« La transformation n’est plus une incantation, c’est une réalité »

« 4 600 buralistes sont aujourd’hui entrés dans la démarche du fonds de transformation de la profession », souligne Philippe Coy (au centre) lors d’un déplacement en Lorraine mi-juin.

Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes.

Un fonds de transformation qui fait son chemin, des partenariats en matière de diversification de services et d’activités, le tout dans un contexte de crise sanitaire qui semble confirmer cette nouvelle stratégie de renforcement de proximité, les buralistes accélèrent leur mutation. Entretien avec Philippe Coy, le président de la Confédération des buralistes.

RésoHebdoEco : D’après certains sondages, plus de la moitié des buralistes ont augmenté leurs revenus pendant la crise sanitaire, signe que la transformation engagée par votre profession depuis deux ans commence à se faire sentir ?

Philippe Coy : L’une des principales raisons est que pendant les différents confinements, certains consommateurs de tabac ont dû changer leurs habitudes et notamment ceux en zones frontalières qui n’ont pu aller se fournir chez nos voisins. Nos buralistes ont également profité du contexte sanitaire pour se diversifier et se servir des dispositifs existants pour y parvenir.

À l’image du fonds de transformation mis en place avec l’État il y a maintenant plus de deux ans. Quel est aujourd’hui le bilan de ce fonds ?

Depuis 2018, nous pouvons dire que nous avons lancé notre propre plan de relance via ce fonds. Aujourd’hui 4 600 buralistes sont entrés dans cette démarche (sur les quelque 24 000 membres que comptent la confédération). Nous ne sommes plus dans l’incantation mais dans la réalité. Du chemin reste à faire pour continuer à convaincre de cette nécessité de nous réinventer.

Combien de bureaux de tabac aujourd’hui sont-ils réellement transformés ?

Cette année, ce sont 2 300 bureaux de tabac qui auront effectué leur transformation totale. Notre objectif pour 2022 est d’afficher 3 500 points transformés.

La montée en puissance est aujourd’hui palpable.

La vente de produits manufacturés du tabac demeure votre ADN, quels sont aujourd’hui les autres services que vous proposez ?

La diversification est multiple. Vous avez le marché de la cigarette électronique, nos services classiques de distribution de la presse, les jeux, les différents paiement de proximité de certains impôts et factures de la Direction générale des finances publiques, la vente de billets SNCF que nous avons mis en place via plusieurs partenariats depuis maintenant deux ans. Le snacking ou encore des services de conciergerie sont également des pistes de diversification aujourd’hui en marche.

Quels sont les autres services que vous entendez proposer prochainement ?

L’encaissement pour le compte de certaines entreprises privées, comme les bailleurs sociaux, ou encore les travaux que nous menons avec la Poste vont permettre de renforcer les cordes à notre arc de la proximité. La crise sanitaire a confirmé notre ancrage sur les territoires. Nous sommes reconnus par nos concitoyens comme de véritable commerçants d’utilité locale. Le contexte accélère cette tendance et l’innovation est au cœur de cette démarche avec l’offre d’une palette diversifiée de produits et de services répondant aux nouvelles tendances de consommation.

Le marché aujourd’hui émergent du CBD (cannabidiol, molécule extraite du chanvre) est-il une possible nouvelle diversification pour votre réseau ? Comment l’appréhendez-vous ?

Cela fait deux ans que nous sommes positionnés sur ce sujet. Un rapport de la mission parlementaire sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis de février dernier fixe le cadre et la méthode. Il faut maintenant agir pour que les buralistes puissent commercialiser le CBD en toute garantie pour le consommateur. Cela devrait être le cas dans les prochaines semaines pour les produits e-liquide.

Propos recueillis par Emmanuel Varrier (les Tablettes Lorraines) pour RésoHebdoEco – www.reso-hebdo-eco.com

«Notre plan de relance, nous l’avons lancé il y a maintenant plus de deux ans», assure Philippe Coy, le président de la Confédération des buralistes.