Plus de soignants et moins d’administratifs dans l’Hôpital Public, la formation au secours de l’emploi, l’usage social du numérique et la transition énergétique en fil rouge… Le Conseil Economique, Social et Environnemental affirme, dans sa note de conjoncture, ses priorités pour le Grand Est.
«Une note de conjoncture sortant de la norme, comme un point zéro », le tableau de bord du CESER sur la conjoncture économique et sociale dans la région Grand Est n’a rien de comparable aux 13 éditions précédentes. Dans la deuxième région la plus touchée par la crise sanitaire, le CESER sort des critères classiques, se pose la question du progrès, au service ou non de l’humain et dit que cette crise en révèle d’autres.
D’abord le constat brut, avec la descente aux enfers des capacités de production, de 84 à 36% en quinze jours au mois d’avril. Au premier trimestre 2020, les exportations plongent de 1,6 milliard d’euros sur un an, une première depuis 2009. Près de 30 000 emplois du secteur privé sont perdus lors du premier trimestre, en deux semaines de confinement.
LA DISTRIBUTION DES EFFECTIFS HOSPITALIERS EN CAUSE
La Santé, secteur inédit pour l’enquête du CESER s’impose dans cette note de conjoncture qui remarque que, rapporté au nombre d’habitants, le Grand Est se situe dans la moyenne de la France métropolitaine en termes de lits disponibles dans les hôpitaux. C’est au niveau des soins intensifs que la situation, à l’instar du niveau national, est moins bonne. Sur ce chapitre, le CESER note : « Avec deux fois moins de lits de réanimation que notre voisin allemand et une moindre disponibilité des professionnels soignants, se pose la question de notre capacité à répondre à une situation de crise. Ne serait-il pas également nécessaire de revoir le nombre de soignants ? Une meilleure organisation hospitalière transfrontalière ne pourrait-elle pas être envisagée ? »
PLUS DE SOIGNANTS ET MOINS D’ADMINISTRATIFS
C’est évidemment la fonction publique hospitalière qui est concernée par la réflexion du CESER avec notamment ce constat : « Le nombre de fonctionnaires a progressé dans le médico-social mais chuté dans les hôpitaux ». Le CESER ne fréquente pas les chemins détournés sur ce sujet. Afin de remplir sa mission première de santé publique, se pose la question de la sécurité de l’emploi, de sa valorisation, de son attractivité et des moyens dans les établissements hors champ concurrentiel et du rééquilibrage nécessaire entre administratifs et personnels soignants.
REPENSER L’ACTION DES ARS
Evoquant un écosystème médical fragilisé, notamment caractérisé par un nombre de professionnels de santé seulement dans la moyenne nationale pour une région aux pathologies chroniques plus importantes qu’ailleurs, le CESER pose la question de l’efficience de cet écosystème libéral de santé dans le Grand Est : « Ne serait-il pas nécessaire de repenser l’action des Agences Régionales de Santé, afin que les trois pans de leur objet, pilotage unifié de la santé en région, mieux répondre aux besoins de la population, accroître l’efficacité du système, soient centrer sur les besoins de la population ».
80 000 SANS EMPLOI SUPPLÉMENTAIRES
3 ans de baisse réduite à néant. En deux mois, on recense 467 120 personnes inscrites en catégories A, B, et C à Pôle Emploi, dans la région Grand Est en avril 2020, soit 30 000 de plus en seulement 2 mois (fin des CDD, des missions intérimaires, suspensions des formations). On assiste à un basculement colossal vers la catégorie A (+ 80 000 en deux mois), les catégories B et C se rétractant largement (- 50 000).
L’ensemble des départements du Grand Est est touché par ce brusque retournement de situation, les hommes un peu plus que les femmes. Les jeunes sont particulièrement impactés, avec une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans de 11,8% sur un trimestre. Les plus de 50 ans subissent une augmentation de 3,5%. Les tendances observées dans la région sont similaires à l’échelon national. Sur ce chapitre, le CESER s’interroge : « Cette crise a été un révélateur de la disparition de pans entiers de notre économie ? Ne faudrait-il pas mettre en place une stratégie de relocalisation, et dès à présent, au vu de l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi, développer des actions de formation permettant des reconversions possibles? » Entre autres sujets, la note de conjoncture s’intéresse au télétravail, aux tiers lieux et aux dernières zones blanches dans le Grand Est, à l’autonomie alimentaire des aires urbaines ou encore à la qualité de l’air.
LES REMARQUES DU PRÉSIDENT TASSIN
Sur les zones blanches : « L’Education Nationale a perdu des jeunes à cause des zones blanches qui concernent 110 000 habitants du Grand Est. Quand on parle de dématérialisation, il faut faire attention à l’usage social d’Internet. » Sur le Plan de relance du Gouvernement : « Le logement et l’urgence climatique peuvent être des fils rouges pour le Grand Est. Ce n’est pas le chemin qu’il faut changer mais la destination. La transition énergétique doit tout piloter. Une autre mondialisation que celle que nous vivons aujourd’hui. »