La ressource, priorité de Suez en 2019

Une vue du chantier de l’usine d’ultra-filtration de Morceuil, à l’entrée de Dijon. Le traitement de l’eau potable mobilise désormais cinq usines sur la métropole dijonnaise.

La gestion de l’eau implique pour l’opérateur la mise en place de stratégies toujours plus fines en Bourgogne Franche-Comté. Pour 2019, l’entreprise va aussi faire porter ses efforts sur les métiers du traitement des déchets et poursuivre une politique RH très volontariste.

Ça n’était encore jamais arrivé : en octobre dernier, Suez a dû faire livrer, plusieurs jours durant, de l’eau, par camions-citernes, dans la région de Morteau, dans le Haut-Doubs. Il s’agissait de faire face à une raréfaction inédite dans son ampleur, de la ressource en eau, liée à la sécheresse. Un épisode qui a marqué les esprits et qui demeure l’un des faits saillants de l’année 2018 pour l’opérateur. Cette question de la ressource, chez Suez, on est désormais conscient qu’on ne peut plus l’aborder sous un angle purement conjoncturel. L’entreprise doit mettre en place des outils de gestion permettant de faire face à une problématique devenue quasi-structurelle.

« Nous menons désormais sur cette question des réflexions en fonction des différents contextes locaux, souligne Marc Bonnieux, directeur régional Suez. Cela peut se traduire, comme à Morteau, par la réalisation d’un nouveau puits, ou encore, ailleurs, par des travaux d’interconnection avec d’autres réseaux mais il faut aussi des évolutions au niveau des habitudes de consommation et, sur un plan technologique, nous favorisons l’installation de compteurs d’eau communicants : en Bourgogne Franche-Comté, un compteur sur cinq est de ce type. Nous pratiquons de la télé-relève à Chalon-sur-Saône, Dole ou Tonnerre ». Par ailleurs, et dans le prolongement de l’inauguration, début octobre 2018, de la nouvelle direction régionale Grand Est, basée à Dijon, un centre baptisé Visio permet désormais de contrôler l’état et le fonctionnement de 4.500 sites gérés par Suez (26.000 kilomètres de réseaux, réservoirs, égouts). Une hotline dédiée aux collectivités, accessibles sept jours sur sept, de sept heures à 21 heures, a été récemment mise en place. Autant de moyens destinés à lutter contre les pertes d’eau ou les consommations excessives.

« Le rendement sur le réseau dijonnais, souligne Marc Bonnieux, est de 85 % et au cours des trois dernières années, par nos outils, nous sommes parvenus à économiser un million de mètres cubes. D’autre part nous menons l’action “Bien vivre dans son logement” en partenariat avec le Point information médiation multi-services (Pimms) de Dijon dans l’accompagnement de publics fragiles. Cela concerne 7.000 foyers. Nous fournissons des systèmes de réduction de débit d’eau et par des gestes simples, on peut parvenir à économiser 150 euros par an et par foyer». Dans cette même logique d’amélioration de la gestion de l’eau, 2019 va voir, au printemps, le démarrage de l’usine d’ultra-filtration de Morceuil, qui aura nécessité un investissement de cinq millions d’euros.

BAISSE DES VALEURS, TRI PLUS FIN

Sur l’autre grand secteur d’intervention de Suez (les déchets), 2018 n’aura pas été une année facile, marquée notamment par une surabondance de papier et carton, conséquence de tensions économiques avec la Chine qui, habituellement, en absorbait une grosse part. « Des stocks se sont créés sur les centres de tri, explique Delphine Perrot, directrice Recyclage et Valorisation, ce qui entraîne des chutes de recettes sur la revente matière. On a toutefois vu un léger redémarrage sur le second semestre 2018 et les valeurs de rachat ont légèrement augmenté ». Dans le domaine du recyclage du verre, Suez a multiplié l’installation de bulles de collecte sur Dijon Métropole (260 aujourd’hui) et l’entreprise accompagne la collectivité afin d’équiper ces bulles de sondes permettant de connaître leur niveau de remplissage, et donc d’optimiser les passages des véhicules en charge de la collecte. Au- delà de ces aspects, Suez veut accélérer sur la transition énergétique, à travers, notamment, la méthanisation de boues de stations d’épuration. En 2018, deux méthaniseurs ont été construits, qui permettent de réinjecter du biogaz dans le réseau de chauffage de Besançon.

ACCOMPAGNEMENT DES COLLECTIVITÉS

Dernièrement, à Sauvigny-le-Bois, dans l’Yonne, près d’ Avallon, c’est un moteur de valorisation de biogaz qui a été inauguré, permettant de fournir en énergie l’équivalent de la consommation annuelle de 3.800 personnes. Deux mille dix-neuf pourrait voir émerger d’autres projets, sur Dijon, cette fois-ci, au-delà des simples boues

de méthanisation. L’année qui débute verra aussi l’inauguration d’un parc photovoltaïque, conçu en partenariat avec Engie Green sur le site d’enfouissement de déchets de Drambon, en Côte-d’Or, dimensionné pour satisfaire la consommation annuelle de 6.000 personnes. Enfin, Suez veut aussi renforcer l’accompagnement des collectivités dans les problématiques de tri de déchets. En effet, à l’horizon 2022, la législation sur le tri des matières plastiques deviendra plus contraignante et imposera des pratiques plus « fines ». Sur ce point, Suez peut déjà s’appuyer sur l’expertise développée avec son centre de tri spécifique de Limeil Brévanes, dans leVal-de-Marne.

Des choix forts en RH

Avec 1.200 salariés (dont 500 sur la métropole dijonnaise) dans ses différents métiers (recyclage, valorisation des déchets, gestion de l’eau, consulting) Suez est un employeur de poids en Bourgogne Franche-Comté. L’entreprise poursuit une politique constante de recrutements. En 2018, rien que sur les métiers de l’eau, plus de 100 personnes ont été recrutées régionalement. Il y a également au sein de Suez une attention réelle portée à la formation en alternance : elle représente 5 % de l’effectif total. L’entreprise fait, par ailleurs, preuve d’une implication réelle dans le domaine de l’insertion, via un dispositif nommé Dieze. La 45.000e heure d’insertion grâce à ce dispositif a été célébrée à Dijon en décembre dernier. Suez revendique également une certification OHSAS 18.001 (Système de management de la santé et de la sécurité au travail) et, fin janvier, les services en charge de la collecte des déchets ont célébré une année entière sans accident. Dans son approche, Suez cherche à faire progresser la fonction de gardien de déchetterie en rappelant ses multiples missions : piloter la planification des enlèvements de bennes, répondre aux questions des usagers sur le recyclage des matières… « Nos gardiens, souligne Delphine Perrot, directrice Recyclage et Valorisation, sont équipés de modules connectés leur permettant de faire du reporting. Cela peut permettre d’anticiper le trafic dans les déchetteries et de gagner en optimisation et en efficacité ».