À seulement 30 ans, cette Montalbanaise d’adoption dirige une agence d’aide à domicile depuis 2016. Embauchée comme assistante ménagère à 19 ans, elle a gravi un à un les échelons avant de monter son entreprise avec succès : elle embauche plusieurs personnes chaque année.
Sale temps pour les chefs d’entreprise : le confinement imposé par l’épidémie de Covid-19 fait peser des inquiétudes sur la santé des salariés et la pérennité de l’activité économique. « On est un peu entre deux chaises », soupire Stéphanie Coussié, dirigeante de la société d’aide à domicile O2 à Montauban. D’autant que pour cette Toulousaine, la difficulté est de concilier la protection de ses 24 employés d’un côté, et l’aide des personnes isolées et la garde des enfants de personnels médicaux de l’autre. Mais cette jeune chef d’entreprise n’a pas hésité. « La première réflexion c’est : je ne mets pas mes salariés en danger. De toute façon les gens sont chez eux et nos clients ont annulé leurs prestations. J’ai donc mis les salariés au chômage partiel, sauf deux, sur la base du volontariat. » Cette décision s’est imposée. Pour le reste, c’est le flou.
« On s’inquiète un peu pour l’entreprise. On a lancé des démarches pour tout ce qui est aide dans le cadre de la mise au chômage partiel. On attend la réponse. Le groupe O2, la CPME et notre comptable nous donnent des informations mais c’est compliqué, cela évolue d’un jour à l’autre. »
Comme beaucoup de Français, au-delà de l’appréhension pour cette situation inédite, Stéphanie Coussié découvre le calme. Elle se rend tout de même plusieurs fois par semaine à son bureau, pour mettre à jour les dossiers des salariés et ceux des clients. Mais la jeune patronne prend du temps pour elle, ce qu’elle n’a pas vraiment eu l’occasion de faire ces dernières années, la faute à une ascension fulgurante qui l’étonne elle-même. Il y a une dizaine d’années, c’était plutôt mal parti, avec une mauvaise orientation. « Je voulais être dans les Douanes, il fallait faire du droit pour ça. Mais ça n’a pas fonctionné, j’ai décroché avec la fac, ce n’est pas assez concret pour moi. » La future dirigeante de l’agence O2 de Montauban termine à peine le premier semestre de la première année, et à 19 ans, en 2009, elle se met à chercher du travail « pour ne pas rester sans rien faire ».
Rapidement, elle est recrutée par une agence O2, basée à Toulouse. Ce groupe est spécialisé dans l’aide à domicile. Stéphanie Coussié, qui a déjà bossé pour une association d’accompagnement des personnes handicapées devient assistante ménagère. « Je gardais des enfants et je faisais des prestations de ménage. Aider les autres, c’est un travail qui a du sens pour moi. Et cette expérience a cassé positivement l’image que j’avais du métier. Mes amis me disaient : “c’est de l’alimentaire, c’est du provisoire, c’est du temps partiel”, mais en fait, j’étais aux 35 heures, c’était un vrai travail. »
En parallèle de son activité, elle accomplit les démarches pour devenir ambulancière. Mais au bout d’un an, l’agence O2 pour laquelle elle travaille lui propose un poste d’assistante d’agence. « C’est la personne qui est en contact avec les clients, avec les intervenants, qui fait les plannings et le recrutement. J’appréhendais ce travail de bureau. En fait, ça peut être très stressant ! » Stéphanie Coussié n’a que 20 ans, et déjà des responsabilités. Les débuts ne sont pas évidents. « Je manageais des équipes avec des personnes qui avaient le double de mon âge. Mais comme je venais du terrain, cela m’a aidé, je pouvais leur dire que je connaissais leur métier. »
En dehors du secteur d’activité, l’aide à la personne, qui correspond aux valeurs de la jeune femme, les possibilités d’évolution l’intéressent : elle veut devenir responsable d’agence. Elle se fait les dents en tant qu’assistante pendant près de trois ans, apprend beaucoup, notamment le droit du travail. Mais pour diriger une antenne, il faut passer par le poste de chargée de clientèle, qui inclut une partie commerciale. Ce qui n’est pas son dada. « Finalement ça s’est bien passé. Là encore je connaissais le terrain, je savais ce que je vendais. »
Mais Stéphanie Coussié vise plus haut. « Je maîtrisais le poste, et j’avais envie d’en apprendre davantage. » Fin 2013, soit six mois après avoir pris ses nouvelles fonctions, elle bascule sur une charge intermédiaire avec un objectif : devenir responsable de secteur. Et à la mi- 2014, alors qu’elle vient de souffler ses 25 bougies, la future chef d’entreprise obtient la direction de l’agence O2 de Toulouse Nord.
« Ce n’était pas facile, j’ai repris une agence dans laquelle cela ne se passait pas très bien. J’ai dû beaucoup travailler pour remettre l’agence à flot, c’était une bonne école. » En 2016, Stéphanie Coussié commence à avoir envie d’évoluer à nouveau. « J’adorais ce que je faisais mais en étant salariée j’arrivais aux limites en termes de gestion. Je ne savais pas, par exemple, combien coûtait le local dans lequel je travaillais : je n’avais pas une vue d’ensemble, il me manquait quelque chose. J’avais envie de gérer une agence de A à Z. »
Ce besoin de franchir une étape professionnelle s’accompagne d’une volonté de changer d’air et de quitter l’agitation de la métropole toulousaine. Elle veut rester dans la région et fait le choix d’une meilleure qualité de vie. Ce sera donc Montauban, la ville qui lui plaît le plus autour de la capitale occitane. En janvier 2016, Stéphanie Coussié réalise l’un de ses rêves et ouvre son agence, sous franchise O2.
Seule au départ, la jeune chef d’entreprise est au four et au moulin. Elle apprend à gérer une société, s’occupe du développement commercial et du recrutement. Si l’activité démarre doucement les premiers mois, l’agence O2 de Montauban change de braquet chaque année, et en quatre ans à peine, elle compte 24 salariés. Une belle réussite. Qu’en est-il aujourd’hui de cette envie d’en avoir toujours plus ? « Je suis passée par plusieurs étapes en quatre ans, donc je n’ai pas l’impression de stagner. J’ai envie de continuer à développer l’activité de l’agence. »
