La recette délicate du succès en Haute-Ariège

STÉPHANE MEURISSE / ADT09

Comment entretenir l’attractivité des stations, activité vitale pour ces vallées souvent pauvres ?

S’il est dans l’année une saison-clé pour la Haute-Ariège, c’est bien évidemment l’hiver! Pour preuve: lors de la saison de l’an passé, pendant quatre mois, les stations de ski du territoire ont réalisé un chiffre d’affaires de 10 M€ ; Ax-3-Domaines devrait ainsi voir défiler 380 000 journées skieurs, tandis que les cinq autres gérées par la Communauté de communes de la Haute-Ariège (Ascou-Pailheres, Mijanès-Donezan, Goulier-Neige, Beille et Chioula), 140 000. Alors certes, reconnaît le président de l’Agence de développement touristique d’Ariège-Pyrénées et ancien président du conseil départemental de l’Ariège Henri Nayrou, « nous ne sommes pas les plus puissants d’Europe, ni en France, ni dans les Pyrénées ! Mais cela représente quand même 450 emplois et, selon une étude que nous avions fait réaliser, pour un euro investi, il y a huit euros de retombées sur tout le territoire ». Pour les hôteliers, cela représente par exemple « un million de nuitées entre décembre et mars ». Surtout, le ski représente une activité vitale pour nombre de petites stations, à l’image de « Goulier-Neige et de Mijanès- Donezan, qui ne sont pas très connues mais qui maintiennent la vie dans des fonds de vallée », appuie Henri Nayrou. Avant de rappeler un proverbe local : « mon verre est petit, mais au moins je bois dans mon verre »...

CAMPAGNE DE PUB EN OCCITANIE

« Notre bassin de clientèle, c’est à 60 % la région Occitanie, et dans ce chiffre, plus de 50 % de nos clients viennent de Haute-Garonne », souligne pour sa part Véronique Hoscheid, responsable de la communication de l’Agence de développement touristique d’Ariège-Pyrénées. C’est pourquoi l’organisme a décidé de lancer une vaste campagne de promotion de sa destination à travers six visuels qui seront déployés à Toulouse et à Montpellier, ainsi qu’à Bordeaux, sur les tramways, les panneaux publicitaires et sous forme numérique. Et ce, afin « de travailler notre image et notre notoriété sur le thème de la liberté, en invitant les citoyens à se déconnecter, et à se reconnecter avec eux- mêmes » grâce aux activités que proposent les stations ariégeoises : ski à bosses, luge, ski alpin, fat bike…« le tout sur un ton décalé ».

UNE NOUVELLE VOIE VERS AX… UN JOUR PEUT-ÊTRE

Une manière d’entretenir l’attractivité de la Haute-Ariège et, qui sait, d’attirer plus de clients face à des concurrents de plus grand gabarit comme N’Py ou Altiservice, en jouant sur l’image de proximité et d’authenticité des stations de la Haute-Ariège. Mais pour attirer le chaland, encore faut-il lui permettre de venir ! Car comme ne se sont pas privés de le rappeler Henri Nayrou et les responsables des stations venus présenter leurs nouveautés, l’accessibilité, particulièrement en voiture, pose toujours problème. À commencer par « le nœud gordien » que constitue la route qui mène de Tarascon à Ax-3-Domaines. « Ax reste la station de ski la plus proche de Toulouse, ce qui était son plus gros avantage au départ et c’est ce qui lui a permis de se développer », rappelle le président de l’Agence de développement touristique. Mais, du fait de son succès, « il y a toujours des bouchons interminables qui incitent, hélas, parfois à faire demi-tour ! » Profitant de la présence du président de la République qui se rendait en Andorre en septembre, Henri Nayrou s’est vu promettre de « faire activer le Contrat de plan État-région – qui est prévu pour 2020, mais qui à mon avis aura un peu de retard » du fait de l’ampleur du financement envisagé : 120 M€, « ce qui ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval ! », sourit Henri Nayrou, qui s’attend à « une grosse partie de bras de fer avec l’État ». L’enjeu ? « Faire sauter le verrou de Tarascon » grâce à un contournement par un tunnel passant au-dessus de Quié, ce qui permettra de décongestionner le centre-ville. Un projet qui, reconnaît Henri Nayrou, « devait déjà être fait il y a sept ou huit ans ». En attendant, il y a une solution, estime Cyril Bardin, le responsable de la communication d’Ax-3-Domaines : « c’est d’utiliser les transports collectifs ! »