La ruée vers Lormes

Depuis le 19 juin, la Recyclerie est devenue l’Odessa comptoir, un restaurant californien qui doit sa naissance au confinement.

Au début du confinement, Matthias Kochen, quitte Lyon et son bar à vins nommé Odessa pour se réfugier dans sa maison de campagne près de Lormes, dans le Nièvre. Le confinement s’éternisant, il décide de proposer des plats à emporter, élaborés à base de produits locaux au prix de 10 euros. Le confinement terminé, il décide de rester et appelle à lui deux amis, David – qui vit à New-York – et Robb, chef cuisinier à Los Angeles venu en vacances en France et qui n’a pas pu rentrer suite aux mesures imposées par Donald Trump. Le trio loue les locaux de la Recyclerie – fermée depuis deux ans mais idéalement équipé – et installent l’Odessa comptoir. Au menu, l’Amérique et sa gastronomie : « il n’y a pas vraiment de gastronomie américaine, sinon le hamburger… elle est composée de plats du monde entier ». Sur la carte : hamburger, mais aussi houmous, rougail, et évidemment cuisine française, car que serait la cuisine américaine sans la gastronomie française ? Le tout élaboré à partir de produits bio, accompagnés d’un vin naturel et bio dont la goût, selon un client présent ce jour-là, « rappelle celui de ma grand-mère »…

L’ELDORADO NIVERNAIS

La campagne serait-t-elle donc en train de devenir un nouvel Eldorado ? Si pour David, le Morvan était avant tout un lieu « coup de cœur » de villégiature, l’ouverture de ce restaurant lui a aussi permis de sauver son bar lyonnais : « en ville, il y a une véritable frayeur du virus. Les gens ne sortent pas. Sans Lormes, il est possible que j’aurais dû fermer celui de Lyon ». Au-delà du bucolique, il s’agit aujourd’hui pour ces entrepreneurs de pérenniser leur établissement : « Nous avons fait de gros emprunts. Il faudra voir ce que nous faisons cet hiver. Nous ne savons pas encore si nous assurerons une activité toute l’année ou seulement en saison ». Une incertitude qui vient s’ajouter à une autre, celle du lieu : « le lieu est mythique, mais il faut entreprendre de gros travaux. Actuellement nous payons un loyer plus élevé qu’à Lyon ! Il faut que nous trouvions un accord juste. C’est dans notre intérêt à tous et pour tous les Lormois ».