La violette de Toulouse, la crème de beauté

Hélène Vié, fondatrice de la Maison de la violette et de Jardin Confidentiel, se lance dans les produits cosmétiques avec cette nouvelle gamme de « cinq produits dédiés aux femmes », formulés à partir actifs d’origine naturelle dont le Symbiolette, extrait de la violette, aux propriétés anti-âge.

La toulousaine Hélène Vié continue d’explorer les richesses de la petite fleur emblématique de la Ville rose. Elle lance une gamme de produits à base d’actifs naturels dont un extrait de la violette.

À rebours d’une société qui file toujours plus vite, la patience et la ténacité deviennent des qualités rares. Hélène Vié est par chance pourvue des deux. La fondatrice de la Maison de la Violette a travaillé pendant huit ans, investissant chaque année entre 2 et 5 % de son chiffre d’affaires dans la R & D, avant de pouvoir lancer sa nouvelle marque de cosmétiques, Jardin Confidentiel. Elle vient en effet de mettre sur le marché une première gamme de produits de beauté dont un des principes actifs, aux propriétés anti-âge, est extrait de la violette. Une fleur emblématique de la Ville rose pour la sauvegarde de laquelle, Hélène Vié s’est longtempsbattue.

HUIT ANS DE RECHERCHE

Depuis 1993 et la création de sa société Jardin d’Elen, elle cultive en famille ce petit morceau de patrimoine toulousain dont elle produit 3 000 pots par an. Elle commercialise en parallèle une palette toujours plus nombreuse de produits aux couleurs de la violette, des produits qu’elle fait fabriquer à façon par des artisans et des industriels locaux comme les parfums Berdoues à Cugnaux, le confiseur Francis Miot à Uzos (Pyrénées-Atlantiques) ou encore le fabricant de linge de maison d’inspiration basque Jean Vier, à Saint-Pée-sur-Nivelle… Des produits qu’elle vend sous la marque la Maison de la violette, dans sa péniche amarrée sur le canal du Midi, en face de la gare Matabiau, dans sa boutique de l’aéroport Toulouse-Blagnac et via son site internet grâce auquel elle expédie des trésors à la violette un peu partout dans le monde.

Bien lui en a pris d’ailleurs de développer une boutique en ligne car sa petite entreprise, qui emploie aujourd’hui cinq personnes et a réalisé en 2019, 1 M€ de chiffre d’affaires, a été fortement affectée par la pandémie de Covid. Elle estime à 30 % la perte de son chiffre d’affaires annuel due à la crise sanitaire. C’est du reste sur la vente en ligne qu’elle a décidé d’asseoir le lancement de ses nouveaux produits, même si depuis quelques semaines, la boutique flottante du boulevard Bonrepos a rouvert ses portes.

« Nous avons renforcé notre stratégie digitale, détaille-t-elle, en attendant de pouvoir nous rendre dans les salons professionnels ». Car si elle vise la clientèle des particuliers, avec sa gamme de cosmétiques à l’extrait de violette, elle espère bien séduire aussi les instituts de beauté, les parfumerie et les spas, de l’Hexagone, mais pas seulement, puisqu’assure-t-elle, « le Japon et la Russie pourraient être intéressés » par ses crèmes made in France.

MADE IN OCCITANIE

Voir made in Occitanie, car la fondatrice du Jardin d’Elen a conçu la gamme Sublime Violette en circuit court. C’est en effet le laboratoire Symbiotec, installé à Toulouse, qui extrait des violettes qu’elle cultive dans son jardin, quartier de Lalande, le Symbiolette, ce principe actif dont elle a, avec Serge Rollan, le directeur scientifique de Symbiotec, déposé le brevet. C’est ensuite dans le laboratoire Version Organique, basé à Cambonles-Lavaur dans le Tarn, fondé par la toxicologue Anne-Charlotte Barlerin, que les formulations sont composées et assemblées, associant de l’eau minérale des Pyrénées, le Symbiolette et d’autres actifs issus des plantes – eau florale de bleuet, huile de lys blanc, huile de rose musqué, extrait de lotus, beurre de karité – et de la nature comme le miel de tilleul, soit des formulations comprenant de 95 à 99 % d’ingrédients naturels. Elles sont ensuite conditionnées dans des tubes biosourcés fabriqués avec des déchets de canne à sucre quelques kilomètres plus à l’ouest par Gerstube, à Vic-Fezensac puis packagées dans un étui fabriqué à Carcassonne, imprimé avec de l’encre végétale… « Ma stratégie a évolué au fil du temps, reconnaît Hélène Vié. Je l’ai tourné de plus en plus vers la nature. Le processus a été long, mais cela m’a permis d’affiner ma démarche, notamment environnementale. » Pendant ces huit années, la dirigeante souligne l’aide que lui a apportée Ad’Occ, l’agence de développement régionale « qui m’a permis d’être mieux armée, assure-t-elle, d’avoir des pistes pour le sourcing, et au-delà aussi d’être épaulée à travers des subventions ».

Un « véritable défi » que la sexagénaire, considère comme « le plus important chantier de sa vie, qu’elle est heureuse d’avoir mené au bout, malgré la Covid. Du reste, affirme-t-elle, « les premiers retours des consommatrices sont très positifs. Ça me booste ! Il faut que ça marche », conclut la dirigeante qui espère bien rattraper le chiffre d’affaires perdu pendant la crise.