Grégory Piaud de GlencoeLampyre d’essences

Grégory Piaud de Glencoe a créé Lampyre en 2015.

Le parfumeur installé à Aÿ-Champagne (Marne) conçoit, fabrique et commercialise lui-même des parfums d’ambiance et des bougies.

Né à Lannion (Côtes d’Armor), Grégory Piaud, a abordé la parfumerie par son côté le plus technique. Titulaire d’un Bac Sciences et techniques de laboratoire et du paramédical obtenu à Rennes, c’est en rejoignant ensuite la Capitale que le jeune Breton s’est vite rendu compte qu’il n’était pas fait pour s’épanouir en blouse blanche dans l’univers aseptisé d’un laboratoire.

Sa révélation pour la cosmétique, lui sautera aux yeux lors de sa première expérience professionnelle au sein du groupe de luxe Nippon Menard Cosmetic.

Et si le jeune homme peut aujourd’hui se prévaloir d’un titre de Lord, hérité de son père, propriétaire d’un terrain en Ecosse, c’est bien à Aÿ, au cœur de la Champagne, qu’il est désormais installé. Sans titre de noblesse champenois mais avec celui de maître parfumeur, Lord Grégory Piaud de Glencoe a d’abord tracé son parcours en tant que vendeur, responsable d’animation, responsable formation pour Yves Rocher, The Body Shop ou Sephora.

Après ces premières expériences professionnelles intenses, il plaque tout et part en Thaïlande. Un séjour qui se prolongera finalement pendant une année complète au cours de laquelle il suivra des cours d’art et de design olfactif à l’Université de Bangkok. 

PARFUMS D’INTÉRIEUR

À son retour en France en 2014, il rejoint Reims et reprend ses activités professionnelles en tant que directeur-adjoint et directeur de boutiques pour Sephora, Nocibé ou L’Occitane. Parallèlement, il se décide à lancer sa propre marque. C’est la naissance de Lampyre, en 2015, et celle également des premières bougies et des premiers flacons de parfum.« Mes premières créations ont été fortement inspirées par la ville de Reims : Rose de Reims, la Rémoise… J’ai voulu créer une traduction olfactive de la région », explique-t-il. Mais le parfumeur ne s’enferme pas dans l’inspiration champenoise et puise dans ses expériences asiatiques notamment pour laisser libre cours à sa créativité. « Je voulais faire des parfums d’intérieur travaillés come des parfums de peau », souligne-t-il. En effet, les parfums de peau exigeant de nombreux tests dermatologiques très coûteux, le champenois d’adoption s’oriente davantage vers les parfums d’intérieur.

« Je travaille dans la mesure du possible avec des matières naturelles », souligne-t-il. « J’utilise de l’alcool bio par exemple ». Pourtant, contrairement aux idées reçues, et à l’inverse d’autres secteurs d’activité, en parfumerie, le naturel n’est pas forcément signe de qualité. « En parfumerie, le synthétique n’est pas nécessairement synonyme de bon marché ou de qualité moyenne, bien au contraire. Certaines essences naturelles ne peuvent tout simplement pas être utilisées, en raison de leur toxicité par exemple ou de leurs propriétés allergènes voire cancérigènes. Le musc animal notamment nécessite de tuer des animaux », rappelle ce végétarien convaincu.

Outre cet aspect sanitaire, le recours aux essences synthétiques se justifie aussi par le prix : « A titre d’exemple, le kg de vanille s’élève à plus de 20 000 euros. L’extrait d’iris naturel coûte quant à lui entre 140 000 et 190 000 euros le kg », note-t-il. De quoi faire bondir à l’excès le coût d’un flacon de parfum réalisé à partir de ces essences. La question de l’approvisionnement des matières naturelles se pose elle aussi, souligne le parfumeur : « Si on décidait de mettre des matières naturelles dans tous les parfums, la surface de la Terre ne suffirait pas à fournir toutes les essences nécessaires ». Sans oublier que certaines matières ne peuvent même pas être extraites de la plante : c’est le cas par exemple de la violette, du lilas, du muguet ou du lys que l’on appelle des fleurs « muettes » car elles se révèlent quasiment inodores après distillation. « La chimie ne doit pas être diabolisée. Elle permet au contraire d’avoir accès à des milliers d’essences. Il y a aussi la chimie organique qui est plus vertueuse et qui intègre des notions de recyclage des déchets par exemple… Il y a un gros travail de fond à faire auprès des consommateurs pour leur expliquer ce genre de réalité et pour lutter contre le « green washing » (procédé marketing pour verdir une image de marque, NDLR) de certaines marques pour faire croire qu’elles utilisent des produits naturels ou bio », souligne-t-il. C’est aussi à cet effet que le jeune homme a créé des ateliers de fabrication de parfum à destination de particuliers. 

INSPIRATION ART NOUVEAU

Lorsqu’il s’est lancé à son compte, Grégory Piaud de Glencoe a débuté par la conception de ce qui est devenu l’un de ses produits-phares aujourd’hui : la Bougie rose de Reims, avant de créer ses “Joyaux”, des boules de cire à poser sur des brûle-parfums, puis ses parfums à vaporiser. Toute une gamme de produits d’intérieur inspirés de l’art nouveau symbolisé par l’artiste Mucha, dont on retrouve les références sur le packaging du parfumeur.
Pour se faire connaître auprès du grand public, ce dernier multiplie les initiatives et les produits différents. « Je me suis adapté aux demandes saisonnières par exemple : l’hiver est plus propice à la bougie, tandis que l’été l’est davantage pour les parfums à vaporiser ». Site internet, Offices de tourisme de Reims et d’Epernay… les produits Lampyre touchent de plus en plus la clientèle locale mais aussi nationale, voire même internationale. En effet, si le marché de Noël est compromis pour l’hiver 2020, Grégory Piaud de Glencoe peut aussi miser sur son compte Instagram et ses abonnés japonais mais aussi sur le soutien de certaines collectivités locales qui ont fait appel à ses produits pour les offrir en tant que cadeaux protocolaires, pour continuer à toucher une nouvelle clientèle.

Mis en stand-by depuis le premier confinement, les ateliers de Lampyre vont pouvoir reprendre leur cours en décembre. Un soulagement pour le parfumeur qui réalise près d’un tiers de son chiffre d’affaires grâce à cette activité. Il intervient également en tant que conférencier, conseil ou créateur de parfums pour des clients privés. C’est ainsi qu’il a créé L’Ambre de M. Loti pour l’Atelier Bazarine à Reims, une « création olfactive » déclinée en bougie et en brume d’intérieur. Pour cet autodidacte revendiqué, l’ADN de Lampyre réside dans ce côté « non formaté ». Une touche personnelle qu’il compte bien continuer à mettre à profit dans ses nombreuses activités, dont celle qu’il a lancée avec la champenoise Emilie Jeangeorges pour proposer des masterclass Mets, Champagne et Parfums. Des propositions inédites et scintillantes, à l’image du Lampyre, l’autre nom du ver luisant. 

Parcours

2006 Premiers pas dans la parfumerie chez Nippon Menard Cosmetic, boulevard de la Paix à Paris.
2013 Quitte tout pour partir à Bangkok, en Thaïlande. Il y restera un an.
2015 Création de Lampyre, sa maison de parfumerie d’intérieur à Reims.
2020 Déménagement à Aÿ-Champagne.