnité forfaitaire unique versée à un chef d’entreprise par l’État via France compétences équivaut en règle générale et si tous les critères sont respectés à 4.125 euros pour la première année et 2.000 euros pour la deuxième année. Si demain, pour la rentrée de septembre, on propose aux chefs d’entreprise de signer des contrats d’apprentissage sur deux ans, sachant qu’ils toucheront 4.125 euros chaque année et n’auront plus qu’à débourser 70 euros par mois, nous inscrivons les chefs d’entreprise dans une projection sans prendre d’importants risques financiers ». Alain Tomczak attire aussi l’attention sur ce qu’il appelle “les passerelles trois mois”. « Actuellement, un jeune peut débuter une formation dans notre établissement pendant trois mois sans qu’il n’ait signé de contrat d’apprentissage avec une entreprise, à condition qu’il en signe un impérativement dans les trois mois. Or, si on se projette sur la rentrée, on peut aisément imaginer que dans certains secteurs d’activité le mois de septembre sera très problématique. Le mois d’octobre va le rester, le mois de novembre n’aura pas encore servi à lever tous les doutes et il restera le mois de décembre dans lequel on va voir arriver les fêtes de fin d’année et peut-être que sur ce mois de décembre on va sentir une reprise d’activité. Il me paraîtrait intéressant que la convention des trois mois puisse être étendu à cinq mois pour nous laisser le temps de trouver une entreprise vers le mois de décembre ou de janvier et ainsi profiter de ces cinq mois pour renforcer l’alternance du jeune et le former sur un temps plus long au sein de notre établissement. »

Témoignages

Stéphan Bourcieu, directeur général de BSB

« Dès le 13 mars, nous avons reçu l’ordre du ministère de l’Enseignement supérieur de fermer l’école. Nous avons ainsi basculé l’intégralité des cours en distanciel, en mettant en place le e-learning. Il s’avère que nous sommes une plateforme pilote pour Microsoft sur leurs outils de travail à distance. Donc ces 6.000 heures de cours, qui représentaient 3.000 séances de face à face pédagogique, ont facilement pu être produites en ligne tout comme l’intégralité des évaluations qui a été faite à distance, ce qui a permis de finir le semestre et de faire en sorte que les étudiants le valident, à condition d’avoir les notes correspondantes. Si l’ensemble des salariés a de fait été mis en télétravail, nous en avons aussi eu une infime part au chômage partiel. Aujourd’hui, les cours et les évaluations sont globalement terminés, et nous rentrons maintenant dans une période de recrutement. Alors qu’habituellement nous accueillons jusqu’à 4.000 étudiants à l’école entre mai et juin, cette année, tous les recrutements se feront bien entendu à distance. ».

Alain Tomczak, directeur général de l’École des métiers Dijon métropole

« Travailler à distance était pour nous une nouveauté puisque cela ne rentrait pas dans nos pratiques usuelles. Toutefois, nous avions engagé des process pour que nos enseignants puissent déposer sur une plateforme des supports de cours et des travaux à réaliser, pour permettre aux jeunes absents en cours d’année de ne pas être totalement pénalisés. En parallèle de la continuité pédagogique, nous avons actionné un plan de formation qui a permis à 91 % du personnel de l’établissement de suivre au moins un module de formation à distance. Ces modules portaient sur l’appropriation des outils de Google for education. Ce qui nous a permis au cours du premier mois de confinement d’organiser plus de 800 heures de formation à distance, via Google Meet pour l’ensemble de nos classes. Nous avons en même temps développé et activé un certain nombre de chats ouverts pour maintenir le lien, à distance, entre toutes les classes et les enseignants, ce qui nous a permis de générer 25.000 discussions en interactivité entre les enseignants et les jeunes. »


La CPME au chevet des entreprises

Alors que l’impact du Covid-19 sur les TPE-PME du territoire est très important, plus de 95 % des entreprises ont été impactées en termes d’activité et près de 70 % ont perdu au moins 60 % de leur chiffre d’affaires pendant le confinement, la CPME 21 a, dès le départ, tout mis en œuvre pour protéger les salariés, ainsi que les chefs d’entreprise, et sauver le maximum d’activité et de PME. Pour ce faire, l’organisation patronale a informé, tout en prenant part au dialogue social, notamment sur la mise en place des aides de l’État mais aussi sur la clarification de la responsabilité pénale de l’employeur en cas de propagation au sein de son entreprise.