Laboratoire du vivre ensemble

Le nom Hôp Hop Hop évoque à la fois un raccourci des termes hôpital et hospitalité et la notion de dynamique temporel d’un projet par nature limité dans le temps. Basé à Besançon, il s’agit d’un lieu partagé et de partage, ouvert sur la ville, riche en activités culturelles, pédagogiques et thérapeutiques regroupé dans un espace pluridisciplinaire et intergénérationnel.

Créée en mars 2018 à Besançon, l’association Hôp Hop Hop se considère comme un « laboratoire urbain et social » créateur d’un lieu « foisonnant d’activités, un espace de liberté générateur de lien social ». Découverte.

Renforcer le lien social ; mobiliser sur un espace des personnes désireuses de le transformer pour en faire un lieu créatif, d’accueil, de partage et d’expérimentations ; créer des espaces pluridisciplinaires et intergénérationnels, foisonnant d’activités culturelles et pédagogiques, des espaces de liberté ; se vouloir comme un laboratoire urbain et social… Ainsi peut-on résumer la profession de foi du collectif d’architecture Hôp Hop Hop né en 2018, de l’initiative de cinq personnes : trois architectes, une urbaniste et un designer ayant en commun une même année vécue à Besançon. « Nous sommes parti du constat que d’une part de nombreuses personnes sont à la recherche d’espaces pour expérimenter et innover, et que de l’autre de nombreux bâtiments en ville restent inoccupés. Pourquoi alors ne pas réinventer nos pratiques professionnelles d’aménageurs pour permettre une réappropriation de la ville, et cela en créant des lieux d’accueil générateurs d’échanges et de rencontres ? », raconte Lucile Andersen, coordinatrice du projet. Restait à trouver un lieu d’expérimentation. Le choix s’est porté sur l’Arsenal : 2 000 mètres carrés de vieilles pierres, faisant face à l’ancien Hôpital Saint-Jacques et laissés libres depuis le déménagement des services du CHRU aux Hauts-du-Chazal. Un site bisontin emblématique appelé à devenir la future Cité des savoirs et de l’innovation.

ACUPUNCTURE URBAINE

« Nous avons obtenu de la ville et du CHRU l’autorisation d’occuper les lieux de manière temporaire. Ce bail d’un an est reconductible et prendra fin une fois la transformation du quartier achevé, à l’horizon 2023-2024 ». Amorçant cette aventure à cinq, le collectif compte aujourd’hui 47 résidents. « C’était pour nous un projet de cœur, nous n’aurions jamais pensé que cela marcherait autant », témoigne Lucile Anderson. Pour un coût de loyer modique, chaque résident se voit mettre à disposition un espace de travail ou de création. En échange, chacun participe et fait vivre le lieu bénévolement. Le bâtiment accueil par ailleurs : le grand labo, la centrifugeuse, le petit labo, soit trois salles polyvalentes, aux noms évocateurs des anciennes fonctions du site, mises à disposition de tous pour différents évènements, ateliers, projections, réunions répétitions, conférences… un café associatif, la recyclerie et ses ateliers créatifs, un atelier de bricolage partagé, une salle d’exposition, un fond documentaire de livres d’artistes et – en cours de finalisation – un pôle de la douceur (bien-être et médecine alternative). En projet : une cantine solidaire, qui devrait voir le jour en automne et la création d’une boutique pour vendre les créations des résidents. Il faut dire qu’elles sont nombreuses et variées à l’image du caractère hétéroclite des habitants. Jugez vous même. Ce lieu de vie pluridisciplinaire et intergénérationnel compte : photographe, compagnie de théâtre, naturopathe, savonnier, fabriquant de bière, styliste, dessinateur, journaliste, architecte, paysagiste, ethnologue, créateur d’escape game, plasticienne, couturière, graphiste… Fonctionnant sur le principe de la gouvernance partagé, Hôp, Hop, Hop mobilise deux salariés sur 1,7 équivalent temps plein. Amorcée par un apport de capital du Crédit Agricole, au titre du mécénat, de 20000 euros, l’association est aujourd’hui pleinement autonome financièrement grâce aux revenus tirés de la location des espaces de travail.

Une réussite qui incite déjà le collectif à imaginer reproduire ailleurs, sur d’autres lieux bisontins en déshérences, ce modèle basé sur l’humain. « L’idée serait de pratiquer une sorte d’acupuncture urbain qui permettrait une pleine revitalisation du centre-ville », imagine Lucile Andersen.