La Région valorise les métiers d’arts

Cœur de cristal, de la cristallerie Baccarat. (Droits réservés)

La Région Grand Est engage une politique en faveur de la promotion et de la valorisation des métiers d’art. C’est dans cette optique qu’elle a saisi le Conseil Economique Social et Environnemental sur le thème « Le patrimoine immatériel, facteur de développement social et économique des territoires ».

Le patrimoine culturel immatériel (PCI), notion récente prise en compte par l’UNESCO en 2003, recense les pratiques, les représentations, les expressions, les connaissances et savoir-faire, les instruments et objets, artefacts et espaces culturels, les communautés et les groupes faisant partie du patrimoine non physique (monuments historiques, châteaux, églises, musée…). Peuvent ainsi appartenir au PCI des savoir- faire dans les métiers d’art, des fêtes ou des pratiques rituelles. Connaître et valoriser ce pan du patrimoine présente des intérêts certains : témoignage des pratiques populaires, renforcement des cohésions sociales, développement et attractivité des territoires, lien entre tradition et modernité, promotion d’une économie dédiée au travers des répertoires comme celui des entreprises du patrimoine vivant.

La compétence en matière d’inventaire du patrimoine est transférée aux conseils régionaux depuis 2007, celle concernant plus directement le PCI l’est depuis 2016, date à laquelle la Région Grand Est s’est dotée d’un dispositif de soutien. Il appartient donc aux Régions de recenser, d’étudier et de valoriser leur patrimoine culturel immatériel. Cette mission est relayée par des partenaires locaux comme les parcs naturels régionaux, les musées d’art et de tradition populaires ou encore les associations et offices porteurs des savoir-faire et de la mémoire collective locale.

125 ENTREPRISES DU PATRIMOINE VIVANT

Dans l’inventaire du Ministère de la Culture figurent notamment pour le Grand Est la fabrication des carcasses de siège à Liffol-le-Grand, dans les Vosges, les cristalliers de Daum, en Meurthe-et-Moselle, les émaux de Longwy, le damassage de Jean-Louis Hurlin en Moselle, le trait de charpente à la française comme il se pratique à Ruvigny dans l’Aube, les gestes des métiers d’art verriers, illustrés par les cristalleries de Baccarat ou de Saint-Louis, en Lorraine, le Grand Pardon de Chaumont, les fêtes de la Saint-Nicolas de Nancy…

Les 125 entreprises du patrimoine vivant (EPV) actives dans le Grand Est, dont 32 sur le territoire champardennais, emploient environ 5 000 personnes et participent pleinement au développement économique, notamment au tourisme, et à la renommée de la région. Des manufactures d’exception et des ateliers d’art travaillent à la création, au maintien de la tradition et à la restauration du patrimoine régional. Plus de 1 000 personnes sont chaque année en formation aux métiers d’art dans les 65 établissements qui accueillent des élèves, des apprentis et des étudiants.

DES FORMATIONS PRESTIGIEUSES

Dans ce domaine de la formation, la région compte des établissements prestigieux autour de la lutherie à Mirecourt, de la vannerie à Fayl-Billot, de la broderie à Lunéville, de la facture d’orgues à Eschau, de l’ameublement bois et décoration à Liffol-Neufchâteau, des arts verriers à Vannes-le-Châtel, de la taille et de la sculpture sur pierre à Remiremont, sans oublier l’Ecole Supérieure des Arts de la Marionnette à Charleville-Mézières.

La politique du Conseil régional, en partenariat avec la Chambre régionale des métiers et d’artisanat, la Fédération régionale des métiers d’art d’Alsace et les associations de professionnels, vise à informer, évaluer et orienter sur les besoins en formation, à identifier les professionnels, à aider le développement des ateliers de production, à accompagner les projets locaux émanant des privés et des collectivités et à valoriser les métiers d’art vis-à-vis du grand public.

2 000 ARTISANS D’ART

L’enjeu intéresse une filière qui regroupe 2 000 artisans d’art, 150 métiers, 2 500 ateliers et manufactures et 50 centres de formation dans l’ameublement et la décoration, la céramique, la facture instrumentale, la mode et le textile, la pierre et le métal, le verre et le cristal, la vannerie, le graphisme et l’impression…

Au terme de son rapport, le CESER Grand Est suggère à l’ensemble des acteurs du PCI de renforcer la mise en réseau via un coordinateur renforçant l’équipe de l’inventaire PCI, de faciliter cette mise en réseau à partir d’une plateforme collaborative et de rendre plus lisible les supports multimédia, notamment en matière de fiche d’identité des acteurs.

Le CESER suggère à la Région d’inciter les actions exemplaires à être présentes dans l’inventaire PCI, avec une bonne représentation des différents domaines et une équité territoriale, de faire évoluer les dispositifs existants afin de mieux prendre en compte les volets touchant à la cohésion sociale, à l’attractivité et au développement économique.

Le CESER met en garde les acteurs du PCI, dans l’accompagnement ou la valorisation de projets, contre les dérives identitaires porteuses d’exclusion sociale et contre une stricte marchandisation ou une simple folklorisation. Il suggère également de considérer que le PCI Grand Est ne peut fonder ni une identité unique ni une culture commune. Le CESER estime que le PCI figure comme une information propice au développement touristique, thématique ou évènementielle. Enfin, il suggère la mise en place d’un CFA régional des métiers d’art et des métiers rares.

Apprentis luthiers travaillant sur un patron de violon, en DMA (Diplôme Métiers d'Arts). (Droits réservés)

Travail du cristal et du verre. (Droits réservés)