« La reprise industrielle devra être forte »

Alors que l’industrie a été touchée, plus ou moins lourdement selon le secteur, par la crise sanitaire, la reprise va entraîner un certain nombre d’évolutions et de transformations, ainsi que son lot de reconsidération pour limiter au maximum la crise économique.

C’est un avenir qui repose sur de nombreux critères que Philippe Guerit, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) de Côte-d’Or, travaille à imaginer et à penser depuis le début de cette crise sanitaire. « Évidemment, les premiers jours ont été compliqués et tout le monde se cherchait. Toutefois, les mesures rapides que le gouvernement a prises pour soutenir les entreprises ont été très efficaces et salutaires, pour éviter un mouvement de panique où tout chef d’entreprise aurait pu prendre des décisions trop rapides de licenciement ou encore de fermeture », confie-t-il. Si un peu plus de la moitié (57 %) des entreprises adhérentes à l’UIMM 21 sont restées ouvertes durant les deux mois de confinement, le déconfinement, aussi progressif soit-il, a débuté le 11 mai. « Pratiquement toutes les entreprises ont repris plus ou moins leur activité en fonction des commandes, mais tout se passe bien parce que nous avons eu beaucoup de temps, pendant ces deux derniers mois, pour mettre en place les mesures sanitaires et préparer un plan de reprise, en lien avec les organisations patronales et syndicales, détaille Philippe Guerit après une semaine de déconfinement. Maintenant, il faut vraiment que ça accélère. La seule et unique issue c’est que l’activité reparte pour minimiser la catastrophe économique ». En effet, alors que l’industrie représentait, il y a encore 20 ans, 25% du PIB de la France – au même taux que l’Allemagne -, elle n’est plus qu’à 16 % et le président de l’UIMM 21 craint l’impact que pourrait avoir une seconde vague sur le marché français et les pertes de part de marché à l’international.

UN PLAN DE RELANCE POUR SEPTEMBRE

« Le gouvernement a annoncé un plan de relance pour le mois de septembre qui est en train de se préparer, avec l’aide de toutes les filières », explique le président de l’UIMM 21 qui a justement été nommé à la présidence nationale d’une commission du développement industriel. « La transition énergétique et la décarbonation vont de fait être des leviers de cette relance industrielle. Mais après, il va aussi falloir mettre en place une certaine solidarité entre industriels du territoire pour arriver à jouer collectif et ainsi s’en sortir tous ensemble. Finalement, une nouvelle souveraineté nationale. » Plusieurs axes de travail sont ainsi à l’étude tels que la démocratisation d’un droit à l’expérimentation. « Le télétravail a été obligatoire durant toute cette période pour quelque cinq millions de salariés et finalement, d’après un récent sondage réalisé par OpinionWay, 80 % des salariés sont satisfait (70 % chez les patrons) et 78 % souhaiteraient continuer », observe Philippe Guerit. Pour lui, demain, l’accent devra être aussi mis sur la formation. « On va se trouver dans une période avec des licenciements et peu d’embauches. Il faut qu’on fasse des plans pour aider l’embauche des jeunes pour aussi sauver les centres d’apprentissages. »

Si cette crise sanitaire a permis de prouver, si cela devait l’être, que l’industrie était une grande chaîne et qu’aucun ne pouvait continuer si l’autre arrêtait, Le président de l’UIMM 21 évoque la possibilité de créer « une plateforme de prêt de personnel d’une entreprise à une autre pour éviter du chômage alors qu’une entreprise pourrait, à côté, avoir un besoin ponctuel de main-d’œuvre ».