La clinique Pasteur l’a imaginée, l’Icam l’a conçue, Solutech Industries l’a réalisée. L’innovante poignée de coude Handless, nouvelle barrière au Covid-19, prend la main sur un marché très prometteur.
Pour faire obstacle au Covid-19, en facilitant le quotidien des soignants, une idée simple est née au sein de la clinique Pasteur de Toulouse : disposer d’un système pratique pour ouvrir (des centaines de fois par jour) les portes sans les mains.
La clinique contacte l’Institut catholique d’arts et métiers (Icam), qui accepte de relever le défi. Dès la mi-avril, le chef de projet, Éric Loupiac et son équipe de futurs ingénieurs fabriquent les premières poignées de coude sur leurs imprimantes 3D. Faciles à fixer, simples à utiliser.
Reste à trouver un partenaire industriel disposant d’un outil de production en état de marche. Pas évident en cette période de chômage partiel généralisé. Éric Loupiac repère, par hasard, sur un annuaire d’entreprises, la société Solutech Industries, une société dynamique aux compétences multiples et pointues en mécanique de précision.
Le projet séduit tout de suite Maxime Valax, le patron de Solutech Industries, PME tarnaise de 18 personnes, qui réalise un CA de 1,5 M€, fournisseur de rang 2 pour l’aéronautique, la Défense et vient d’obtenir les premières qualifications pour le spatial. L’entreprise, spécialisée dans les moules, l’usinage et les formes complexes, a vu sa production fortement freinée par la crise mais n’a pas fermé ses portes. « Nous avons voulu conserver une activité réduite, justement pour pouvoir répondre à des demandes ou des besoins urgents, se félicite Maxime Valax. C’était une prise de risque mais quand ce projet est arrivé, j’ai pu mobiliser les équipes et tout le monde est monté sur le pont pour se lancer dans cette belle aventure partenariale, technique et humaine. En trois semaines, on a défini un process, monté une ligne de production, déposé un brevet, créé une marque et un site de vente. »
ALLER VITE POUR RÉUSSIR
Le dirigeant n’hésite pas à investir en fonds propres près de 200 000 € et fin mai, les premiers « Handless » sont livrés à des hôpitaux et cliniques ou Ehpad, mais aussi à la Police, aux Douanes, à des mairies, et à des entreprises comme Michelin ou Renault. « Pour réussir, il fallait aller très vite sur le marché avec un prix ne dépassant pas 10 € à la vente. On a réussi ce petit exploit en proposant un produit 100% local. » Les premiers retours sont très bons et même l’Assemblée nationale a passé commande.
Aujourd’hui, 5 000 poignées de coude Handless sont sortis des ateliers de Roquemaure et même si la demande a un peu faibli après le confinement, le dirigeant de Solutech Industries se projette sur l’avenir avec confiance. « Handless intéresse de nombreuses professions médicales comme les dentistes ou les médecins, des entreprises de secteurs très variés, la restauration ou les établissements scolaires. Le marché offre un potentiel considérable, nous devons maintenant développer le commercial et la communication. »
Dans les cartons, une gamme de poignées de coude adaptée à diverses fonctions (pour avant-bras, portes lourdes…) et un partenariat avec la société bretonne Samcic, géant des services aux entreprises, qui intègre Handless dans son catalogue, un véritable tremplin européen pour cette innovation occitane.
