La vie d’entreprise malgré le covid

Géraud Spire a évoqué la conjoncture économique.

Réunie dans un format inhabituel en raison de la situation sanitaire, la dernière assemblée générale des membres titulaires et associés de la Chambre de commerce et d’industrie des Ardennes était entièrement axée sur la conjoncture sanitaire et économique

Le préfet des Ardennes, Jean-Sébastien Lamontagne, a pu ainsi entendre une vingtaine de chefs d’entreprise évoquer leur ressenti quant à leurs activités.

« La situation est contrastée et mitigée. Certaines entreprises n’ont pas souffert de la période de confinement, d’autres ont connu un sérieux trou d’activité au printemps avant de connaître un sursaut en juin, juillet et août. Mais depuis septembre, l’activité a repris avec plus ou moins de vigueur. Les carnets de commandes ont plus de mal à se remplir, notamment dans le secteur automobile, si bien que les perspectives d’avenir restent difficiles à cerner. Les tempêtes économiques seraient donc plutôt devant nous que derrière », indique Géraud Spire.

Suite aux remontées de terrain, celui-ci craint particulièrement la période où beaucoup d’entreprises actuellement sous perfusion auront à rembourser le prêt garanti par l’Etat et que quelques-unes disparaissent dans l’indifférence.

Profitant de ce tour de table, Géraud Spire n’a pas été sans évoquer la situation difficile, connue par les hôteliers, cafetiers et restaurateurs en ajoutant à ce spectre les associations sportives et culturelles démunies de moyens. Sans oublier bien sûr une activité commerciale impactée par une baisse de fréquentation, moins de lèche-vitrine et une sélection des dépenses de consommation beaucoup plus rigoureuse de la part des usagers pas tranquilles sur l’avenir. « Des secteurs comme le textile et le vêtement sont mêmes en pleine déconfiture. » Autant dire que les Ardennes tendent le dos en souhaitant que le niveau sanitaire n’entame pas à nouveau la confiance du tissu industriel et commercial.

UN GESTE DU PARLEMENT

Dans son discours inaugural, Géraud Spire a rappelé que le 30 juillet, le Parlement allant à l’encontre des directives gouvernementales avait adopté, dans le cadre de la 3e loi de finances modificative pour 2020, une disposition relevant de 100 millions d’euros le montant de la ressource fiscale affectée au réseau des CCI pour l’exercice en cours.

« CCI France et CCIR Grand Est répartiront prochainement ces 100 millions d’euros, ce qui nous permettra de finaliser notre projet de budget primitif rectificatif présenté le 23 novembre. Une bonne nouvelle. Nos élus ayant sans doute pris en compte l’action menée sur le terrain par les CCI durant le confinement pour s’approprier les mesures de protection et poursuivie lors du plan de relance afin de surmonter la crise », estime le président.

PACK REBOND

L’Etat a mobilisé le réseau des CCI pour promouvoir le pack rebond destiné aux entreprises industrielles en lui confiant la campagne téléphonique en direction des PMI de 6 à 250 salariés. Commencée à la mi-septembre, cette opération phoning se poursuivra jusqu’à fin octobre. Plus de 250 entreprises seront contactées. Dispositif mis en place dans les territoires de l’industrie, le pack rebond s’articule autour de quatre objectifs : attirer de nouveaux investissements et relocaliser la production française ; expérimenter des sites pilotes pour la transition industrielle et écologique ; préserver le savoir-faire et développer les compétences et enfin accélérer les projets des collectivités et industriels.

PORT DE GIVET

Fin 2021, la CCI lancera un appel d’offres concernant la délégation de service public liée au fonctionnement du port de Givet actuellement détenue par la société Suez. Ce service est assuré pour une durée de huit ans.

DENIS DISY REMPLACE

Détaché de ses fonctions de directeur de la Société Ardennaise d’Essieux et désormais maire des Hautes-Rivières et vice-président de la communauté de communes Vallées et Plateau d’Ar- dennes, Denis Disy a démissionné de son poste de premier assesseur au bureau de la CCI. Il sera remplacé par Nathalie Ferracin. François Beguin succèdera à celle-ci à la présidence de la commission des finances.

Quatre PME ardennaises anti-Covid

Lors de sa dernière assemblée générale, la Chambre de commerce et d’industrie des Ardennes a invité quatre chefs d’entreprises s’étant lancés au début de la crise sanitaire dans la fabrication d’équipements de protection individuels. Témoignages sur ces reconversions en temps de crise.

TSC A ANGECOURT

Spécialisée à la base dans la confection de rideaux destinés à des hôtels et des maisons de retraite, TSC qui souffrait d’un effondrement de ses commandes sur ce marché a choisi dès mars 2020 d’ouvrir une nouvelle activité pour rendre service aux personnels des hôpitaux, EHPAD, collectivités locales, établissements scolaires et entreprises ainsi qu’aux ambulanciers et médecins.

« J’ai pris la décision d’investir dans deux machines automatiques fabriquées en Chine pour m’orienter dans la fabrication de masques en tissu (80 000 par jour) puis de blouses jetables pour lesquelles on a créé un atelier spécifique de deux fois huit personnes avec une découpeuse afin de produire quotidiennement 3 000 blouses. Ce virage a généré la création de 17 emplois pour arriver à 32 salariés. En bousculant nos habitudes, on a repris de l’élan à un moment où l’entreprise traversait une mauvaise passe et pouvait être en danger », rappelle Olivier Wéry, dirigeant d’une PME, qui n’a pas recouru au chômage partiel. Mais depuis quelques temps, celui-ci déplore l’attitude des décisionnaires. « Au plus fort de la crise sanitaire, on a fait appel à nos services et, aujourd’hui, je constate que beaucoup de donneurs d’ordre reprennent leurs vieilles habitudes en achetant en Chine. C’est consternant ». Olivier Wéry affiche de l’inquiétude pour sa société et se bat pour être entendu et compris.

« L’activité a fléchi ces derniers jours. Le marché s’est retourné et les commandes commencent à se tarir. Je m’en suis ouvert auprès des élus et des pouvoirs publics pour qu’ils fassent appel au bons sens des acteurs influents ». TSC vient de répondre à l’appel d’offres du Conseil départemental et d’Ardenne Métropole concernant la fabrication de masques afin de redonner une bouffée d’oxygène à son outil de travail.

ARDEN PLAST A MOUZON

Travaillant dans le conditionnement durable et réutilisable de solutions d’emballages et de protection en polypropylène alvéolaire pour l’industrie, Arden Plast (43 salariés) a réfléchi en avril, au creux de son activité, à la fabrication ponctuelle de séparateurs de poste de travail afin de permettre aux salariés de travailler dans de bonnes conditions de distanciation au sein de dans leurs usines. « Contrairement au carton, nos kits réalisés avec notre matière première sont facilement nettoyables et désinfectables tout en étant faciles à mettre en place et très bon marché. En l’espace de trois jours, on a conçu ces séparateurs, fait la communication et fabriqué. Ce qui a représenté une demi-journée de travail effective pour mettre ce produit à disposition des entreprises. Mais au-delà de cet aspect, cette démarche a aussi été dynamique et mobilisatrice pour nos salariés », note Benoît d’Harcourt.

SOPAIC REPRO

60 000 visières, 2 000 m2 de plexyglass et autant d’adhésif au sol et 500 bornes porte-gel pour un chiffre d’affaires en hausse de 16 % au mois de juin. L’atelier d’impression et de découpe numérique petit et grand format de Sopaic Repro, entreprise de 16 salariés dirigée par Stéphane Dupuis, se félicite de s’être servi de ses procédés de fabrication pour aider à la lutte contre la Covid-19. « Après deux jours de confinement sans le moindre appel et sans aucun client au guichet ce qui s’est traduit par une baisse drastique des commandes (moins 95%), une amie infirmière est venue me trouver pour lui confectionner des visières pour la protéger elle et ses patients. À partir de là, on a mis tout en œuvre via internet, un site marchand et la diffusion de fiches techniques pour développer et vendre différents produits dans les pharmacies, boulangeries, salons de coiffure, laboratoires, etc. Ce fut un grand succès pour l’entreprise », souligne Stéphane Dupuis.

DUPUY À QUATRE-CHAMPS ET VOUZIERS

Référence dans le domaine du traitement de l’eau industrielle et tertiaire à travers la production de savons, détergents et produits d’entretien, la société Dupuy dirigée par José Clabaux a simplement voulu remplir son devoir citoyen en mettant son outil de production au service de la lutte contre l’épidémie en fabriquant du gel hydroalcoolique.

Dernièrement encore, l’entreprise Dupuy avec la collaboration du transporteur Simon a fait un don de 10 000 litres de solution hydroalcoolique à des centres hospitaliers, centres de consultation Covid, aux professionnels de santé, aux Ehpad, aux centres médicaux sociaux, aux structures intervenant à domicile et aux collectivités territoriales.