Le PDG de La Poste, Philippe Wahl, dans la Marne pour détailler le plan de redéploiement des services.
Depuis le début de la crise sanitaire, Philippe Wahl consacre tous ses vendredis à la rencontre, sur le terrain, de postiers et d’élus locaux. Pour le PDG de La Poste l’objectif est d’échanger sur l’évolution de la situation, mais aussi de rassurer. « Au début, nous avons volontairement mis en place un service réduit afin de pouvoir gérer la crise dans la durée », explique Philippe Wahl qui est venu dans la Marne rencontrer des agents de La Poste, notamment à la plateforme industrielle courrier de Saint-Gibrien, près de Chalons-en-Champagne ou encore dans le petit bureau de poste de Fère-en-Tardenois. Une nouvelle organisation a été mise en place dans les bureaux de poste restés ouverts, avec deux équipes d’agents qui ne se croisent pas, afin d’éviter la fermeture en cas d’infection. Dans cette première phase, le réseau national de La Poste s’est réduit passant de 8 000 à 1 600 bureaux ouverts, et les tournées des facteurs concentrées sur trois jours, du mercredi au vendredi. « En concentrant nos moyens, nous avons pu répondre à l’essentiel qui était le versement des prestations sociales sur tout le territoire mais aussi la distribution du courrier et des colis dont les volumes ont augmenté certaines semaines », explique Philippe Wahl. L’orage passé, le réseau de la Poste repart à la conquête du territoire en rouvrant bureaux et points de contacts, notamment en milieu rural. « Dans la Marne, 29 bureaux de poste et 77 points de contacts sont désormais fonctionnels, ce qui représente la moitié du réseau », précise-t-il. La même proportion est constatée au niveau national avec 3 700 bureaux de poste ouverts sur 8 000, et 8 475 points de contacts sur 17 000. « Grâce à l’implication quotidienne de nos agents, nous serons à 5 000 bureaux de poste et 10 000 points de contact ouverts à fin avril », ajoute Philippe Wahl.
SERVICES RÉAMÉNAGÉS
Le rétablissement des services concerne aussi la tournée des facteurs où le passage à une quatrième journée par semaine est à l’étude. Le cas particulier des journaux quotidiens est en passe d’être résolu avec une distribution portée à cinq jours par semaine. « Tous cela se fait progressivement car nous devons déployer des organisations spécifiques, de nouveaux processus et des aménagements pour protéger tant nos agents que nos clients », poursuit le PDG de la Poste.
Par exemple, à la plateforme de Saint-Gibrien, un « drive » a été installé pour permettre aux clients de retirer un colis sans quitter leur voiture et sans contact avec les agents. Dans les bureaux de poste, des séparations en plastique ont pris place. Bien entendu, des masques et du gel hydro-alcoolique sont fourni aux agents. Le 9 avril dernier, le tribunal de grande instance de Paris a débouté un syndicat en estimant que les mesures de protections des salariés prises par La Poste étaient suffisantes. Un jugement favorable à la direction qui permet précisément à l’entreprise de redéployer aujourd’hui son réseau sans une épée de Damoclès sur la tête. Toutefois, il faut aussi composer sur l’absentéisme consécutif aux besoins de garde d’enfants ou encore à l’éloignement de personnes à risque sur le plan sanitaire.
Cet absentéisme atteint 20 % chez les facteurs et 30 % dans les bureaux de poste. Cette crise a permis aussi à la Poste de reconquérir des marchés sur la distribution des colis. La Redoute, privée de ses points-relais fermés pour la plupart, a confié ses envois à l’entreprise de Philippe Wahl. Un exemple qui n’est pas isolé. Pas question pour autant de trancher entre les envois relevant ou non de la notion de « première nécessité ». « C’est à nos clients de faire ce choix, notre mission étant de transporter les colis qui nous sont confiés », rappelle le PDG de La Poste.