L’administration régionale montre l’exemple en matière d’égalité femmes/hommes

Le 3e rapport régional sur l’égalité femmes/hommes en dit plus sur les progrès, remarquables, de l’institution que sur la situation dans les territoires qui sur bien des points place la région en mauvaise position.

Depuis la loi de 2014, les Régions ont l’obligation, préalablement à leurs débats sur les Orientations Budgétaires (22 Novembre prochain pour le Grand Est), de publier un rapport annuel sur l’avancement de leur politique en faveur de l’égalité femmes/hommes. Ce rapport, qui doit contenir un volet interne au Conseil régional et un volet territoires, est le 3e présenté par le Grand Est. Il a été soumis à l’Assemblée régionale lors de sa session d’octobre.

Evidemment, les inégalités femmes/hommes dans le Grand Est restent majoritairement dans la moyenne nationale. Cependant, certains indicateurs persistants placent la région parmi les moins bonnes de France. Parmi eux, le taux de scolarisation des femmes (84,1% dans le Grand Est contre 86,2% en France), les inscriptions dans les classes préparatoires aux grandes écoles (2,6% des filles et 4,2% des garçons), la part des femmes, de 15 à 64 ans, dans l’emploi (59,6% pour les femmes et 64,2% pour les hommes), le taux d’activité des femmes (72,2% contre 80,6% pour les hommes). Les inégalités salariales mettent le Grand Est sur le podium des plus gros écarts avec 20,2%, derrière Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, alors que l’écart moyen national se situe à 18,6%.

L’INSTITUTION RÉGIONALE EXEMPLAIRE

Le premier volet du rapport montre une administration territoriale exemplaire. Au 31/12/2016, la Région employait 7 108 agents, dont 62% de femmes. L’encadrement était alors à 49% féminin. Au 31/12/2018, la Région employait 7 340 agents, dont toujours 62% de femmes, moyennement majoritaires dans la filière technique (58%) et largement dans la filière administrative (80%). Entre 2016 et 2018, les effectifs ont progressé de 3,1%, dont 3,4% pour les femmes et 2,8% pour les hommes. Dans la même période, les contrats à durée indéterminée ont augmenté de 49% chez les femmes et de 11% chez les hommes.

La progression des femmes dans les postes d’encadrement se poursuit : 49% en 2018 contre 47% en 2017. Elles occupent désormais 42% des postes de directeur contre 24% en 2017, une évolution qui estompe le fameux plafond de verre. Elles sont 70% dans des postes de directeur-adjoint. Si l’on considère la stabilité de l’emploi dans le personnel du Conseil régional, les femmes représentent 62% des personnels devenus stagiaires ou titulaires, quasiment deux fois plus en un an. 66% de l’avancement des carrières du personnel (promotions et concours) concernent les femmes.

UN VOLET TERRITOIRES EN GESTATION

L’administration du Grand Est donne l’exemple, reste à développer la politique en faveur des territoires. C’est dans cette perspective que la région a élaboré son plan pluriannuel de l’égalité 2019-2021, plan co-construit avec les acteurs territoriaux de l’égalité femmes/hommes, la participation des jeunes (enquête menée en mai et juin 2018) et le personnel du Grand Est. Ce plan résulte de l’obligation faite aux employeurs publics, par la loi de la transformation de la fonction publique (août 2019).

Signataire de la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale, la Région a initié un certain nombre d’actions : création du Prix régional de l’égalité et de la mixité et élargissement de ce prix aux associations (un total de 100 000 euros de dotations), désignation d’un Conseiller régional référent, mise en place d’un Comité de pilotage, soutien aux actions régionales remarquables en faveur de l’égalité, de la mixité des métiers et de la sensibilisation du public, Plan régional en faveur de l’entrepreneuriat féminin, en partenariat avec bpiFrance, la Caisse d’Epargne Grand Est Europe et BNP Paribas, animation en interne des directions et des maisons de la Région.

La compétence en matière de promotion de l’égalité femmes/hommes, affirmée par le Code des collectivités locales, est partagée entre toutes les collectivités et l’enquête menée par le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes montrent bien le chemin à parcourir. À partir des rapports des Régions, le HCE relève qu’une collectivité sur deux propose des actions et que moins de 20% étendent leur rapport aux territoires. Sur la centaine de collectivités ayant répondu à l’enquête, quatre seulement ont indiqué que leur rapport a permis d’établir un budget. Ce dernier est d’ailleurs envisagé dans le rapport du Grand Est. La réponse majoritaire des Régions et des Départements interrogés évoque des financements existants mais gérés par les diverses directions des collectivités ou ventilés sur des actions spécifiques. Ce qui est le cas du Grand Est.

Le prix égalité 2019 pour une initiative ardennaise

L’initiative ardennaise « Bien dans sa peau, bien dans ses bottes », portée par la chambre d’agriculture des Ardennes en faveur des agricultrices, s’est vu décerner le prix régional pour l’égalité 2019. Pour Sarah Bourtembourg, membre du bureau de la chambre d’agriculture des Ardennes, ce parcours proposé aux agricultrices peut leur permettre d’améliorer leur confiance en elles, à assumer pleinement leur rôle et à mieux assurer l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Réunions, formations, partage d’expériences figurent dans la boîte à outils de ce parcours qui permet donc aux agricultrices ardennaises d’évoluer professionnellement et personnellement selon leurs objectifs. « Nous sommes agricultrices et fières de l’être et ce parcours s’adresse aux 1200 femmes agricultrices dans les Ardennes », précise Sarah Bourtembourg, qui a reçu ce premier prix égalité – le seul sur le territoire champardannais parmi les 12 lauréats du Grand Est, des mains de Jean Rottner, président de la Région, à l’occasion de la soirée de l’innovation organisée à Troyes.

Jean Rottner a remis à Sarah Bourtembourg le prix égalité 2019 pour une initiative lancée dans les Ardennes.