L’agriculture régionale fait entendre sa voix au SIA

SIA 2020

Le Grand Est a réuni plus de 50 exposants sous sa bannière pendant neuf jours afin de faire découvrir aux plus de 600 000 visiteurs les nombreux savoir-faire régionaux, notamment gastronomiques.

Sujets sociétaux, environnement, production, emploi et formation ont été au centre de tous les échanges entre agriculteurs, politiques et consommateurs au Salon International de l’Agriculture qui vient de fermer ses portes.

Alors que de nombreux sujets liés à l’agriculture secouent l’actualité, les agriculteurs profitent du Salon International de l’Agriculture de Paris pour alerter le Président de la République et le gouvernement sur les difficultés que ces thèmes vont engendrer pour la filière. Surtout, le salon se veut un moment de communion avec les consommateurs et une vitrine de communication positive autour des métiers de l’agriculture.

« Il y a certes des sujets à court terme, tels que l’agribashing ou les ZNT, qui nous préoccupent. Mais ce qui nous intéresse ce sont le vrai sujet de fond qui consiste à savoir quelle vision et quelle stratégie le gouvernement veut mettre en place pour l’agriculture et les agriculteurs français », insiste Hervé Lapie, Président de la FRSEA Grand Est, présent plusieurs jours durant sur le salon. « L’agriculture est une solution aux problématiques énergétiques et alimentaires, mais aussi au réchauffement climatique ou à la biodiversité. Elle est en mesure d’apporter une des solutions aux nombreuses attentes sociétales ».

Pour le Président de la FRSEA Grand Est, il s’agit de se positionner sur une stratégie à 20 ans dans un objectif clair : « une alimentation pour tous ». « On doit être capable de produire pour tous et non pas uniquement produire français pour ceux qui en ont les moyens et importer du low cost pour les autres… Ce que nous demandons aux politiques c’est d’accompagner le mouvement pour dire aux Français ce que sera l’agriculture dans 20 ou 30 ans ».

UNE COMMUNICATION POSITIVE INDISPENSABLE

Le cas des ZNT (Zones Non Traitées, qui correspondent aux distances minimales à respecter entre une zone de traitement et une habitation, NDLR) est d’ailleurs révélateur d’un sujet traité hâtivement par les politiques sous le coup de la pression d’une frange de la population. « Nous, agriculteurs, nous demandons que sur un tel sujet, un moratoire soit réalisé. Qu’on laisse travailler les scientifiques pour donner des réponses. On a parfois le sentiment que le politique n’a pris ce sujet que sous l’angle de la précaution, sans se soucier de l’avis des scientifiques ».

Hervé Lapie rappelle aussi que l’agriculture française est plébiscitée à l’étranger mais aussi en France, et particulièrement au SIA, où les Français soutiennent les agriculteurs. « Finalement, on a l’impression qu’on n’entend que les 2% d’extrémistes et pas la majorité silencieuse, qui nous est largement favorable. Pour nous le SIA c’est aussi l’occasion de faire neuf jours de communication positive pour expliquer aux Français ce que l’on fait au quotidien ».

Un avis partagé par Antoine Hacard, président du Conseil d’administration de la coopérative Ceresia et président national de la Coopération agricole – Métiers du grain : « La coopération est à l’écoute des attentes sociétales et des consommateurs. Nous comprenons les demandes mais nous demandons aussi qu’on nous laisse du temps, car le temps de l’agriculture n’est pas le même que le temps politique ou médiatique ». Pour le coopérateur, il faut arrêter de donner des injonctions contradictoires aux agriculteurs à qui l’on demande de produire plus, mieux, moins cher, sans produit phytosanitaire tout en réduisant leur empreinte carbone, loin des habitations… « Nous faisons plein de choses et le SIA est une vitrine formidable pour le faire savoir auprès des consommateurs. Mais il faut aussi tenir compte de la réalité de nos métiers. C’est pourquoi nous sommes demandeurs d’une vraie feuille de route qui suive une stratégie avec une logique dans la chaîne des missions qui nous sont confiées. Des choix doivent être faits. »

UN SECTEUR QUI RECRUTE

Pour d’autres, comme Mickaël Jacquemin, agriculteur et président de l’Association Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture (ANEFA), le salon est une formidable opportunité de promouvoir l’emploi et la formation, un enjeu majeur de l’agriculture pour les années à venir. « Au plus fort de l’année, ce sont pas moins de 70 000 postes qui ne sont pas pourvus. Mais tout au long de l’année, 10 000 postes en CDI sont à pourvoir en production agricole. À ces chiffres on peut ajouter les 7000 postes non pourvus dans le machinisme agricole ».

Des recrutements qui passent par l’amélioration de l’image des métiers de l’agriculture, par la résolution de la problématique de la mobilité mais aussi et surtout par la formation : « Nous avons perdu 16% de nos effectifs en école d’agriculture au cours des dix dernières années », explique le président de l’ANEFA, dont l’association a réuni 12 partenaires sur un stand de plus de 500 m2 sur le SIA pour faire la promotion de la formation et des métiers agricoles. Avec un temps fort : un Meeting for job organisé le 28 février au cours duquel plus de 300 offres d’emploi étaient à pourvoir dans tous les secteurs d’activité de l’agriculture. « Le ministère a pris conscience de nos problématiques dans ce domaine et a mis en place des mesures de communication qui commencent à porter leurs fruits puisque la baisse a été enrayée ». Des efforts à poursuivre avec des opérations de communication et de sensibilisation aux métiers de l’agriculture comme avec le Tour de France du camion de L’aventure du vivant qui passera par Châlons-en-Champagne les 4 et 5 mai prochain pour présenter les métiers et les débouchés de l’agriculture aux jeunes générations.

LA MARNE ET LA RÉGION GRAND EST EN FORCE

SIA 2020

Du 22 février au 1er mars, la Région Grand Est a rassemblé sur un espace de plus de 1 160 m2 51 exposants, dont 8 nouveaux, afin de mettre en lumière la diversité des produits et le savoir-faire des producteurs régionaux. L’occasion aussi pour le président de Région Jean Rottner (photo) de signer une charte pour le développement durable des biocarburants du Grand Est et de conclure un partenariat avec l’enseigne Hyper U pour le déploiement d’une mobilité durable et d’une agriculture responsable dans le Grand Est.

Pour la première fois cette année, le Conseil départemental de la Marne a participé au salon de manière très visible dans le cadre d’un partenariat avec la Chambre d’agriculture. « Le Salon International de l’Agriculture de Paris et ses 630 000 visiteurs est un véritable enjeu pour le Département de la Marne et le monde agricole, explique Christian Bruyen, Président du Département. L’Agriculture, qui couvre 68 % de notre territoire, a toujours fait partie intégrante du développement et de l’attractivité de la Marne. Dans le même temps, le SIA de Paris nous est également apparu comme une réelle opportunité de mettre en avant la Destination Marne et la filière œnotouristique auprès du grand public ».

Agriculteur marnais, Hervé Lapie est aussi président de la FRSEA Grand Est.