L’agence Savart Paysage distinguée pour la 3ème fois aux Victoires du Paysage

Les sols artificialisés ont été diminués de 18%, réduisant les enrobés au strict nécessaire.

Savart Paysage, agence d’urbanisme, paysage et aménagement, basée à Châlons-en-Champagne, vient de gagner le prix d’argent des Victoires du paysage dans la catégorie « aménagement de quartier : maitre d’ouvrage public » pour son projet de requalification des cités ouvrières Lemay et Sainte Marie, dans le département du Nord et classées au Patrimoine mondiale de l’Unesco.

C’est un tout nouveau visage que donne l’agence d’urbanisme et paysage Savart aux espaces sur lesquels elle intervient. « Je crois beaucoup au concept de ville-forêt », confie ainsi Marc Soucat, créateur de l’agence en 1998, à Châlons-en-Champagne. Et ça tombe bien, car la tendance actuelle est de donner aux villes un visage plus végétal, faisant la part belle à la nature, espaces enherbés et îlots de fraîcheur. « On constate véritablement cette tendance depuis cinq ans au niveau des collectivités », déclare l’urbaniste-paysagiste. « Il y a incontestablement une prise de conscience du réchauffement climatique et des impacts que cela va avoir sur nos vies et nos villes. La politique des collectivités et les budgets qui sont alloués tournent beaucoup autour de ces thématiques-là. » La biodiversité, la désartificialisation des sols, le cycle des eaux pluviales ne sont ainsi plus réservés aux réflexions agricoles mais deviennent aussi des préoccupations urbaines. « Ces problématiques, nous les prenons en compte depuis 15 ans dans nos projets. La double casquette de notre agence fait que notre réflexion a toujours porté sur ces sujets-là, qui aujourd’hui, deviennent plus prégnants. » C’est donc dans ce sens qu’a été repensée la requalification des cités ouvrières Lemay et Sainte Marie à Pecquencourt dans le Nord, pour lesquelles l’agence Savart a obtenu la Victoire d’argent du Paysage 2020. « Avant que l’on intervienne, l’espace public était entièrement recouvert d’enrobé. Nous avons réduit celui-ci à son strict niveau fonctionnel, pour augmenter d’autant les surfaces végétales et les sols naturels », explique Marc Soucat.

AUGMENTATION DE LA BIODIVERISTÉ ORDINAIRE DE 64%

Ainsi, les sols artificialisés ont été réduits de 18% avec une amélioration du cycle de l’eau grâce à 6 900m2 de sols rendus perméables. « Nous avons également augmenté la biodiversité ordinaire de 64% par l’introduction de 70 espèces végétales et d’une large diversification des milieux », poursuit-il. L’idée de créer une « cité jardin » était de sortir le jardin dans l’espace public, en créant notamment des jardins familiaux mais aussi des massifs dynamiques où l’on « taille, broie et recycle sur place, comme dans une forêt ». Les surfaces végétales de la cité ouvrière qui s’étend sur 7 ha ont ainsi été augmentées de 33%.

La réhabilitation des cités Lemay et Sainte Marie vont bien au-delà, du réaménagement de l’espace public, le projet faisant partie d’une véritable réorientation des politiques de la ville. « Le projet, d’un budget global de 8 millions d’euros, n’a pas juste servi à remodeler le paysage. Il s’inclut aussi dans de nouvelles pratiques grâce à la mise en place d’un plan de gestion différencié. Et pour nous c’est aussi un acte social, car on intervient là où les gens vivent, on est sur du renouvellement urbain, cela a un sens. » Car « faire du végétal pour faire du végétal » sans vision sur le long terme, cela n’intéresse pas Marc Soucat. Aux façades végétalisées, « qui meurent en deux ou trois heures s’il y a une coupure de courant », il préfère planter du vivant, « les pieds dans la terre », distinguant le système artificiel de la relation d’autonomie des plantations avec leur milieu.

Fort d’une équipe de huit salariés, aussi bien des architectes urbanistes que des architectes paysagistes, Savart Paysage a un carnet de réalisation conséquent (Place des Quatre fils Aymon à Châlons-en-Champagne, Place Clairmarais à Reims, cryptoportique à Reims, mais également le jardin de la médiathèque à Sézanne, Prix d’argent aux Victoires du Paysage 2014 ou encore le parc du Grand Jard à Châlons et l’Eco-quartier Réma’Vert à Reims) et travaille sur tout le grand quart Nord Est de la France. L’agence répond à des appels d’offres publics mais aussi des appels à projets d’entreprises privées.

Et si la période Covid a logiquement ralenti son activité, l’agence châlonnaise intervient sur plusieurs chantiers en cours, dont la mise en place d’un corridor écologique en Moselle, la création d’un parc végétal à Haussimont dans la Marne, qui va traduire l’adaptation des espèces végétales au réchauffement climatique.

« Associer Latitude et Végétal permet d’illustrer, d’aborder, d’anticiper, de tester et d’expérimenter le rapport des arbres aux variations du climat. Quatre clos vont s’entremêler où pousseront quelques arbres du climat méditerranéen et du climat continental mais aussi ceux qui sont aujourd’hui présents dans les deux climats et ceux en déplacement du sud vers le nord. »

Les travaux de requalification ont duré de 2013 à 2018.

Des jardins familiaux ont été créés en lieu et place d’un terrain de foot à l’abandon.