La renaissance du textile aubois est engagée

Les métiers circulaires utilisés pour le tricotage de la maille sont une des spécificités et des forces de la filière auboise.

Un Pôle d’Excellence de la Maille 4.03 avec les acteurs de la filière et les collectivités pour saisir les opportunités de l’après-Covid 19.

La crise sanitaire aura joué un rôle d’accélérateur sur ce dossier qui était en préparation depuis quelque temps. Le digital, la relocalisation industrielle, le développement durable, l’organisation agile de l’entreprise sont autant de thématiques plus que jamais d’actualité. La filière textile auboise, forte de plus de 3 000 emplois dans une centaine d’entreprises, a conservé ses savoir-faire, du tricotage à la logistique, en passant par la R&D et la formation, et constitue un écosystème complet unique en France. Un atout à valoriser au moment où l’engouement pour les productions « made in France » est grandissant. À l’initiative de Petit Bateau, un collectif s’est organisé pour repenser la filière locale, porté par Business Sud Champagne, l’agence de développement économique Aube et Haute-Marne. Les acteurs de la profession en font partie à travers l’Union des industries textiles (UIT), l’IFTH (Institut français du Textile-Habillement), ainsi que ceux de la recherche et innovation comme l’ISIFT, l’UTT, le Pôle Européen du Chanvre, Y Schools, Grand E-nov, la Technopole de l’Aube, sans oublier les institutionnels comme Troyes Champagne Métropole, la Région Grand Est et la CCI de Troyes et Aube. Ce collectif a donné naissance au Pôle d’Excellence de la Maille 4.03, dont les objectifs s’articulent autour de cinq enjeux. Le premier porte sur l’innovation, et vise à amplifier la capacité d’innovation textile en organisant les compétences industrielles, de R&D et de formation. L’idée est de constituer un véritable « campus d’open innovation textile », lieu d’échanges dédié au textile, de transfert de technologie, d’accompagnement de projets de R&D. Dans ce cadre est prévue la création d’un incubateur dédié au textile, avec de jeunes marques françaises, des stylistes et des start-up technologiques.

INNOVER ET RÉIMPLANTER

Le second enjeu est de favoriser la démarche d’éco-responsabilité des entreprises locales en mettant en avant des ressources naturelles régionales telles que le chanvre, mais aussi en innovant avec de nouveaux procédés de teintures naturelles et autour du thème du recyclage des produits. Le troisième axe du Pôle sera d’aider la filière textile auboise à devenir une industrie 4.0. Un enjeu industriel fort puisque en se modernisant tant sur le plan industriel que commercial et logistique, la filière régionale attirera davantage les grandes marques d’habillement en quête de relocalisation de leur production. Le pôle Maille 4.03 peut s’appuyer aussi sur l’Institut Services et Industries du Futur de Troyes (ISIFT) et sur les moyens déployés par la Région Grand Est dans le cadre sa politique « Industrie 4.0 ». L’objectif est aussi de réimplanter sur le territoire des marques nationales et internationales qui ont eu, par le passé, des liens avec l’industrie auboise. Dans le même esprit, la filière offre des solutions aux marques, de plus en plus nombreuses, à lancer des « collections capsule » made in France. Ce Pôle sera lancé officiellement lors du CITEXT, une convention d’affaires réunissant utilisateurs et producteurs de solutions textiles, qui se déroulera à Troyes les 23 et 24 septembre. De plus, les marques locales du Sud Champagne seront, pour la seconde année consécutive, représentées au salon du made in France, le MIF Expo, du 6 au 8 novembre 2020 à Paris sur un espace collectif porté par Business Sud Champagne.« Il faut redonner de la visibilité au textile aubois, et c’est pourquoi l’une des premières actions de Business Sud Champagne avait été d’emmener plusieurs jeunes marques auboises au salon du Made in France. Il y a un véritable intérêt des consommateurs pour les fabrications françaises et la filière textile auboise, qui possède un savoir-faire complet, doit faire valoir ses atouts », souligne Valérie Schwarz, directrice de Business Sud Champagne. « Je crois que tout cela va plus loin que la réindustrialisation, dans le cas du textile aubois il est plutôt question d’une renaissance », conclut-elle.