Après s’être attelée à la gestion d’un centre équestre pendant près de quinze ans, l’Auboise a radicalement changé de voie en créant Cake Comedy by Caro, une entreprise de pâtisserie.
Son parcours professionnel semblait tout tracé : « Mon père était militaire de carrière. C’est un passionné de chevaux et une fois à la retraite, il a ouvert en 1990 une ferme équestre dans les Vosges, dont l’activité tournait autour de la location d’équidés pour les balades et l’accueil d’enfants en gîte. J’avais alors huit ans. J’ai passé mon Galop 7 d’équitation à 12 ans. Cela me permettait d’emmener des gens en promenade », relate Caroline Schneider. Elle garde en outre le souvenir d’avoir connu de grandes joies avec la ponette qu’elle partageait avec son frère Antony, lors de nombreux concours. Elle s’est ainsi tout naturellement dirigée vers un BEPA hippique, option cheval, à la Maison Familiale Rurale de Ramonchamp. À vingt ans, avec en poche un BAC production cheval, équitation, elle obtient également son diplôme de monitrice.
ARRIVÉE DANS L’AUBE
« Nous avons alors cherché à acquérir nos propres installations mais les propriétaires de la ferme ne voulant pas vendre, nous avons acheté le centre équestre des Bordes Aumont, près de Troyes », explique la dynamique cavalière. « Pendant treize ans, mon père, ma mère, mon frère et moi avons géré ensemble les écuries de Métendal », fait-elle valoir, tout en évoquant au passage les difficultés engendrées : « Nous avons tous un caractère fort ». C’est à la trentaine que Caroline ressentira le besoin de prendre son envol. « Je suis partie fin 2012… J’étais enceinte de mon garçon, cela a été le déclencheur », analyse-t-elle.
Après la naissance de Paul, en mai 2013, elle est embauchée en CDI au centre équestre de Lagesse. « J’étais monitrice et je m’occupais des chevaux. Cela me plaisait, mais quand on a toujours travaillé pour soi, c’est difficile en tant que salariée, même si l’on s’entend bien avec son patron. De plus, mon fils allait rentrer à l’école…Et j’avais fait le tour des chevaux. Au bout de trois ans, j’ai pris ma décision d’arrêter », se souvient la passionnée.
DE L’ÉQUITATION À LA PÂTISSERIE
« Mais je ne savais pas quoi faire », lance-t-elle. Ayant depuis toujours cultivé son gout pour la création, elle savait cependant que seule une passion pouvait la motiver. « C’est le long de la carrière où évoluent les chevaux, en discutant avec Christelle, une amie, que j’ai découvert le blog « C’est ma fournée », qui donne envie de faire des gâteaux », raconte l’ancienne monitrice d’équitation. Toutes deux se prendront au jeu en créant de nombreux gâteaux : « Comme je suis quelqu’un de passionné, cela a vite pris des proportions énormes. J’ai fini par me renseigner pour me reconvertir. Et dire qu’avant cela, je n’avais jamais fait de pâtisserie ». Pour comprendre la fulgurante ascension d’une personne pour qui un simple gâteau au yaourt représentait un réel challenge, il suffit d’écouter son entourage. « Quand elle est motivée, Caroline réussit tout ce qu’elle entreprend », dit d’elle son frère, par exemple.
UN PARCOURS DE BATTANTE
Il lui aura fallu une bonne dose d’énergie pour ne pas se décourager au premier obstacle : « J’ai commencé par rater la rentrée d’une session pour préparer le CAP de pâtisserie, à trois jours près ». Mais au lieu de « perdre un an », Caroline mettra à profit l’année 2016 pour faire des stages. Elle commencera par passer une semaine à « l’Espace SucréChocolat », chez Florent Sourice à Creney. Puis une autre au sein de la boulangerie-pâtisserie « Aux Délices de Chloé », chez Daniel Jacinto à Virey-sous-Bar. « Lorsque l’on souhaite se reconvertir à 35 ans, c’est assez difficile d’avoir une place comme stagiaire. Grâce à une connaissance, j’ai pu entrer une semaine chez Pascal Caffet », se félicite Caroline Schneider. Elle travaillera ensuite comme petite main, ce qui lui permettra de voir également la pâtisserie en industrie. Armée pour la reconversion, elle fera ainsi partie des rares élus à pouvoir entrer au CFA de Pont-Sainte-Marie. « Le fait d’avoir déjà mes lieux de stages m’a aidée à être sélectionnée. J’ai fait mon premier stage de la formation chez Pascal Caffet. C’était très intéressant mais très difficile. Sans compter le fait que ce n’est pas évident de se lever à quatre heures du matin, quand on n’est pas du matin ! », sourit-elle. Lors de son deuxième stage, c’est chez Marine et Pierre Le Vaudel au L’Pand’Or, à Saint-Julien-les-Villas, qu’elle parfait sa formation, dans les domaines de la pâtisserie et du chocolat. Avec en poche son CAP, elle crée en août 2018 son entreprise de pâtisserie Cake Comedy by Caro.
CRÉER ET DÉCORER
« Avec une prédilection pour les entremets, créer et décorer sont mes grandes passions. J’aime m’inspirer des plus grands», souligne la jeune chef d’entreprise. Spécialisée dans la pâtisserie sur-mesure, qu’elle réalise pour les anniversaires et les mariages notamment, l’Auboise assure également à Paris des prestations de services pour les traiteurs. Une façon aussi d’élargir ses connaissances, en plus de réaliser des mignardises… « J’aimerais me spécialiser dans les pièces montées », affirme-t-elle.
« Mes clients me disent qu’en plus c’est bon » : outre les réseaux sociaux, dont Facebook et Instagram, Caroline peut compter sur le bouche à oreille. Elle projette aussi de donner des cours – pas étonnant quand on a la fibre de l’enseignement chevillée au corps. Créer des ateliers pour enfants fait également partie de ses projets.
Même si l’équitation lui manque un peu, Caroline ne regrette pas d’avoir franchi le pas de la reconversion. Grâce au soutien de Julien, son conjoint, elle apprécie aujourd’hui pleinement ce sentiment d’avoir, pour la première fois, choisi ce qu’elle voulait faire. Cerise sur le gâteau, elle vient de se voir décerner un des six Trophées 2019 de l’artisanat au féminin de la Chambre de métiers de l’Aube.
