L’âge de raison pour un BIVB qui regarde vers l’avenir

Le millésime 2017 tombe manifestement très bien pour la profession, après des millésimes 2015 et 2016 qui ont encore besoin de vieillir.

Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), qui fête ses 30 ans cette année, tenait son assemblée générale à Savigny-lès-Beaune le 3 juillet. Entre nécessité de s’adapter aux nouvelles technologies et bonnes performances commerciales, l’organisation se doit d’être présente sur des champs de plus en plus diversifiés.

Au-delà de l’exercice classique lié au bilan de l’année à établir, la dernière assemblée générale du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) marquait aussi le passage symbolique d’un cap : celui des 30 ans d’existence de la structure interprofessionnelle. Un anniversaire sur lequel François Labbé, président du BIVB s’appuyait pour ouvrir des perspectives d’avenir, en rappelant que la profession viticole (producteurs ou négociants), vivait des évolutions qu’il allait falloir traduire en orientations stratégiques à l’horizon 2025. Sur un avenir plus proche, l’organisation professionnelle a voté, pour le pôle Technique et Qualité, un budget 2019/2020 de 1,4 million d’euros, dont la plus grosse partie (41 %) sera dédiée aux projet de R&D en viticulture et œnologie. Sur les marchés et le développement, le plan 2020 prévoit des actions et des études pour un budget de 448 000 euros, en grande partie consacré à la priorisation des marchés pertinents pour les cinq prochaines années.

« MARCHER SUR SES DEUX JAMBES »

Le pôle Marketing et Communication se voit, quant à lui, alloué un budget de 5,8 millions d’euros, dont près de 10 % pour les actions de lobbying. Au global, le BIVB va donc s’appuyer sur une enveloppe d’un peu plus de 13 millions d’euros sur la période 2019/2020. Pour François Labbé, il est essentiel que l’organisation « marche sur ses deux jambes : d’un côté, les appellations reconnues et de l’autre, celles moins connues mais plus accessibles ». Une affirmation qui résonnait avec le constat dressé par le vice-président du BIVB, Louis-Fabrice Latour, qui rappelait que si les vins de Bourgogne s’était très bien comportés, ces douze derniers mois, sur les marchés à l’export, il n’en n’était pas de même sur le marché français : « nous avons subi, rappelait-il, l’impact du mouvement des gilets jaunes, les difficultés de la grande distribution et certains effets de la loi pour l’Équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable (Egalim) votée l’automne dernier. Le négoce est à -8 % en France cette année…».

François Labbé voyait aussi dans cette situation un paradoxe bien français : « Nous avons l’image la plus forte en matière de vins, et la législation la plus dure quant à la communication sur le vin ». Le monde du vin, comme l’ensemble des secteurs économiques, est aussi affecté par la digitalisation des pratiques et la tendance à la dématérialisation. À partir du mois d’août, la Déclaration récapitulative mensuelle (DRM – document administratif qui permet aux entrepositaires de vin (vignerons, viticulteurs, négociants, caves coopératives) de déclarer auprès des douanes la quantité de vin qui est entrée ou sortie de leur cave) devra être remplie de manière dématérialisée, or, au BIVB, on fait le constat que les opérateurs concernés sont encore trop peu nombreux à avoir fait les démarches. « Nous risquons une campagne difficile, sur ce point », prévenait le président du BIVB.

Si l’on regarde dans le rétro de l’année écoulée, les vins de Bourgogne peuvent se vanter d’avoir réalisé de belles performances commerciales, notamment à l’export, avec des ventes en hausse de 12% en valeur et de 8% en volume (respectivement +4 et +9% pour l’ensemble des vins français). « Des bons chiffres qui ont surpris même le négoce, reconnaissait Louis-Fabrice Latour, avec d’excellentes performances sur les blancs (+12 % en volume et +14% en valeur). Il faut toutefois nuancer ces chiffres en prenant en compte un phénomène de surexpédition au Royaume-Uni, en anticipation du Brexit ».

L’EXPORT TRÈS PORTEUR

Sur le Brexit, justement, le vice-président du BIVB ne veut surtout pas sombrer dans le défaitisme, considérant que le monde du bourgogne est relativement prêt à toutes éventualités. Il s’est en revanche montré plus inquiet sur les risques de représailles commerciales que les États-Unis font peser actuellement sur de nombreux pays, dont la France. S’il est un marché extérieur qui sourit aux bourgognes, c’est bien la Chine : l’an passé, les ventes y ont progressé de 20 % en volume alors que dans le même temps, les bordeaux subissaient dans l’Empire du Milieu une baisse de 30 % de leurs volumes. Néanmoins, si les bourgognes ont gagné en volume, leurs ventes chinoises ont fléchi de 4 % en valeur. Au Japon, le début de l’année a été très bon. En conclusion, pour Louis-Fabrice Latour, si les bourgognes parviennent à redresser la barre sur le marché français, 2019 devrait être un bon cru en termes commerciaux.

Des robots dans les vignes ? Il est urgent d’attendre !

Parmi les intervenants de cette assemblée générale figurait Didier Sauvage, de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. L’homme était venu parler de robotique. S’il reconnaît que l’intérêt de la viticulture est réel pour ces nouvelles technologies, il recommande néanmoins la prudence. « Pour l’instant, en viticulture, précisait-il, on en est encore que dans le domaine des prototypes. Il existe une offre sur les problématiques de désherbage des vignes mais les démonstrations qui ont eu lieu sur ce sujet ne sont pas toujours concluantes. On s’interroge encore beaucoup sur la polyvalence des robots par rapport aux interventions nécessaires. La robotique est-elle une solution adaptée à un parcellaire très morcelé tel qu’on le connaît en Bourgogne ? La question reste posée ». Si, sur la vigne, les ingénieurs roboticiens semblent avoir encore beaucoup de pain sur la planche, des solutions technologiques intéressantes se font déjà jour dans les domaines du jardinage ou de l’entretien d’espaces verts. « Pour les robots dans les vignes, conclut Didier Sauvage, il faudra sans doute plus de patience mais les start-up du secteur ont la capacité de lever des fonds, on peut donc s’attendre à d’importants progrès dans les années qui viennent ».

Louis-Fabrice Latour, vice-président du BIVB. (Photo : Journal du Palais)

François Labbé, président du BIVB. (Photo : Journal du Palais)